Scandale financier de 14 milliards à la SOBEMAP : Soumanou Toléba compromet Boni Yayi

La nomination de Soumanou Toléba à la tête de la Société béninoise des manutentions portuaires (SOBEMAP) avait suscité grand espoir.  Beaucoup  avaient cru  à la fin des actes de corruption et de prévarication dans cette structure. Grosse Illusion.

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Dans l’appel d’offres No 009 lancé par la SOBEMAP pour la fourniture de matériels de manutention portuaire, le Dg n’a pas joué un jeu propre et semble même compromettre le Chef de l’Etat .

Sur décision du Conseil des Ministres en sa séance extraordinaire du 26 novembre 2013, la Sobemap a été autorisée à acquérir des engins et équipements nécessaires en vue de lui permettre de faire efficacement face à l’accroissement du trafic observé au port de Cotonou. L’acquisition est financée par un emprunt contracté auprès de la Banque Ouest Africaine de Développement (Boad) à hauteur de 11,5 milliards, et sur fonds propres de la Sobemap, à hauteur  de 2,5 milliards de Fcfa.

Conformément aux pratiques  habituelles qui régissent pareilles opérations, la Sobemap lance un avis d’appel d’offres  international restreint afin de retenir les structures capables de fournir l’équipement sollicité, au mieux des intérêts de la société. Suivant les instructions données par le Conseil des Ministres susmentionné, d’une part au Ministre de l’Economie Maritime  et des Infrastructures portuaires, et d’autre part, au Ministre de l’Economie et des Finances, une commission a été créée par note de service No 340/2013/DG/SP en  date du 30 décembre 2013. La commission est chargée d’analyser,  d’évaluer et de juger les offres déposées. Ce travail est fait du 27 au 31 janvier 2014 au Millénium Popo Beach Hôtel à Agoué, lieu retenu pour le dépouillement et l’analyse des offres reçues.

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Le Fonac déballe un scandale de 14 milliards F Cfa à la Sobemap

Au terme du dépouillement, un rapport d’analyse, d’évaluation et de jugement des offres  est déposé au directeur général de la Sobemap, Soumanou Toléba. Il revenait au DG de transmettre le rapport à la direction nationale du contrôle des marchés publics – DNCMP – pour analyse et avis définitif. Mais, patatras ! Le DG/Sobemap fait main basse sur le rapport au motif qu’il aurait reçu un contre-ordre du chef de l’Etat. Toléba adresse le 05 février 2014 une correspondance  à sa ministre de tutelle, Martine Dossa, en charge de l’Economie Maritime et des infrastructures portuaires, dans laquelle il écrit : « …La procédure de transmission des résultats issus des travaux de ladite commission était en cours quand le président de la république m’a informé par téléphone le mardi 04 Février 2014, de l’annulation de tous les marchés attribués sur les engins à Agoué. Aussi, poursuit la correspondance, m’a-t-il instruit d’aller acquérir sur place lesdits engins en Europe en compagnie du directeur national du contrôle des marchés publics, de l’Inspecteur général des Finances puis de techniciens avertis… ».

Une histoire de haute corruption

Depuis l’historique conférence nationale des forces vives de février 1990, le Bénin est devenu un Etat de droit ayant opté pour un régime libéral. De facto et de jure, l’Etat ne peut plus procéder à certaines opérations, désormais dévolues aux structures privées. Et puis, le chef de l’Etat, Boni Yayi, a-t-il effectivement donné l’ordre d’annuler une opération régulièrement conduite à terme, comme le stipule la correspondance de Toléba à Martine Dossa ? Un tel ordre peut-il être donné sur simple « coup de fil » comme le mentionne le DG/Sobemap dans sa fiche à sa ministre de tutelle ? Le chef de l’Etat ne saurait ignorer les conséquences juridiques d’une telle annulation, car, le Bénin n’est pas un Etat voyou.

 Au demeurant, de sources proches du cabinet de Toleba, celui-ci aurait déjà ciblé certaines structures étrangères dans l’opération. Malheureusement pour lui, la plupart de ces structures ont été éliminées par la commission, qui, au regard du rapport, a fait un travail de fourni, dans les règles de l’art., c’est à dire, sans aucune partialité. Et passant de la parole aux actes, Soumanou Toléba part effectivement à l’étranger avec 06 personnes le 12 février 2014. La délégation revient à Cotonou le 02 mars, soit 03  semaines passées aux frais de l’Etat. Dans sa farouche volonté de satisfaire ses amis éliminés, le DG supprime les pièces administratives demandées dans le dossier d’appel d’offres. Il est juste demandé aux fournisseurs d’apporter leurs pro formats et la fiche technique. De même, Toléba change unilatéralement les quantités en les augmentant sur certains gros  équipements (cas des trackers qui passent à 10 au lieu de 6, initialement prévus  dans le dossier d’appel d’offres…

Les soumissionnaires ainsi lésés auraient déjà saisi l’Observatoire de lutte contre la corruption. Mieux, ils entendent engager des poursuites judiciaires  contre la Sobemap, donc, contre le gouvernement, à effet de se faire dédommager. Une sale affaire dont on peut épargner notre pays, et surtout le chef de l’Etat qui n’a nullement besoin de cette énième nébuleuse dans la conjoncture actuelle. Aussi, Boni Yayi doit-il prendre ses responsabilités afin que cette scabreuse affaire soit  éclairée, comme il a su le faire dans l’affaire des 2 milliards de la Sbee. Rappelons-le, ici, il s’agit d’une affaire de 14 milliards de nos francs.

(A suivre).

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