L’emploi à la loupe

L’emploi rime avec exploit. Un gouvernement qui offre des emplois, autant qu’en demande le marché du travail, doit être cité en exemple. Des citoyens autonomes qui créent leur entreprise, s’auto-emploient, se taillant ainsi une place dans l’univers impitoyable du travail, sont des héros.

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L’emploi, dans le monde contemporain, est un enjeu capital. Il conditionne le succès ou l’échec d’un gouvernement. Il détermine le destin de la société globale. Celui du citoyen lambda aussi. L’équation de l’emploi confond tous les âges, tous les niveaux d’instruction et domaines de compétence.

L’équation de l’emploi est devenue un véritable casse-tête. Une équation difficile et complexe, avec de nombreuses inconnues. Si bien que, aujourd’hui, le sentiment le plus largement partagé, c’est que tout emploi est bon à prendre. Quel qu’il soit. Quoi qu’il rapporte. Une grande confusion et un flou artistique entoure la notion de l’emploi. Un peu de lumière ferait du bien à tous.

Première remarque. Il faut cesser de confondre emploi et travail. On peut parler de création d’emplois. Mais on ne saurait dire « création de travail ». L’emploi peut venir à être rare ou à manquer. Le travail, par contre, est permanent et ne   finit jamais. L’un est l’occupation rétribuée par laquelle quelqu’un accomplit une tâche. L’autre est une action nécessaire à l’accomplissement d’une tâche. Ne pas pouvoir donner suite, à CAPP FM, faute d’emplois disponibles, à la demande d’emploi d’un jeune postulant, ne veut pas dire qu’il n’y a pas de travail à CAPP FM.

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Ainsi, beaucoup aspirent à un emploi. Mais ne comprennent pas la nécessité de se forger une philosophie du travail, de se rendre utiles par un travail. De même, beaucoup aspirent à un emploi, mais n’aiment pas travailler. C’est, en somme « Je veux manger, mais je ne veux pas travailler ». Au total, le travail est pour l’emploi ce que l’eau est pour le poisson. Hors de l’eau, le poisson meurt.

Deuxième remarque. Il faut sortir de la logique de l’emploi pour l’emploi.L’éventail est large entre un faux emploi, l’emploi rare, l’emploi utile, l’emploi rentable, l’emploi à durée déterminée ou à durée indéterminée. L’emploi est une variable à ramener en permanence à un contexte donné. Aussi convient-il d’en dégager les contours et d’en fixer le sens. Ceci, au cas par cas et tout en étant tenu par cet esprit de relativité tout à fait pascalien :   « Vérité au-deçà des Pyrénées, erreur au-delà »

C’est un faux emploi que celui qu’exerce cette jeune fille. Sur sa tête se promènent, une journée durant, à travers de la ville de Cotonou, quelques babioles de quatre sous. Cette oisiveté ambulante et à haut risque pour une jeune fille n’est que et ne peut être rien d’autre qu’un cache misère. L’emploi peut se faire rare, dès lors que le rapport entre l’offre et la demande d’emplois accuse un déficit, un gap significatif. L’emploi utile est celui que l’on sait d’utilité et qui est recherché tel. Mais un tel emploi peut n’être utile qu’au bénéficiaire au détriment d’un prestataire dévalorisé, dépersonnalisé. Il n’y a pas de doute : il y a des formes d’esclavage contemporain qui ne disent pas leur nom. Sous le couvert du travail, ces abominations participent   d’une exploitation éhontée, faisant de l’homme un loup pour l’homme. Voulez-vous mettre un nom, une dénomination sur ces types d’emplois ? Alors suivez notre regard.

Troisièmement. Il faut s’imposer le devoir morale de ne pas faire un travail qu’on ne sait pas.Ici se pose le problème crucial de l’apprentissage et de la formation. Nous devons y veiller comme à la prunelle de nos yeux. Un emploi fait référence à un métier. Lequel suppose un ensemble de savoirs et de savoir-faire maîtrisés. Le bâtiment, par exemple, est le point de rendez-vous de plusieurs métiers déterminés : la maçonnerie, le carrelage, la plomberie, la menuiserie, la ferronnerie, la décoration, l’ameublement …Les spécialistes du bâtiment au Bénin se désolent. Ils disent qu’il y a davantage de jongleurs qui se débrouillent que de vrais hommes et femmes de métiers qui honorent ce qu’ils sont censés connaître et monnayer. La qualité de la plupart des maisons qui se construisent chez nous en prend un sérieux coup. Simple addition de médiocrités pour un résultat forcément médiocre. C’est Napoléon qui nous l’a appris : « La plus grande immoralité, c’est faire un travail qu’on ne sait pas ».

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