Affaire Patrice Talon et consorts : l’énorme gâchis ! (Tout ça pour ça ?)

Disons- le d’emblée :Boni Yayi a pris tout le monde de court par cette annonce surprise de pardon aux instigateurs présumés des affaires dites de tentative d’empoisonnement et de complot contre la sûreté de l’Etat que rien ou presque ne laissait présager. Rien ? NON ! Pas tout à fait !

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Car la Cour suprême, par sa décision surprenante évoquant  une faute matérielle des juges de la chambre d’accusation, avait quelque peu balisé le chemin, pour sauver la face d’un président dont la plainte a été frappée par  deux arrêts spectaculaires de non lieu…Il n’empêche ! Personne en tout cas  n’avait envisagé cette issue annoncée hier.  Pas plus tard que dimanche dernier à une heure de grande écoute,  sur une chaîne de télévision privée, un hurluberlu sorti de nulle part est venu remuer le couteau dans la plaie béante des deux affaires en  déblatérant sur une victime collatérale de l’affaire Talon, le juge Angelo Houssou  aujourd’hui en cavale, présenté sous les traits d’un coureur de jupons avide d’argent. Il n’en fallait pas plus pour qu’une certaine presse parle de nouveau rebondissement dans l’affaire de tentative d’empoisonnement. Rien  donc ne laissait présager ce  message solennel radio télévisé du chef de l’Etat, annoncé seulement quelques minutes plus  tôt .Ainsi, Boni Yayi  , au terme d’une allocution prononcée sur  ce  faux ton de prédicateur  dont il a le secret a   effacé d’un trait de  plume ,près de deux ans  de procédure judiciaire des plus scabreuses. L’affaire Talon , on s’en souvient a débuté en effet le 20 octobre 2012 par cette conférence de presse ubuesque où l’on a vu Houndégnon  l’ex- commissaire central de la ville de Cotonou, et l’ex- procureur général Justin Gbènamèto exhiber devant les caméras du monde entier des produits dits radioactifs que les présumés empoisonneurs s’apprêteraient à utiliser. En attendant d’appréhender les implications juridiques et judiciaires d’une telle annonce, la prudence  doit être de mise. Car en matière de pardon présidentiel, Boni Yayi  est un récidiviste. Le pardon accordé à l’époque à Me Lionel Agbo en dehors de toute procédure judiciaire n’a pas empêché la procédure de se poursuivre plusieurs mois après l’annonce.  On ne peut donc pas s’empêcher de déplorer que  cette annonce du  président de la république  a un arrière goût  d’inachevé  assorti d’une question pleine d’amertume et de rage : Tout ça pour ça ?

Fallait –il pour en arriver à ce pardon accordé dans des conditions qui restent à éclaircir faire tout ce   boucan qui a conduit un juge d’instruction à prendre la poudre d’escampette, comme un vulgaire malfrat et un procureur de la République à se faire radier sans appel du corps de la magistrature ?Fallait-il , pour faire court, maintenir à Cotonou et à Paris deux procédures judicaires distinctes avec leur cortège de rebondissements qui comme le reconnaît le chef de l’Etat n’ont  fait que ternir l’image  du Bénin tout entier. Ce Bénin  cité par les médias du monde entier comme un Etat de démocratie tropicale où des individus chercheraient encore à attenter à la vie d’un chef d’Etat  par empoisonnement, comme du temps des rois …de France ? Qui va payer la note de  cette meute d’avocats  de Paris et de Cotonou friands des plateaux de télévision quand l’affaire tourne en leur faveur et rasant les murs quand ça tourne mal ? Fallait –il pour en arriver à ce dénouement rocambolesque  que le Président se livre à cette  chasse à l’homme sans précédent dans l’histoire de notre pays  donnant la fâcheuse impression de transformer  des relations personnelles en affaire d’Etat ?  A cause de l’affaire Talon, toute la filière coton a été mise sens dessus- dessous. L’Etat libéral s’est arrogé le droit de réorganiser et de superviser toute la filière, de la production jusqu’à la commercialisation, et cela, en pleine campagne cotonnière.  Les usines  du groupe Talon, le pestiféré ont été tenues fermement à l’écart de la campagne  avec  pour conséquences irrémédiables, l’arrêt d’activités,  la perte d’emploi et l’exposition du coton non égrené aux intempéries en cette période de pluies. Qui va payer les frais de toute cette politique de vengeance personnelle et aveugle ? Un énorme gâchis qui fait apparaître cet appel à la construction de la patrie commune  par tous ses fils comme une vaste imposture.

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