Terrorisme en Afrique de l’Ouest : Boko Haram, une machine à tuer au Nigéria

Avec plus de deux cents filles de 15 à 18 ans gardées dans ses bases, la secte islamiste Boko Haram, une machine infernale, est au cœur de nombreuses réactions de par  le monde qui s’est réveillé à un moment où le groupe islamiste radical a déjà fait plus de 4500 morts et détruit des villages entiers au nord du pays.

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L’enfer en Afrique de l’Ouest a pour nom Boko Haram. Plus de 200 jeunes filles, des lycéennes de  15 à 18ans pour la plupart,  sont retenues captives depuis bientôt un  mois. Depuis lors et surtout avec les insoutenables récents propos  du chef de la secte islamiste, Abubakar Shekau qui a déclaré dans une vidéo qu’il vendrait ses captives en esclaves et marierait certaines au nom d’Allah, le monde entier est agité. Sur toutes les lèvres, « Bring back our girls ».  Une incantation consacrée appuyée des déclarations de soutiens et d’envoi d’aide pour aider à retrouver les filles dont le seul péché est d’être des scolarisées  à l’école du blanc. Triste. Pas uniquement à cause de la situation des filles mais surtout à cause des milliers de personnes tuées au nom d’Allah par Boko Haram avant que le monde entier ne se réveille de son sommeil.

L’hécatombe

De 2009 à fin 2013, Boko Haram a déjà tué près de 4000 personnes selon des chiffres officiels avancés dans les médias. Soit près de 1000 personnes par an,  4 fois plus de victimes que  l’évènement tragique de la disparition de l’avion malaisien MH370 ou l’équivalent de 5 explosions d’avions de 200 places par an, sans que cela n’ait suscité autant de réactions qu’avec les récents rapts  de 274 filles. Boko Haram était vu comme un danger mineur comparé à Al qaïda au Maghreb islamique, Aqmi. Une minimisation d’un mal réel qui, remarque-t-on, a amené la secte islamiste au dépassement de son propre record des 1000 morts ou des cinq explosions d’avion de 200 places par an. Pour le compte de cette année qui  n’est qu’au début de son cinquième mois, Boko Haram n’est pas loin des 700 morts. Alors qu’on disait du mois de février qu’il est le plus meurtrier avec environ 250 morts au compteur,  le mois d’avril est sans appel. Lundi 14 avril, après avoir massacré vingt-neuf personnes dans un double attentat à Maiduguri au nord du Nigéria,  Boko Haram surprend avec un violent attentat  dans une gare routière proche d’Abuja. Bilan au moins 71 personnes tuées dans ce drame qui annonçait les couleurs lugubres des jours à suivre. La semaine  dernière, Plus de trois cents personnes ont perdu la vie dans une attaque de Boko Haram dans l’Etat de Borno dans le nord-est du Nigéria.

En dehors des milliers de morts, la terreur de la secte islamiste a provoqué la fuite de milliers d’autres personnes qui sont réfugiées dans les pays voisins au Cameroun, au Niger et au Tchad. Selon les Nations- unies, 4000 personnes ont fui vers le Cameroun – où au total 12 400 Nigérians sont réfugiés – et 1500 sont partis vers le Niger depuis la mi-janvier.

Sur son passage, Boko Haram détruit, pille villages après villages sans oublier les centres d’éducation occidentale ou les hôpitaux de même que  les positions de l’armée nigériane dans le nord. Le 11 février, la secte a à son passage rasé le village de Konduga à  « Plus de 70% » selon le Gouverneur de l’Etat de Borno, Kashim Shettima.

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La naissance de l’enfer

La machine a tué Boko Haram est née au Nigéria dans les années 2000 avec Mohamed Yusuf, chef «spirituel», prédicateur islamiste radical. Mais ses origines remontent aux années 1980 à la dislocation du mouvement  Maitatsine dirigé  par Muhammad Marwa, tué dans un combat avec l’armée.

La ligne de conduite de Boko Haram est de Mohamed Yusuf  qui prône une application intransigeante de la charia. Sa première cible, l’occident.  Ce qui explique le nom Boko Haram « l’école occidentale est un péché » en Haoussa que la secte s’est donnée. Selon le spécialiste du Nigéria Marc-Antoine Pérouse de Montclos docteur en sciences politiques et chercheur à l’Institut de recherche pour le développement (Ird) cité dans un article de la rédaction de Tv5  «Mohamed Yusuf considère que l’école occidentale détruit la culture islamique et conquiert plus sûrement la communauté musulmane que les croisades. Il en condamne tout à la fois la mixité, le relâchement des mœurs, la corruption des valeurs traditionnelles, l’utilisation du calendrier grégorien… et la pratique du sport, qui distrait de la religion. En conséquence de quoi, il demande à ses fidèles de renoncer à fréquenter les établissements privés d’inspiration occidentale et les écoles publiques nigérianes héritées du système colonial britannique».

De sa création dans les années 2000 à 2009, Boko Haram avait une cible limitée aux chrétiens, aux forces de l’ordre nigériane et quelques musulmans qui dédaignent la charia. Mais en juin 2009 le mouvement se métamorphosera en un groupement terroriste  très virulent à la suite d’une attaque de l’armée qui a tué quinze de ses membres alors qu’ils se rendaient à l’enterrement de l’un des leurs. Cette année, la furie Boko Haram fera 800 victimes avant que son chef Mohamed Yusuf ne soit tué pour que lui succède l’actuel chef Abubakar Shekau.  Depuis lors la secte s’est donnée pour objectif d’instaurer un Etat islamique  dans quatre Etats du Nord qui sont actuellement sous son emprise et de s’étendre au Cameroun voisin avant la conquête d’autres pays.

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