Célébration des 8 ans de Boni Yayi : prières, chants et danses pour voiler les échecs

Les huit ans de Boni Yayi au pouvoir furent habilement commémorés. Pour camoufler les échecs du moment, la machine de propagande de la Marina a jeté son dévolu sur les manifestations festives. Partout des séances de prières, des cérémonies de réjouissance populaire comme le concert qui a eu lieu hier au stade de l’amitié. 

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De quoi faire oublier aux populations les échecs du moment : le délestage, la fermeture des écoles et les nombreux scandales financiers qui ont jalonné le premier et le 2ème  quinquennat qui tire inexorablement vers sa fin. On a beaucoup prié et rendu grâce à Dieu ces derniers jours au Bénin. Comme pour respecter un mot d’ordre venu apparemment de la Marina, ministres, députés, conseillers techniques et autres caciques du régime ont commandé des messes et des prêches et des séances de prière dans presque  toutes les confessions religieuses du pays pour rendre grâce à Dieu. Lui qui aime tant notre pays au point de lui envoyer un sauveur en la personne du président Boni Yayi qui dirige le pays depuis huit ans avec beaucoup de réussite. Le discours était à la propagande pour la commémoration des huit ans de Yayi au pouvoir. La chaîne de télévision  de service public relayait systématiquement toutes ces cérémonies. Le reste des temps d’antenne était réservé pour les magazines et les émissions sur les huit  ans de gestion du pouvoir d’Etat par Boni Yayi. Il n’y avait presque aucune  marge de manœuvre pour l’opposition pour ressasser les nombreuses erreurs et les couacs de la gouvernance politique féconde dans la fabrication des crises. Tout a été si bien concocté au cours de ces jours-ci pour faire oublier aux populations, en proie à de sérieuses difficultés de la vie quotidienne, les déceptions et les points de désenchantement du moment.  Pour boucler les manifestations, un concert géant a eu lieu dimanche au stade de l’amitié en présence du Chef de l’Etat et une bonne brochette de ministres, de présidents d’institution  et de députés. Mais ce concert est symptomatique de l’improvisation qui caractérise  toutes les activités du gouvernement. Les problèmes de sonorisation, les ratés sur scène, les invitations tardives et certains artistes ont tôt fait de montrer aux populations que ce concert a été organisé dans la plus grande précipitation. Au moment où le Chef de l’Etat se régalait en présence d’une brochette d’artistes qui passaient un à un sous les feux de la rampe, les populations broyaient du noir. Mais non loin de là, dans les quartiers environnants du stade et dans une bonne partie de la ville, elles étaient en proie à un délestage sauvage. Depuis 2006,  c’est toujours les mêmes erreurs. On lance les projets, les activités dans la précipitation, souvent sans études de faisabilité avant de buter sur des obstacles et de rebrousser chemin. Ainsi se développe depuis huit ans, un grand  cimetière d’éléphants blancs. Centrale électrique de Maria Gléta(40 milliards), siège de l’Assemblée national(15 milliards), machines agricoles( plusieurs milliards),le Ramu(lancé avec beaucoup de tapage médiatique et de concerts)  sont autant  d’éléphants blancs qui meublent les huit ans de pouvoir. Pourrait-on s’attendre à mieux que cela lorsque les ministres, les conseillers techniques et les cadres de l’administration passent tout leur temps à se promener au lieu de rester dans les bureaux, de réfléchir et d’avoir le temps pour lire les dossiers et vérifier les choses. Certes, il ne s’agit pas de verser dans une bureaucratie classique pour ne jamais aller sur le terrain afin de vérifier les projets mais il faut que les responsables au sommet de l’Etat se donnent le temps nécessaire pour la lecture et la compréhension des documents, la réflexion, l’analyse et la conception. Ce temps manque cruellement aujourd’hui avec un gouvernement en perpétuel mouvement et dont les ministres passent le plus  clair de leur temps dans les tournées, les sensibilisations et les visites de terrain.

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Tintamarre de sirènes

En huit ans de pouvoir, il y a eu plus de balade que du travail. Tous les jours presque et sur toutes les voies du pays, les Béninois sont perturbés par les sirènes et les gyrophares des cortèges ministériels.  On peut donc comprendre pourquoi il y a autant d’erreurs et de ratés dans tout ce qui se fait. Mais le poisson ne pourrit que par la tête, dit-on. Si les ministres désertent les bureaux souvent pour ces balades, c’est qu’ils ont eux même pris l’exemple sur leur chef. Depuis 2006, Boni Yayi court partout.  A peine se rappelle-t-on s’il a passé deux semaines d’affilée à Cotonou sans un voyage à l’extérieur ou à l‘intérieur du pays depuis qu’il est au pouvoir. L’autre cause qui explique les nombreux échecs sous Yayi est le manque criard d’expériences politiques de la plupart des cadres promus. Ce problème est aggravé par l’incompétence technique lié à la promotion régionaliste des cadres. Sous Yayi, on attribue souvent un poste ministériel, de président d’institutions de Dg d’une société d’Etat à une commune avant de chercher le cadre qui pourrait bien l’occuper. Cette pratique renforce la mauvaise gestion puisqu’elle ne fait pas la promotion des cadres compétents. Depuis 2006, le système a ainsi fonctionné, laissant les plus médiocres à des postes de responsabilité pendant des années et excluant les plus compétents. C’est ce qui explique les départs précoces des ministres Alexandre Dossou Kpèdétin, Soulé Mana Lawani, Kessilé Tchalla, Colette Houéto, Moussa Okanla et consorts, tous des cadres émérites mais vite éjectés du gouvernement.  Pour cacher ses multiples erreurs et ses échecs répétés, le gouvernement use à fond de la propagande. Malgré tout ce qui se fait aujourd ‘hui, le Chef de l’Etat   aurait confié  récemment à Louis Michel l’ ancien commissaire chargé du développement de l’Union européenne que c’est  parce qu’il ne fait pas assez de communication sur tout ce qu’il fait qu’on croit qu’il fait peu. Bien surprenant n’est-ce pas ?  

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