Livre «L’île dévorée» de Hilaire Kobéna : une invite à un engagement plus résolu dans la lutte contre l’érosion maritime

Dans son roman intitulé «L’île dévorée» paru en juillet 2013 aux Editions Balafons et réédité en janvier 2014, l’écrivain d’origine ivoirienne, Hilaire Kobéna interpelle sur l’érosion côtière qui engloutit des terres, vies et histoires de peuples sous les regards passifs de dirigeants dont bon nombre sont malades d’une ‘’érosion mentale’’ et plus occupés par la quête et la préservation d’intérêts personnels et égoïstes.

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L’érosion côtière inspire Hilaire Kobéna, et il publie aux Editions Balafons «L’île dévorée», un roman de 124 pages. Ici, l’auteur conçoit  son récit autour de cette ville Bill-Wharf ‘’jadis prospère et carrefour commercial avec le premier port de sa région’’ mais qui malheureusement s’efface sous la menace de la mer : l’érosion maritime, l’autre cancer qui emporte les terres des pays de la côte. Entre la fiction dans ce roman et la réalité, la frontière n’existe presque pas. Le constat est en effet patent au pays de l’auteur. D’ailleurs, l’écrivain Inza Bamba, dans le secret de son collègue Kobéna, précise bien au début de sa préface que Lahou Kpanda, village maternel de l’auteur en Côte d’ivoire, en fait assez les frais. « Un tour en bordure de mer pour retrouver les sensations de l’enfance et se plonger dans cette atmosphère qui a bercé ses moments d’insouciances. Oh, le constat est amer ! » Révèle le préfacier. Cette situation dans Lahou n’est qu’un échantillon bien choisi de la part de Konaté pour donner l’alerte et réveiller les consciences sur un problème de société très avancé mais qui, apparemment, n’émeut pas les autorités à qui les populations ont fait confiance et confié la préservation, la gestion et le développement de leur cité. Tout comme les populations de Bill-Wharf, d’autres subissent ce coup de la transformation en ‘’eau, sable et sel’’ de leur centre de loisir, marché, lieu de travail, patrimoine, etc. Et pourtant, pas de réactions idoines de la part des gouvernants. Sinon que des discours et actions de charme pour des fins politiques. Pendant que la mer ‘’travaille’’, ceux-ci, qui ont le devoir de riposter et qui sont dotés de savoir pour, se sont défini autres priorités relatives à des ambitions personnelles et non aux désirs et impératifs de leurs peuples.

 

L’érosion des cerveaux

En réalité, l’érosion côtière dans le livre, certes, l’auteur en a fait un sujet principal et en interpelle les décideurs à propos mais elle lui a servi aussi de piste pour évoquer une autre forme d’érosion. Celle qui semble plus grave et qui ne permet pas de régler ou de gérer au mieux celle maritime. Si les populations sont contraintes de continuer à subir sans secours les affres de la mer, c’est parce que les cerveaux qui devraient y penser en sont aussi victimes, à en croire le spécialiste de la gestion des ressources humaines dans les fonctions publiques africaines qu’il est, Hilaire Kobéna. Le quotidien dans la société lui donne raison. Laquelle société l’auteur transpose dans son roman pour susciter la réflexion et éveiller les consciences des uns et des autres sur quelques unes de ses interrogations, un certain nombre de faits qui détournent la riposte à l’érosion maritime. Une société, un monde où des peuples entre-temps unis s’entredéchirent. Un monde dans lequel la cohésion et la paix sociales d’alors sont désormais sacrifiées sur l’autel de la politique, de la dictature, de la guerre des intérêts, du régionalisme, de l’ethnicité, d’appartenance religieuse, des conflits de terre, etc. « Une société à la recherche de référence morale » écrit  Inza Bamba dans sa préface.

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Pour en guérir

Comme un auteur soucieux de constater la bienséance reprendre possession des esprits, Hilaire Kobéna a imposé à ses personnages, une expression linguistique qui, tout en révélant ces pratiques ennemies de la résolution des problèmes de société, sont pleines de sagesses destinées à conscientiser non seulement les gouvernants mais aussi les gouvernés ; avec à la clé, le pardon, la réconciliation et le patriotisme.

Le livre déjà suscite beaucoup d’intérêts. Preuve de sa nouvelle édition. Pourvu que ce ne soit pas seulement une lecture mais surtout une prise de conscience pour la concrétisation du vœu de l’auteur. En fin de texte, dans sa partie remerciement, il écrit : « Que la grâce de Dieu abonde dans votre vie et qu’il éclaire les décideurs dans le monde entier pour un engagement plus résolu dans la lutte contre l’érosion maritime. Nous espérons que notre cri de détresse sera entendu afin que soient rapidement trouvées les solutions idoines pour une meilleure protection de nos terres qui disparaissent sous les eaux. » Vivement une mentalité patriotique et plein d’humanité.

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