Contre la mauvaise gouvernance : que peut «Mister Dognon Michel» ?

Lors de l’installation officielle de Monsieur Dagnon comme conseiller spécial à la gouvernance des entreprises et offices d’Etat, j’ai entendu le Président de la République, Docteur Yayi Boni dire: «les résultats des audits dans les entreprises publiques sont si alarmants que si on doit en tenir compte, tous (les Directeurs généraux) iraient en prison». 

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Face à cette déclaration grave, aucun Directeur général n’a osé se défendre et ‘’se laver’’ publiquement. C’est cela le Bénin, l’ex-quartier latin de l’Afrique qui s’enfonce chaque jour que Dieu fait et ce, depuis l’avènement du Renouveau démocratique et spécialement depuis 2006 pour être plus précis. En effet, si de grandes résolutions sont sorties de l’historique Conférences Nationale de février 1990, la plu grande erreur des ‘’géniteurs’’ du Renouveau Démocratique, c’est la revalorisation de la fonction politique au détriment des fonctions «productrices» de ressources pour le développement de notre cher pays. Ainsi, un petit fonctionnaire reconverti à la politique peut gagner aujourd’hui jusqu’à cent fois le salaire d’un ouvrier d’usine ou d’un enseignant communautaire. Ce qui fait que ce qui marche encore au Bénin du Renouveau démocratique et pour être plus précis, au Bénin du changement, de l’émergence et de la refondation, c’est bel et bien la fonction politique. La situation est si grave que toute l’administration publique est aujourd’hui très fortement politisée. Au lieu d’être au service du développement, l’administration publique s’est transformée en instrument au service des politiciens. Ajouté à la corruption galopante qui ronge l’économie du pays depuis plusieurs décennies, la mauvaise gouvernance risque de plonger le pays dans l’abime si rien n’est fait pour désamorcer ‘’la bombe’’. Pour ce faire, l’arrivée de notre concitoyen Michel Dognon, éminent expert en gouvernance aux Etats-Unis ne pourra rien contre le fléau de la mauvaise gouvernance si, comme préalable, l’administration n’est pas dépolitisée. Parce que le mal des entreprises publiques n’est pas lié seulement à l’absence de manuels de procédures et autres instruments de bonne gouvernance. Pour faciliter la tâche à ‘’Mister Dognon’’, le gouvernement doit mettre des entreprises publiques des techniciens et non des politiciens. Commencer d’abord par dépolitiser ces entreprises publiques et étendre la mesure à tous les secteurs publics: les ministères, les projets, les services de gestion des mairies etc.…. Il faut à chaque niveau distinguer le poste politique du poste technique. Si le Docteur Yayi Bonni veut vraiment marquer les deux ans qui lui restent, s’il veut vraiment changer l’image négative qui commence à se coller à notre pays, il devra vite agir pour «nettoyer» l’administration du virus politique avant qu’il ne soit trop tard.

Jean Baptiste Houkonnou
Consultant en Gouvernance et en Communication

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