La meilleure histoire méconnue des dix dernières années pourrait bien être l’histoire de l’Afrique. Le revenu réel a augmenté de plus de 30 %, balayant deux décennies de déclin. Sept des dix économies à la croissance la plus rapide au monde se trouvent en Afrique, et le PIB devrait augmenter à un rythme de 6 % par an au cours des dix années à venir.
Les infections par le VIH ont diminué de près de 40 % en Afrique subsaharienne, et les décès dus au paludisme parmi les enfants ont été réduits de moitié. Les taux de mortalité infantile sont en baisse, et l’espérance de vie en hausse.
C’est un moment riche en possibilités pour les Africains. C’est aussi un moment de décision. Les choix que feront les Africains et leurs dirigeants détermineront si une décennie de progrès va déboucher sur une ère de prospérité et de stabilité en Afrique – ou si l’Afrique va de nouveau sombrer dans le cycle de la violence et d’une gouvernance déficiente qui a bloqué la promesse du continent pendant beaucoup trop longtemps.
Les défis sont réels. Des conflits acharnés et sanglants embrasent le Soudan du Sud, la République centrafricaine et le Congo. La corruption demeure endémique ; l’Union africaine signale que les pratiques de corruption font gaspiller 148 milliards de dollars par an. L’Afrique a besoin de dirigeants forts et d’institutions fortes pour défendre les droits de l’homme, s’attaquer à la discrimination contre les femmes et les minorités, et supprimer les restrictions qui frappent la liberté d’expression.
Les États-Unis et les pays africains ont tissé des liens historiques et économiques profonds. Le gouvernement des États-Unis a investi des milliards de dollars dans les soins de santé, ce qui a entraîné des progrès réels dans la lutte contre le sida et le paludisme. Nos forces de sécurité s’emploient avec leurs homologues africains à combattre l’extrémisme. Des entreprises américaines investissent en Afrique grâce aux préférences commerciales prévues par la Loi sur la croissance et les possibilités en Afrique (AGOA). En ami, les États-Unis ont un rôle à jouer pour aider les Africains à construire un meilleur avenir.
Bien des choix sont clairs comme de l’eau de roche. Les dirigeants africains doivent mettre de côté les différences sectaires et religieuses en faveur de l’inclusion, reconnaître et promouvoir les droits des femmes et des minorités, et accepter que l’orientation sexuelle soit une affaire d’ordre privé. Ils doivent aussi faire fond sur leur progrès économique en éliminant la corruption et en ouvrant les marchés aux échanges.
Le conflit et les crises qui bloquent l’Afrique depuis trop longtemps sautaient aux yeux vendredi lorsque mon avion a atterri à Juba, la capitale du Soudan du Sud. Je me souviens être arrivé à Juba en janvier 2011, au moment où les Sud-Soudanais avaient voté pour l’indépendance à une écrasante majorité. Même en cette période de jubilation, la menace de la violence ethnique pointait à l’horizon.
La violence s’est tragiquement concrétisée en décembre, avec l’ouverture d’hostilités entre les forces loyales au gouvernement et les milices alignées sur un chef de la rébellion. Aujourd’hui, nous voyons les échos de trop de conflits antérieurs : des milliers d’innocents tués, le recrutement d’enfants-soldats par les deux camps et un pays au bord de la famine.
Sous la houlette de Donald Booth, l’envoyé spécial des États-Unis au Soudan du Sud, les États-Unis et leurs partenaires en Afrique essaient de déployer des efforts de médiation. Vendredi, quand je me suis entretenu avec le président Salva Kiir, je lui ai rappelé nos conversations sur les promesses de sa nation. Je lui ai demandé instamment de laisser de côté les vieilles rancunes et de parvenir à un règlement avec l’opposition avant que cette promesse ne soit encore plus ensanglantée.
Il est difficile de venir à bout des vieilles rancunes, mais c’est possible. Depuis deux décennies, la région des Grands Lacs est en proie à une crise, avec des militants et des gangs qui se disputent les richesses minières et se battent à cause de différences ethniques. Ces dernières semaines, l’Angola a fait preuve d’un leadership remarquable en travaillant avec d’autres pays africains et l’envoyé spécial du département d’État pour la région des Grands Lacs, Russ Feingold, afin de promouvoir un cadre pour la paix. Il reste encore beaucoup de chemin à parcourir, mais le progrès est réel et il représente l’espoir pour la région et le continent.
Notre rôle en Afrique dépasse le cadre de l’assistance en matière de sécurité. Nous nous appliquons à développer la prospérité qui est essentielle à un avenir meilleur. C’est dans ce droit fil que s’inscrit Power Africa, un partenariat public-privé conçu par le président Obama pour injecter des milliards de dollars dans le secteur énergétique du continent et doubler le nombre d’habitants qui auront accès à l’électricité.
Et nous dialoguons avec une nouvelle génération de leaders à travers l’Afrique. Cet été, 500 Africains viendront aux États-Unis dans le cadre du programme Washington Fellowship en faveur des jeunes leaders africains. Ce programme, qui s’inscrit dans l’initiative YALI (Young African Leaders Initiative) du président Obama, offre de la formation, des ressources et des plateformes pour développer le leadership, promouvoir l’entrepreneuriat et mettre les leaders en contact les uns avec les autres comme avec les États-Unis. En août, le président accueillera la première rencontre au sommet entre des dirigeants africains et américains.
L’Afrique peut être un phare pour le monde : des transformations spectaculaires sont possibles, la prospérité peut remplacer la pauvreté, la coopération peut triompher du conflit. La tâche est difficile, et elle exige un engagement réfléchi, une coopération régionale et une vision claire d’un avenir meilleur. L’objectif d’un continent prospère, sain et stable est à notre portée si les Africains et leurs dirigeants prennent les bonnes décisions.
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