Politique au Bénin : Nago définitivement affranchi des griffes de Yayi

Du cerf carrément soumis au grand manitou, au cours de la 5e législature, Mathurin Coffi Nago est passé au statut de l’homme affranchi qui n’hésite plus à clairement afficher ses positions, qui ne garantissent plus forcément l’intérêt de son mentor Boni Yayi. 

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Après avoir tranché en faveur du vote secret lors de l’adoption du budget exercice 2014, ce qui n’a surtout pas arrangé son camp politique, le numéro deux béninois s’est récemment encore illustré à travers un discours qui dénonce clairement les contre-valeurs qui sont actuellement érigées en mode de gouvernance au Bénin. C’était à l’occasion de son allocution prononcée lors de l’ouverture de la première session ordinaire de l’année.

«ceux-ci semblent focaliser de plus en plus leurs intérêts et leurs actions uniquement vers des objectifs de combat politicien. Tous les moyens, toutes les méthodes et tous les arguments, même les plus malsains et les plus dangereux, sont de ce fait exploités et mis en œuvre. ‘’C’est la fin qui justifie les moyens’’ se plait-on à dire vulgairement. L’égoïsme, la cupidité, le régionalisme, l’ethnocentrisme, le népotisme sont fortement privilégiés dans la conduite des dossiers politiques et la gestion des affaires publiques ». Voilà l’un des passages forts de l’allocution prononcée vendredi dernier par le président de l’Assemblée nationale. Pour qui connaît le Professeur Mathurin Nago version cinquième législature, il s’agit là de propos d’un homme tout différent.

Ces déclarations s’inscrivent, en effet, dans la logique de la nouvelle trajectoire politique que  Mathurin Nago s’est fixé au lendemain de sa reconduction au perchoir en 2011. Il s’est plutôt donné le temps et l’objectif de se tailler une carapace d’homme d’Etat, ce qui transparaît depuis lors dans ses prises de positions beaucoup plus rationnelles que politiciennes.

Il faut noter que le président de l’Assemblée nationale n’a pas eu froid aux yeux pour dénoncer des pratiques telles que l’égoïsme, la cupidité, le régionalisme, l’ethnocentrisme, le népotisme qui se calquent sur le mode de gouvernance du régime en place. Ce qu’il n’aurait pas pu faire sous la 5e législature lorsqu’il était plutôt instrumentalisé comme un wagon, répondant de la locomotive de la marina. Ces cinq maux cités mots à mots, sont comme par hasard  ceux qui ont pris de l’ampleur sous le second mandat du président Boni Yayi et qui déchirent de plus en plus le tissu social au Bénin. On pourrait même y trouver la source de l’actuelle crise sociale.

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Nago le centriste et le rassembleur

Dans son allocution prononcée vendredi dernier, on comprend que le président Nago a d’autre part fait l’option de se mettre au- dessus de la mêlée. Une façon de se démarquer de la façon dont la crise sociale actuelle est gérée au Bénin. « Nous devons, en particulier, conjuguer nos efforts pour éviter une année blanche à nos élèves et étudiants. Nous devons, dans un élan collectif et patriotique, tout faire pour remettre les travailleurs au travail en instaurant avec eux un dialogue sincère et responsable. J’estime qu’à l’étape actuelle dans les négociations, les efforts et les concessions doivent être partagés.

Je voudrais donc en appeler à la conscience de tous les acteurs concernés. Pensons aux effets néfastes que les mouvements sociaux pourraient avoir sur les plans éducatif, social, économique et politique. On sait quand ça commence, mais jamais quand ça finira », a-t-il laissé entendre.  

Autant de propos qui prouvent que l’homme s’est définitivement affranchi du joug de Boni Yayi.

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