Jeunes et vieux, même combat

Incontestablement, la jeunesse est une force. Ce n’est pas, ce disant, l’évangile du jour. Il s’agit bien d’une vérité   éternellement gravée au fronton de toutes les sociétés de la terre. La jeunesse, c’est la fine fleur de nos ressources humaines. On doit y tenir comme à la prunelle de ses yeux. Un pays qui ignore sa jeunesse ou une jeunesse qui s’ignore elle-même, va droit dans le mur. Et bonjour les dégâts ! Ils sont incalculables. Ils sont incommensurables.

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La jeunesse béninoise peut-elle être la solution aux problèmes   de notre pays ? La question renvoie à un triste constat. La jeunesse béninoise est encore et largement un problème pour le Bénin. S’égrène le long et triste chapelet de nos échecs : politiques de santé et de protection de l’enfance ; politiques de formation et d’éducation de la jeunesse ; politiques d’emploi des jeunes, des jeunes diplômés notamment. Même sort pour nos politiques de loisirs. Enfin, la famille, sur un plan strictement privé et domestique, est en crise. Ce qui rend difficile le dialogue parents-enfants.

La sagesse africaine ne s’y est pas trompée : « Tant vaut la matrice, nous apprend un proverbe peul,tant vaudra le bijou qui y sera coulé ».  Pour dire que quand la jeunesse de notre pays exprime son dégoût, éructe sa déception ou crache son ras-le-bol, elle ne pose pas un acte formel, gratuit. Elle instruit, en bonne et due forme, le procès de notre société.

On comprend ainsi que le désarroi de notre jeunesse prenne la forme et les allures d’un acte d’accusation en règle. Cette jeunesse tient, en effet, l’échec des aînés pour la cause de ses malheurs. Cette jeunesse tire de cette situation la conclusion selon laquelle les aînés doivent dégager le plancher et faire place nette. Les feuilles mortes ont-elles un autre destin que de tomber, que d’être emportées par le vent ? Qu’on laisse donc les jeunes pousses apparaître, s’épanouir, grandir.

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Nous ne sommes pas loin d’une injonction. Celle que la jeune génération, impatiente de mettre le pied à l’étrier, formule et jette à la figure de la génération des aînés. Disons-le sans prendre des gants : l’emballage de la colère des jeunes est mauvais. Il laisse percer une violence excessive. Il s’accompagne d’une forte dose d’insolence et d’impertinence. Mais la colère des jeunes, somme toute, est juste et légitime. Au-delà des aînés qui s’accrochent avec l’énergie du désespoir et font de l’ombre aux jeunes, c’est un système qui est en cause. Toute mission qui commence doit anticiper sa fin. Ceci en termes d’exigences et d’obligations pour celui qui la conduit. La nature n’a-t-elle pas mis fin au règne des dinosaures ? Il doit être dit et gravé dans du marbre que assurer l’avenir, donc la pérennité de son œuvre, c’est préparer sa propre relève. Il suffit de le comprendre pour nous libérer d’une inutile querelle intergénérationnelle. Voici quelques uns des principes qui doivent servir de credo aux jeunes s’ils veulent s’imposer, dans nos sociétés, comme la force crédible d’une saine relève.

Premier principe. La table rase n’est qu’une vue de l’esprit. Pour dire que les jeunes ont beau contester les aînés, ils ne partiront jamais de zéro. Sous les semelles de leurs chaussures neuves restera coller un peu de terre ancienne, preuve tangible d’une part d’héritage transmise et consciemment ou inconsciemment assumée. C’est Renan qui l’a bien compris : « La vie, écrit-il, est à l’image d’un pont construit par les morts et sur lequel cheminent les vivants »(Fin de citation)

Deuxième principe. L’école formelle doit aller de pair avec l’école de la vie. Il s’agira, pour les jeunes, d’accumuler des connaissances générales, mais aussi et surtout des connaissances spécialisées pour être intellectuellement et techniquement outillés et compétents. Il s’agira, pour eux, de se forger une conscience éthique du devoir et du service pour être, dans une dimension humaine appréciable, architectes du présent, bâtisseurs d’avenir.

Troisième principe. La tête est capitale. Pour jouer sur l’étymologie latine « caput », la tête. La jeunesse béninoise, africaine doit conquérir prioritairement la tête, sa tête. L’enjeu, c’est penser avec sa tête et non plus avec la tête d’autrui. C’est penser par soi-même et pour soi-même. Sous l’éclairage de Napoleon Hill : « Tout ce que l’esprit de l’homme peut concevoir et croire, l’esprit de l’homme peut le réaliser »

 

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