Boko Haram : s’indigner ? oui ! mais contre qui?

Combien sont-elles les jeunes lycéennes enlevées de leurs dortoirs nuitamment,il y a  bientôt un mois dans la petite localité de Chibok, de  l’Etat de Borno, au nord- est du Nigéria par des éléments armés se réclamant de la secte Boko  Haram ?

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les chiffres publiés par la presse internationale en mal de sensation varient de 200à 276 pour les plus alarmistes et 257 pour d’autres. Les premiers jours , on a pu parler d’une cinquantaine de jeunes filles ayant réussi à s’échapper des camions dans lesquelles leurs ravisseurs les transportaient vers des destinations inconnues. Une ou deux ont été présentées, camouflées, sur des plateaux de télévision de grandes chaînes d’information continue. Mais aucune image  de la totalité des prétendues rescapées n’a pu  être exhibée ni par les autorités nigérianes ni par la presse internationale. Le magazine panafricain Jeune Afrique a  même publié sur son site en fin de semaine dernière qu’une cinquantaine de ses captives auraient transité par une ville du nord de la Centrafrique sous la férule des hommes armés hurlant des ordres en anglais. Mais aucune source indépendante n’a confirmé l’information. Cependant la secte Boko Haram a eu le temps de revendiquer le rapt dans une  vidéo d’une cinquantaine de minutes. On y voit le chef déclarer sans ambages « J’ai enlevé vos filles. Je vais les vendresur le marché, au nom d’Allah », précisant même cyniquement. « J’ai dit que l’éducation occidentale devait cesser. Les filles, vousdevez quitter[l’école] et vous marier».

 Depuis, l’indignation a gagné toutes les grandes capitales du monde entier et les manifestationsse multiplient au cri de « bring back our girls » :, « ramenez-nous nos filles » qui n’est que le mot d’ordre placardé sur des pancartes par les mères de filles disparues. Les condamnations se multiplient ici et là contre les agissements de cette secte moyenâgeuse  qui sème mort et désolation dans le pays le plus peuplé d’Afrique. Faut-il s’en plaindre ?Assurément non ! Puisque tout ce qui peut concourir à une rapide libération de ces jeunes filles est  bienvenu. Une mobilisation planétaire contre ces islamistes d’un autre âge peut faire bouger les lignes. Certes, on peut déplorer cette sorte d’indignation sélective de la communauté internationale qui fait que l’enlèvement de 200 jeunes filles peut émouvoir davantage que les trois cents morts qui ont suivi la mise à sac de tout un village de la même région par le même Boko Haram dans la même période .Tout comme la centaine de morts qu’ont provoqué les deux attentats à la bombe à quelques semaines d’intervalles dans une gare routière de la capitale Abuja.

Tout cela pour conclure à la lourde responsabilité du gouvernementnigérian dans la crise actuelle. Fallait-il que le grand Nigéria lance un appel à des gouvernements étrangers à l’ Afrique pour retrouver sur son propre territoire les traces d’un camion transportant non pas 10 , ni 20 mais 200 jeunes filles ?Où sont passées les forces de police et de l’armée , la plus forte de la sous région ouest africaine pour qu’un camion de 200 passagers ait pu s’évanouir dans la nature , sans laisser de traces ?Le président Goodluck Jonathan qui n’a jamais si mal porté son prénom peut-il  expliquer comment une armée disposant d’hélicoptères de combat et d’avions de chasse qui peuvent décoller à tout moment n’ait pas pu prendre en chasse  ce camion dès les premières alertes ? Et comment ne pas accréditer la thèse de complicités au plus haut niveau de la hiérarchie militaire et donc de corruption à grande échelle, après les informations diffusés par Amnesty international faisant état de l’alerte donnée au gouverneur et aux responsables militaires, quatre heures avant l’attaque du lycée des jeunes filles ? Les explications fournies hier dimanche sur les ondes des chaînes internationales de radio par le porte parole de l’armée nigériane paraissent peu convaincantes, quand on sait que toute la région du nord-est  est placée sous état d’urgence  depuis quelques années. Il ressort de ce qui précède que les démocrates africains pourraient  ressentir comme une humiliation le fait que le Nigéria récemment proclamé première  puissance économique d’Afrique, un pays qui est sorti indemne d’une des guerres civiles les plus atroces d’Afrique et a  mené avec succès les deux guerres les plus sanglantes d’Afrique de l’Ouest que sont celles du Libéria et de la Sierra léone, soit obligé de faire appel à l’aide internationale , comme…. le Mali et la Centrafrique pour venir à bout d’une armée de gueux en rébellion contre le pouvoir central. Cela par la faute de ses dirigeants !

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