Pâque aux couleurs de l’Afrique

En route vers Pâque. Les chrétiens du monde entier, ceux de notre pays en particulier, sont en migration, pour ainsi dire,   vers un point nodal et notable de leur religion : la commémoration de la mort et de la résurrection de Jésus Christ. C’est là toute la substance de la foi chrétienne. C’est le symbole identitaire de la chrétienté.

Publicité

Pâque ne doit pas moins avoir un sens et une signification pour les non chrétiens. Parce qu’elle sublime la souffrance de la croix en la joie de la résurrection, Pâque projette une certaine idée de la vie. Celle-ci n’est-elle pas faite des hauts et des bas ? N’alterne-t-elle pas bonheur et malheur ? La vie n’est ni linéaire ni plate. Elle n’est pas une mer étale.

La passion du Christ, les souffrances endurées, le supplice de la croix et la mort comme l’ultime stade du don de soi ont culminé en la victoire éclatante de la résurrection. La vie   triomphe de la mort. Le mal reflue à marée descendante, libérant des plages de félicité. Les sombres nuages d’une nuit d’encre entrebâillent les portes du ciel à l’astre du jour.  

Pâque nous enseigne, de ce fait, qu’il y a un temps pour endurer les rigueurs de la route. Mais qu’il y a aussi un temps pour goûter au plaisir d’un repos mérité. Il y a un temps pour sarcler, bêcher, tourner et retourner la terre. Mais arrive, au bout de l’effort, l’heureux temps de la moisson. Il ne peut que faire sourire d’aise les greniers d’abondance.

Le succès qui sanctionne un parcours ne peut jamais être un   fruit gratuit tombé par hasard dans le panier de quelqu’un. Dire que celui-ci ne s’y attend point, n’ayant rien fait pour. La nature ne procède pas de cette façon-là. Parce que pour recevoir, il faut avoir donné. C’est une loi : nul ne peut récolter là où il n’a pas semé. C’est en cela que tout succès est le résultat d’un ensemble d’initiatives et d’efforts ordonnés vers un but principal déterminé. Cela répond à des questions inévitables, incontournables. Où vais-je ? Quelles raisons ai-je à y aller ? Quels moyens, matériels et immatériels, dois-je mobiliser et mettre en œuvre ?

Publicité

Le succès est et restera un accouchement dans la douleur. Les couleurs chatoyantes dont il se pare sont le résultat d’une cristallisation des larmes des sacrifices et de la sueur de la persévérance. Une exposition d’art fera découvrir à un public admiratif, qui ne tarira pas d’éloges, les multiples facettes du talent et du génie d’un artiste. Mais ce fut sans témoin, seul dans l’antre de son atelier, que ce dernier se fut appliqué à mettre en terre les semences de son succès. Sous les   sages conseils de Boileau qui veillait au grain : « Vingt fois sur le métier, remettez votre ouvrage.« (Fin de citation).

Cela revient à remettre au centre de nos préoccupations le travail, cet hymne universel à l’humanisation continue de la terre, notre patrimoine commun. C’est par le travail, en effet, que nous nous construisons et que nous construisons le monde. C’est le travail qui rend toujours plus enviable, toujours plus habitable la terre, notre terre, la maison terrestre de l’esprit.

Le Bénin de nos rêves sera le résultat du travail créatif des Béninois qui auront compris qu’ils sont les premiers et irremplaçables maçons au pied du mur du Bénin nouveau. C’est évident que personne d’autre ne viendra construire le Bénin à la place des Béninois eux-mêmes. Par rapport à quoi, l’argent des autres, quel qu’en soit le montant, ne remplacera leur contribution propre. A côté de celle-ci, aides, prêts et autres dons ne sont qu’un simple appoint.

Au bout de ce long détour dont Pâque est le prétexte, et si nous revenions à Pâque ? Si la lumière finit par triompher des ténèbres, la vie de la mort, il va sans dire que l’Afrique, en dépit des freins qui l’empêchent de prendre son envol, ne s’inscrit pas moins sur une trajectoire de succès. Nous l’avons déjà écrit, aucune forme de malédiction ne pèse sur notre continent. Nous émergerons du trou noir du sous-développement. Nous nous extirperons des profondeurs de la misère et de la pauvreté. Nous ressusciterons à une nouvelle vie porteuse d’une nouvelle espérance.Voilà ce que nous inspire le Christ ressuscité qui a triomphé de la mort. Voilà le message d’espoir de Pâque à l’Afrique, au Bénin. Avons-nous encore le droit de désespérer ? Réservons notre place dans la ronde joyeuse des peuples qui gagnent.

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité