Quand le pape Jean XXIII accueillait le 2eme congrès des écrivains et artistes noirs

À Paris, en 1956, la crise de la culture avait été le thème central du premier Congrès des Écrivains et Artistes noirs ; le souci dominant en était de situer les responsabilités et de dissiper les équivoques, parce que, « sous l’influence des intérêts colonialistes, les peuples d’Occident avaient accepté la notion de peuples sans culture », en ignorant « la contribution des peuples afro-asiatiques au patrimoine humain et l’action consciente et méthodique exercée contre les cultures indigènes. »

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D’entrée, Alioune Diop  déclarait : « Les gouvernements coloniaux avaient beaucoup  trop à dissimuler à leurs propres peuples pour tolérer que nos cultures portent témoignage contre l’idéologie et l’ordre colonialistes. Nous fûmes longtemps, sous l’oppression de la puissance, des peuples muets et absents de la scène mondiale.»

À Pâques 1959, le 2ème Congrès tenu à Rome avait pour titre : Unité et Responsabilité de la Culture négro-africaine ; c’était fort significatif que « La culture africaine comme base d’une manière d’écriture originale » ait eu la part du lion dans ce congrès et que beaucoup de débats eussent été consacrés à la littérature ; n’empêche, le syntagme « le mouvement pour l’expression des idées africaines dans une écriture originale » fut considéré comme « une révolte contre l’Occident », bien qu’il n’y en eût la moindre idée, d’autant plus que « la force de ce mouvement » était essentiellement constructive, « avec une puissante passion pour la création et une conscience nouvelle de ses origines ».  

Homme bon, très intelligent et très attachant, le Pape Jean XXIII, souhaitant la bienvenue au congrès, se référa à la ville de Rome et déclarait :

« C’est dans son cadre prestigieux que vous vous appliquez à étudier l’unité et les responsabilités d’une culture négro-africaine. Appartenant vous-mêmes à diverses nations de l’ancien et du nouveau monde, différents par la langue et par le style de vos œuvres, vous vous affirmez liés par une unité, qui est celle de votre race d’origine, et par de communes responsabilités envers votre patrimoine ancestral.

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« L’Église apprécie, respecte et encourage un semblable travail d’investigation et de réflexion, qui a pour objet de dégager les richesses originales d’une culture propre, d’en retrouver les points d’appui dans l’histoire, d’en manifester les harmonies profondes à travers des expressions variées, d’en faire bénéficier enfin, par des œuvres nouvelles, les pays respectifs auxquels vous appartenez.

Canonisation : le Vatican aux couleurs de Jean XXIII et Jean-Paul II

« Partout en effet où d’authentiques valeurs de l’art et de la pensée sont susceptibles d’enrichir la famille humaine, l’Église est prête à favoriser ce travail de l’esprit.[…] On ne peut donc que suivre avec intérêt, messieurs, vos efforts pour rechercher les bases d’une communauté culturelle d’inspiration africaine, en formant le vœu qu’elle repose sur de justes critères de vérité et d’action! »

Quiconque a lu intégralement cette déclaration singulière, s’en souvient un peu, réfléchit en évitant de proférer des sottises génératrices de conflits entre Africains et Européens :  «[…] ce que nous voulons, ce n’est pas connaître, c’est qu’on ne nous empêche pas de croire que nous savons déjà .» Nietzsche

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