Fous de Madrid, malheureux Béninois

Ouf ! La décima est enfin là. Le Réal Madrid, après 12 ans de disette, a fini par avoir son 10ème sacre en Champion’s League européenne, la deuxième plus grande compétition de foot après la coupe du monde. Ce sacre, nos confrères de Canal+, l’ont appelé « la folle décima ». Et il y avait de quoi. Loin du stade, la folie était remarquable chez les téléspectateurs. 

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De l’Espagne au Bénin, c’est bonnet blanc, blanc bonnet. L’ambiance électrique de Madrid, la ville des deux clubs qui se mesurent sur le rectangle vert, était la même au Bénin. Abomey-calavi, Cotonou, Porto-Novo et autres villes béninoises se sont muées en capitale ibérique. Seuls les bars dont les promoteurs ont manqué d’installer des écrans pour les événements de cet acabit sont restés vides durant l’épique soirée. C’est la magie du foot. On y peut rien. Et ce qui transcende l’imagination, c’est le pouvoir d’action de cette magie. Elle divise. Samedi, cette division était perceptible jusque à l’intérieur des familles. Deux camps s’étaient formés. D’un côté, les supporters du Réal très majoritaires et de l’autre, ceux de l’Atlético. Dans une concession, on a pu constater la division entre frères qui étaient braqués l’un contre l’autre avec un « no man’s land ». Des supporters du Réal ne devraient pas affranchir la porte d’entrée de la chambre où étaient ceux de l’Atlético et vice versa. Ambiance surchauffée, alimentée par des taquineries et propos blessants. C’est la folie d’un match fou qui a basculé au profit du Réal alors que les supporters du camp adverse jubilaient déjà à deux minutes du coup de sifflet final. Les Béninois, les supporters de l’équipe victorieuse surtout, étaient devenus fous. Du cruel but égalisateur jusqu’au dernier de leurs 4 buts, les cris de joie déchiraient les toits, traversaient les rues, retentissaient et s’amplifiaient partout. La victoire acquise, la vie ne valait plus rien pour ceux-ci qu’on pouvait voir rouler en trombe, massacrée leurs motos et s’acharner sur des bouteilles de bières comme s’il s’agissait de l’équipe nationale, les écureuils du Bénin. Pour ces joueurs qu’ils ne connaissent qu’à travers leurs écrans, les Béninois devenus fous de Madrid, n’avaient que dalle de ce qui pouvait leur arriver à conduire en violation à toutes les règles de conduites. A Porto-Novo rapporte, un confrère, certains se sont retrouvés dans les commissariats après avoir refusé d’honorer leur engagement. Quel engagement ? D’importantes sommes, des motos, et autres biens qu’ils avaient misés, pariant sur une victoire d’Atlético qui leur aura échappé dans les ultimes instants du match. D’aucuns en sont venus aux mains. Et voilà le malheur de citoyens qui, souvent déçus de leur équipe nationale, se sont trouvés des équipes à mille lieux de chez eux pour se diviser et se renier. Quid des autorités en charge du sport roi au Bénin ? Elles ont démissionné. Plutôt, elles ont sacrifié la passion de tout un peuple sur l’autel des querelles intestines. La politique ayant pris par là, difficile de concilier les positions, de trouver qui siffler la fin du désordre et guérir les fous de Madrid, malheureux Béninois.

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