Centrafrique : les réseaux sociaux favorisent le climat de terreur et de haine

Déjà plus d’un an que la crise centrafricaine perdure. Parmi les nombreuses sources d’informations qui permettent de suivre l’évolution de la situation dans ce pays, se trouvent les réseaux sociaux.

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Espace d’information, les réseaux sociaux sont aussi, à en croire Johnny Bissakonou (journaliste centrafricain, actuellement réfugié en France à cause des menaces qui pèsent sur sa vie) un champ d’explosion des haines tribales et ethniques. Reçu sur Rfi, ce journaliste, un des 100 « héros de l’information » listés par Reporter sans frontières à l’occasion de la Journée internationale de la Presse du samedi 3 mai, se réjouit de la facilité que les réseaux sociaux offrent à toute personne pour donner une information.

Mais tout n’est pas rose. Notamment dans le cas de son pays, la Centrafrique. « Aujourd’hui, les réseaux sociaux permettent donc au simple citoyen de donner l’information. Mais par contre aujourd’hui, dans le cas centrafricain, ce que je déplore c’est que ces réseaux sociaux contribuent à entretenir le climat de terreur, à entretenir la haine » a-t-il déclaré. Aujourd’hui, explique Johnny Bissakonou « des gens animés par des intérêts partisans, mettent souvent des images qui ne sont même pas de la crise en Centrafrique sur Facebook, en disant : des musulmans ont massacré tant de chrétiens ou des chrétiens ont massacré tant de musulmans. C’est pour entretenir la vendetta en fait. » 

L’information humanitaire

Johnny Bissakonou, l’ancien militant du président François Bozizé a plus de 5000 amis qu’il informe sur sa page Facebook. Il a fait l’option d’être libre et de ne suivre aucune ligne éditoriale. Ce qui lu a valu les menaces qui l’ont obligé à fuir la Centrafrique pour s’installer en France, d’où il informe à travers son blog et les réseaux sociaux. «En tant que Centrafricain, en tant que journaliste, je me suis rendu compte que le travail pour un média c’est d’être soumis à une certaine ligne éditoriale. On ne doit pas s’en écarter, on ne fait que ce que la rédaction décide. Alors que sur mon blog, sur les réseaux sociaux, j’ai cette liberté de m’exprimer, de dénoncer, de crier urbi et orbi qu’en Centrafrique il se passe des horreurs. Et ça, ça m’a valu des menaces» a-t-il confié. En référence à ces menaces, il se souvient d’une venant d’un officier des ex Séléka de Michel Djotodia, qui lui disait : « ce n’est pas parce qu’on vient du maquis qu’on est des analphabètes. Nous, nous sommes au courant de tout ce que tu as écrit sur le pays. Et donc, ça ne te rapporte rien de ternir l’image de la Seleka. Moi aussi, si je tue ça ne me rapporte rien. » En dehors de l’aide humanitaire apporté à la Centrafrique, le pays a aussi besoin de l’information humanitaire, qui existe également à travers des plumes libres comme Johnny Bissakonou. « C’est ce que nous faisons en militant, pour dire aux gens, dire au monde : les Centrafricains sont assassinés, les Centrafricains meurent de faim, les Centrafricains vivent dans la peur. C’est de l’information humanitaire, parce que ça permet de déclencher des actions humanitaires. » a déclaré Bissakonou.

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