Retour du délestage chronique au Bénin : les 20 mégawatts du Ghana, du bluff ?

« Mais où sont passés les 20 mégawatts du Ghana ? » Cette question, plus d’un Béninois  se la pose sans doute de plus en plus. Depuis la semaine dernière, le Bénin a replongé dans le noir. Le délestage chronique a repris de fort belle manière avec des quartiers des grandes villes béninoises qui passent plusieurs heures de la journée sans l’énergie électrique. Déceptions, espoirs et regrets.

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Courant mars, la Société béninoise d’énergie électrique (Sbee) avait fait parler d’elle tristement, avec les coupures de courant intempestives observées dans le pays. Pendant cette période de dure galère énergétique pour ménages, administrations et entreprises ;  des quartiers de Cotonou, principale ville économique du pays, et d’autres villes de l’intérieur du pays n’avaient pas le courant plusieurs heures de la journée durant. Certains quartiers n’avaient l’énergie électrique que cinq à six heures au plus. Comme par hasard, cette période a coïncidé avec l’affaire des deux milliards à la Sbee. Une affaire qui a fini par emporter Marius Hounkpatin, ex-Directeur général de la société. Un moment, on n’avait même pensé à l’existence d’un lien entre la persistance du délestage et l’affaire des deux milliards. Selon le ministre de l’Energie, ce regain de délestage est plutôt dû à un problème de production que connaît le Ghana,  l’un des pays fournisseurs du Bénin en énergie. La production du pays aurait chuté de 400 Mégawatts.  Le jeudi 27 mars, le président Boni Yayi a effectué une visite expresse au Ghana pour négocier avec son homologue quelques Mégawatts. Après une rencontre de quelques heures avec son homologue, le chef de l’Etat est revenu du pays de Nkrumah avec dans sa valise 20 mégawatts. Le Ghana a en fait promis d’augmenter de 20 mégawatts la quantité d’énergie fournie au Bénin. Les premiers jours ayant suivi la visite de Boni Yayi au Ghana, la situation énergétique s’est stabilisée à Cotonou et environs. Les heures de délestage ont sensiblement diminué. Mais curieusement, depuis quelques jours, l’on est revenu à la réalité d’avant la visite du chef de l’Etat à Accra. Les soit disant 20 mégawatts ramenés du Ghana par le chef de l’Etat n’étaient-ils que  du bluff ? La réaction du ministère de l’Energie s’impose. Barthélémy Kassa doit pouvoir dire aux Béninois ce qui explique réellement la reprise du délestage.

Cet « éléphant blanc » que nous contemplons

Quand le délestage reprend, le visage de bon nombre de Béninois se tourne sans doute vers Maria Gletta. Ce quartier de la commune d’Abomey-Calavi où se trouve une centrale à turbines à gaz. D’un coût d’environ quarante milliards de fcfa, cette centrale est financée par le budget national. Composée de huit turbines à gaz, elle est censée produire 80 mégawatts, à raison de 10 mégawatts par turbine. Après plusieurs années de balbutiements (le délai règlementaire a été largement dépassé), les travaux ont été finalement achevés. L’entreprise nord-américaine en charge des travaux, la CAI, en tout cas, chaque fois que ses représentants au Bénin en ont l’occasion, soutient qu’elle a réalisé une infrastructure de bonne facture. Et ce, conformément au terme du contrat la liant à l’Etat béninois. Mais le constat est que Maria Gletta n’arrive pas à remplir pleinement la mission pour laquelle elle a été construite. Sa production n’est pas stable et n’atteint pas encore les 80 Mégawatts escomptés. Et le ministre Barthéklémy Kassa a lui-même reconnu implicitement l’échec de Maria Gletta.  Le problème se trouve au niveau de la substance d’alimentation. Pour que le courant soit à la portée du dernier consommateur, la centrale doit fonctionner au gaz. Il y a raréfaction du gaz et l’infrastructure tourne actuellement avec du Jet A 1. Mais avec le Jet A 1, le courant électrique ne sera pas à la portée du pouvoir d’achat du consommateur. La troisième voie suggérée par l’entreprise CAI est le bio carburant. L’usage de cette substance devrait coûter encore moins cher que le gaz. Cette option n’étant pas prévue dans la convention liant la CAI au Bénin, il faudra donc aller à la signature d’un nouveau contrat avec de nouveaux engagements financiers. Ça fait déjà trop de souci pour une infrastructure dont on a pourtant réalisé des études techniques de faisabilité. L’entreprise CAI a peut-être joué sa participation. Mais il est évident que la centrale de Maria Gletta est pour le moment un éléphant blanc. Un gros éléphant blanc que nous avions admiré, louangé, mais  finirons par regretter. Si ce n’est déjà fait.

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