Echec de la gouvernance Yayi depuis 2006 : la fin du mythe du cadre de la Bceao

En 2005 et surtout en 2006, lors des campagnes pour la présidentielle,  les chantres et concepteurs du changement avaient allègrement vendu un produit aux Béninois : Boni Yayi. C’était, disent-ils, le seul dont le Bénin abandonné dans une crise économique sévère a besoin pour sortir de sa crise économique et de ses échecs répétés de développement.

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 Huit ans après, ils se rendent compte que le produit n’était qu’une pacotille. Et avec lui, c’est l’échec de tous ces cadres qui viennent de la banque centrale. En 2016, les Béninois iront une fois aux urnes pour choisir un nouveau président. Beaucoup de potentiels candidats commencent déjà à s’annoncer. Ils auront à faire un choix délicat, celui de choisir celui qui dirigera notre pays pendant cinq ans. Qui sera-t-il ? On ne saurait le dire. Si la majorité des  Béninois cherchent encore pour qui voter en 2016, ils sont nombreux  à savoir et à dire ceux qu’il faut éviter en 2016. Dans les discussions de rue, dans les gargoteries, les ateliers, les amphis et  même les églises, il revient constamment une phrase : « vraiment, ces banquiers là, ils ont échoué ». D’autres poussent leur aversion  au point de dire « nous ne voulons plus de banquiers à la tête de notre pays ». Ils rappellent à profusion la grosse désillusion née des huit ans de Boni Yayi au pouvoir.  En 2005 ou 2006, tous avaient succombé au discours flatteur des chantres du changement. Des plus vieux comme Albert Tévoédjrè, Moïse Mensah aux plus jeunes, tous ces soutiens du Chef de l’Etat avaient vendu aux Béninois «un messie », « le banquier qui a doublé presque le chiffre d’affaires de la Banque ouest- africaine de développement et qui est le seul qui peut aider notre pays à se redresser et sortir des sentiers battus ». On se rappelle cette phrase mémorable du professeur Albert Tévoédjrè, alors en campagne pour son candidat dans le marché de Dantokpa, «  il n’est pas que banquier, c’est un banquier de développement ! ». Dans les hameaux et les villages reculés du pays, le discours avait été plus flagorneur et plus séduisant : « l’homme qui venait au pouvoir vient de la Banque qui frappe les billets et il suffit de lui donner le pouvoir pour le voir déverser sur notre pays des cargaisons de billets de banque ». Quoi de plus beau.  Mais à l’épreuve, l’éléphant annoncé est arrivé avec un pied cassé.  La lutte contre la cherté de la vie s’est soldée par un échec cuisant. En huit ans, toutes les denrées de première nécessité ont doublé de prix. Le taux de croissance stagne toujours à 5, 6 alors que le candidat Boni Yayi avait promis à deux chiffres en 2014.  La corruption a pris de l’ampleur avec de nombreux scandales Icc-services, Cen-Sad, siège de l’Assemblée nationale, machines agricoles… Mais sur le plan politique, c’est le comble.  Le banquier a ouvert un conflit permanent  avec la classe politique et plongé le pays dans une crise politique récurrente et préjudiciable à tout développement.  Cet échec a montré également celui de tous ces autres cadres amenés de la Bceao. De Koupaki à Jonas Gbian en passant par Marcel de Souza, Idriss Daouda, Soulé Mana Lawani, Antonin Dossou, tous ont quitté la Banque centrale mais ont eu ici des bilans assez mitigés.

Tourner la page

Avec cette gestion catastrophique à la tête du pays, le mythe du banquier sauveur est tombé. En 2016, les Béninois vont devoir tourner cette page et voir d’autres profils. Ils ont compris que la gestion d’un pays, et surtout du Bénin n’est pas assimilable à la gestion d’une banque. Ils ont compris que la gestion d’un pays est après tout une affaire de gestion des hommes. Il faut travailler tous les jours pour garder l’harmonie entre les institutions de la République. Il faut gérer l’armée, faire confiance à  des hommes de qualité, savoir mettre des gens aux postes qu’ils méritent, gérer des intrigues. Il faut être capable de gérer tout cela pour réussir à la tête d’un pays. Tous ces chantiers ne sont pas forcément des domaines de prédilection des banquiers. Et ça les Béninois l’ont compris désormais. Avis donc aux banquiers candidats.

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