L’école et le pari de l’avenir

Fin de l’école buissonnière. Vadrouilles et vagabondages s’arrêtent pour que reprennent du service livres et cahiers. L’école béninoise, après trois mois de repli pour fait de grève, se redéploye au pas de charge. Histoire d’éviter une année blanche, synonyme d’une catastrophe nationale. Difficile décision s’il en est, obtenue à l’arraché et au prix d’une déchirure. Elle laisse le front syndical national en lambeaux.

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Comment situer l’école béninoise au sortir de trois mois de grève et à quelques encablures de la fin de l’année ? Avant toutes choses, un grand défi se profile à l’horizon. Il est à relever par tous ceux qui sont parties prenantes à l’œuvre d’enseignement et d’éducation dans notre pays : enseignants et apprenants, autorités académiques et parents d’élèves. Il faut conduire à leur terme les programmes d’études. Il faut organiser et faire passer, dans des conditions acceptables, tous les examens et concours. Une vraie gageure !

Nous avons fait provision de quelques idées fortes (proverbes, pensées, citations). Elles nous servent de guide, de référence et de balise le long de notre réflexion sur l’école béninoise en crise. La première pensée est d’Alain Ayache (Citation) « Il n’y a pas de honte à perdre ou à échouer. La honte, la seule qui puisse nous faire honte est d’être inférieur à nous-mêmes » (Fin de citation).

C’est en référence à la polémique née au lendemain de la levée du mot d’ordre de grève. Conséquence : le front syndical est cassé ; la grève, comme action de revendication, est dévaluée. Voilà deux péchés capitaux. Les syndicalistes doivent en avoir honte. Deux péchés capitaux qui engagent leur responsabilité. Ils en répondront, un jour ou l’autre, tôt ou tard.

La deuxième pensée est anonyme. (Citation) « Dans cette vie, rien ni personne n’a jamais totalement tort, car une horloge arrêtée donne deux fois l’heure exacte par jour » (Fin de citation). Pour dire qu’il est totalement inutile de chercher à désigner un coupable. Ceux qui ont accepté d’interrompre la grève comme ceux qui ont décidé de la poursuivre, ont tous de bonnes raisons à faire valoir pour justifier leur position, pour soutenir leur décision. En attendant le jugement de Salomon, c’est-à-dire un jugement empreint de sagesse et d’équité, il vaut mieux constater les faits et s’en remettre à l’histoire.

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La troisième pensée est un proverbe peul. (Citation)  » Celui qui te précède dans le sommeil te précèdera à l’éveil »(Fin de citation).Ce proverbe nous invite au réalisme.  Chacun doit se le tenir pour dit : il n’y aura pas de miracle. Autant l’huile   répandue au sol ne se ramasse plus, autant une année scolaire quelque peu compromise ne peut être totalement sauvée. Il ne servira à rien de vendre du vent aux parents d’élèves. Il ne servira à rien de susciter de faux espoirs chez les apprenants. Le temps perdu ne se rattrape plus.

La quatrième pensée est anonyme. (Citation) « L’enfant n’est pas un vase que l’on remplit, mais une flamme que l’on allume ».(Fin de citation)Pour attirer notre attention sur les conditions  du rattrapage projeté d’une année scolaire « gâtée » aux deux tiers, pour parler le petit français de Côte d’Ivoire. C’est gâté, en effet, et c’est bien gâté. Il faut en prendre dramatiquement conscience. Les produits qui sortiront de cette course contre la montre seront à l’image de ces fruits dont on a forcé la maturation. Il y a toujours comme un malaise à bousculer la nature. Il y a toujours comme une gêne à substituer au temps de Dieu, le temps de l’homme.

La cinquième et dernière pensée est de Montalembert. (Citation) « Les difficultés ne sont pas faites pour abattre mais pour être abattues » (Fin de citation) Le mouvement syndical, tout comme l’école béninoise traversent, en ce moment, une dangereuse zone de turbulence. La fracture du front syndical laissera des traces. L’école ne sera pas épargnée. Seuls des leaders clairvoyants, des chefs éclairés, préoccupés de l’avenir de notre système scolaire et du mouvement syndical peuvent instruire la nécessité d’un dépassement pour sauver l’essentiel. Il faut convoquer l’imagination. Il faut remettre l’audace aux commandes. Un proverbe chinois invite le monde syndical à cette grande sagesse :« Plus on prend de la hauteur et plus on voit loin ». Un proverbe russe invite l’école béninoise à une égale sagesse :  » Tomber est permis, se relever est ordonné ».

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