Les conseils des ministres de l’ère Yayi : entre innovations et incongruités

Sous le président Yayi, les conseils des ministres se suivent et se ressemblent avec des incongruités jamais observées auparavant, en terme de publication des communiqués sanctionnant les séances , en terme de durée et de fréquence  des séances et même de la composition de ses membres.

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Le dernier conseil des ministres en date est une illustration des dysfonctionnements au sommet de l’Etat. Un conseil des ministres s’est bien tenu dans la journée de mercredi dernier au Palais de la Présidence de la République. Deux décisions importantes y avaient été prises, placardées en manchette par l’ensemble des journaux parus  le jeudi 27 mars  dernier. Seulement voilà !Le communiqué  habituel généralement rendu public à l’issue du conseil des ministres n’était pas disponible à l’heure où tous les journaux bouclaient mercredi dernier. Qu’à cela ne tienne ! La source de l’information paraissait crédible .Le gouvernement, en l’absence du communiqué habituel avait lui-même organisé la fuite pour les besoins de la cause. Mais chose curieuse, le communiqué attendu n’était toujours pas disponible ce jeudi 27 mars, plus de 24h après la tenue du conseil, à l’heure où nous bouclions l’édition du vendredi .Il ne l’était toujours pas sur le  tout nouveau site du tout nouveau secrétaire général du gouvernement tout le weekend. Il a fallu attendre la fin du journal télévisé de 20h le vendredi pour en écouter la diffusion sur la chaîne nationale. L’ensemble des quotidiens le publiera certainement ce jour, soit plus de 04 jours après la tenue du conseil. Ainsi va le pays depuis l’avènement du régime du changement-refondation !

     Pourtant ce sont les deux décisions annoncées par la presse   qui ont fait l’objet d’une importante conférence de presse du ministre chargé des communications, annoncée la veille par ses services compétents. Du jamais vu ! Pourtant,  les journalistes ont été invités à poser des questions. Et il n’est venu à l’idée d’aucun de nos jeunes confrères de demander à avoir  copie du communiqué aux fins de décryptage. Cette situation quelque peu incongrue appelle deux observations qui ont valeur interrogative. Qui donc est chargé de la rédaction des communiqués des conseils des ministres et pourquoi ces communiqués ne peuvent être rendus publics dans les heures qui suivent les conseils comme par le passé ? En France, pour ne citer que ce pays dont nous avons hérité le  fonctionnement de notre administration, les conseils des ministres d’avant l’ère Sarkozy ne duraient pas plus de deux heures et le communiqué final est publié aussitôt. Car les réunions du conseil des ministres ne sont pas à l’image des  sessions parlementaires où les motions de procédure et  d’ordre peuvent se substituer aux points inscrits à l’ordre du jour et faire l’objet de débats. Les conseils des ministres dans le système francophone, sont faits pour connaître des communications initiées par les ministères sectoriels chargés de les préparer à l’avance. La deuxième observation se décline en terme de crédibilité d’une information annoncée sans support papier. Comment croire à l’existence d’une décision dont le support papier n’existe pas plus de 24 h après. Avec un président qui a coutume de dire qu’il n’est même pas au courant d’une décision écrite portant sa signature  et prise par un conseil de ministres, on ne peut qu’être méfiant.

Il ressort de ce qui précède que le régime Yayi  s’est singularisé depuis son avènement par un chamboulement total des  normes et habitudes administratives. Des fonctionnaires de grade inférieur sont nommés pour diriger leurs supérieurs hiérarchiques. Plus rien depuis 2006 n’est à  véritablement à l’endroit. Pour ce qui est des conseils des ministres il n’ya pas que la publication des conseils des ministres qui pose problème. La durée des conseils, leur fréquence et la même la composition des participants  sont autant d’innovations et d’incongruités depuis l’avènement au pouvoir du Docteur –Président. Aujourd’hui en effet, avec le président Yayi ,un conseil des ministres dure toute une journée et parfois s’étale sur deux ou trois jours. Il est souvent arrivé au président d’interrompre des séances de conseil pour accorder une audience à une personnalité étrangère de passage .La séance est  alors reportée au lendemain. Du jamais vu  depuis le Renouveau ! Quant à la fréquence, il faut s’en référer au déclarations antérieures d’un ancien ministre ,Gbégnonvi , pour ne pas le nommer, qui s’est plaint en son temps que la trop grande fréquence des conseils ne leur laissait que très peu de temps pour  se consacrer à leur véritable mission. Quand on sait qu’en plus de ces séances interminables, les ministres sont contraints de descendre dans leur région d’origine pour  organiser la collecte du coton , superviser la recherche des terres arables  ,ou jouer le rôle d’agents électoraux, on comprend que les ministres de Yayi consacrent très peu de temps au travail relevant de leur domaine de compétence. Pour ce qui est de la composition des membres des conseils des ministres tout le monde   a  pu observer que les conseils des ministres de Yayi  sont aujourd’hui élargis aux  Maires des communes ,aux Dg des sociétés, aux conseillers rédacteurs de fiches indigestes et autres désoeuvrés du Palais .En somme,  un fourre-tout où des individus qui ne sont pas membres du gouvernement viennent constater comment notre président s’emploie méthodiquement et systématiquement à ridiculiser, voire humilier ses premiers collaborateurs que sont les ministres constitutionnels de la République. Du jamais vu depuis le Renouveau !

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