Emmanuel Golou 59 ans,est député à l’Assemblée nationale depuis le début du Renouveau démocratique hormis une parenthèse, pour ainsi dire, de deux ans comme Ministre de l’Energie du président Mathieu Kérékou.
Aujourd’hui il porte la double casquette de président du Psd (parti social démocrate) dirigé 23 ans durant par le président Bruno Amoussou, et Président du comité Afrique de l’International socialiste.
C’est à ce double titre qu’il s’exprime ici dans cette grande interview. Il évoque tour à tour les questions liées à sa charge » internationaliste » et les sujets brûlants d’intérêt national. Il n’occulte rien des questions qui fâchent comme les rapports avec les hommes d’affaires, la lépi et …la révision de la constitution. Interview :
Monsieur le président, vous êtes à la fois député à l’Assemblée Nationale, Président du Psd et président du comité Afrique de l’Internationale socialiste. On ne peut pas dire que vous vous exprimez souvent dans la presse.Nous saisissons donc l’occasion de cette grande interview que nous avons initiée pour passer en revue toutes les questions liées à vos « trois chapeaux »
D’abord , une question simple : la social-démocratie c’est quoi même ?
Président Emmanuel GOLOU : La social-démocratie est un ensemble de valeurs que sont la démocratie, la liberté, la justice sociale et la solidarité. Ce sont ces valeurs qui sous-tendent les projets politiques élaborés dans les laboratoires et «think tanks» sociaux-démocrates et portés par les partis politiques d’obédience social-démocrate. Pour être plus précis, je dirai que la social-démocratie c’est l’efficacité économique au service du bien-être de l’homme. Notre finalité c’est l’homme, et la maitrise du destin de l’homme. Vous comprenez pourquoi je suis très heureux, d’une part, de faire partie de l’Internationale Socialiste en ma qualité d’homme politique et de président du parti social-démocrate du Bénin ; d’autre part, l’immense l’honneur que j’ai de présider le Comité Afrique d’une telle organisation. C’est à notre pays le Bénin que revient tout l’honneur.
Quel est le rôle du Comité Afrique de l’Internationale socialiste sur le Continent africain ?
D’entrée de jeu, il faut dire que le Comité Afrique de l’Internationale socialiste est la branche Afrique de l’organisation mère qu’est l’Internationale socialiste. Les Comités régionaux définissent et informent le travail de l’organisation, selon leur région respective, et produisent des contributions depuis leurs perspectives nationales et régionales sur les politiques globales communes de l’organisation. Le comité Afrique regroupe l’ensemble des forces politiques (Partis, mouvements, etc.) et think tanks qui sont sur le continent et qui sont d’inspiration social-démocrate. Notre comité regroupe 60 partis politiques répartis dans 30 pays africains. Nous pouvons citer PSD au Bénin, l’ANC en Afrique du Sud, ADEMA au Mali, le PS au Sénégal, le NDC au Ghana, le MPLA en Angola, etc. La mission du Comité est d’œuvrer pour la promotion des valeurs de la social-démocratie dans la sphère décisionnelle et de défendre ses valeurs aux côtés des populations.
De façon concrète, la social-démocratie avait beaucoup travaillé aux côtés des partis politiques, des organisations et les forces de libérations nationales pour que les pays de l’Afrique australe soient définitivement délivrés du joug du colonialisme. C’est le cas de la Namibie pour son Indépendance, de l’Afrique du Sud pendant la période de l’Apartheid. Et depuis que je dirige le comité, nous travaillons beaucoup aux côtés des gouvernements sociaux-démocrates pour faire face aux crises que connaît le continent actuellement. Le comité se bat pour que la démocratie et la sécurité règnent un peu partout sur le Continent.
Quel est le cap de votre mission ?
C’est L’obtention d’un statut consultatif auprès de l’UA et des RER (regroupements économiques régionaux) pour contribuer, de par nos idées et valeurs à la construction, d’une Afrique plus rayonnante et plus vivable pour les Africains. D’ailleurs, ce point particulier a fait l’objet d’un débat très intense à notre comité Afrique tenu en en Tanzanie en Mars dernier.
Quel Bilan peut-on faire du Comité que vous dirigez depuis plus d’un an ?
Dès notre prise de fonction, après notre élection à Niamey, les membres du comité ont assigné à l’équipe que j’ai l’honneur de diriger pour un mandat de quatre ans deux missions principales : 1/ rendre le socialisme plus proche des peuples et plus visible en Afrique 2/ élargir la base du socialisme dans tous les pays Africains par la conquête du pouvoir d’Etat.
J’ai pris des initiatives dans le cadre de l’accomplissement de ces missions. Ainsi, j’ai organisé une tournée sur le continent qui m’a conduit dans plusieurs pays dont l’Angola, l’Afrique du Sud, le Maroc, le Sénégal, le Ghana, le Mali, le Niger, etc.
J’ai été à Sciences-Po Paris sur invitation des responsables pour prononcer un discours sur les défis politiques, économiques et sécuritaires de l’Afrique. J’ai assisté à une rencontre de haut niveau sous l’égide de la fondation Jean Jaurès en marge du sommet de l’Elysée organisé par le Président français, le camarade François HOLLANDE, sur la paix et la sécurité en Afrique. C’est important pour le comité de répondre chaque fois que nous sommes sollicités ou que l’agenda politique international l’exige et de défendre nos valeurs, mais aussi notre compréhension des enjeux mondiaux. Bref, notre vision pour un monde meilleur.
Quel est l’état actuel de la social-démocratie dans le monde ? Et en Afrique ?
La social-démocratie se porte très bien. Je vais commencer par l’actualité très récente, la brillante réélection du Président ZUMA de l’Afrique du Sud à qui le Comité a déjà adressé ses chaleureuses félicitations. Je lui adresse personnellement mes meilleurs vœux de succès pour ce nouveau mandat. Mais avant lui, l’élection de notre camarade Mario Renzi à la tète du Conseil en Italie, le retour au pouvoir au Chili de notre camarade Michèle Bachelet. En outre, nos camarades ont remporté, en Novembre 2013, les élections en République Tchèque ; la SPD en Allemagne a obtenu un résultat important aux élections législatives et a contraint la chancelière Angela Merkel à former une coalition avec ses élus. Le Président IBK au Mali dont la victoire se passe de commentaire sans rappeler les Présidents Alpha Condé et Mahamadou Issifou. Sur les 54 Etats africains, 18 sont dirigés par les sociaux-démocrates. Vous constatez avec moi que la social-démocratie se porte très bien sur le continent.
Quelle est la position de l’Internationale socialiste sur la question sécuritaire en Afrique ?
Les problèmes de sécurité sur notre continent ont pour noms : la piraterie, le djihadisme, le trafic de la drogue et des stupéfiants, les conflits armés. Nous saluons l’effort louable des Africains et de la communauté internationale pour la résolution de ces problèmes. Aujourd’hui, l’existence d’une conscience collective des problèmes de sécurité est un constat évident. Il faut passer à l’étape suivante qu’est la création d’une politique africaine en matière de sécurité comme il en existe en Europe. En ma qualité de Président du Comité Afrique de l’Internationale socialiste, j’encouragerai les chefs d’État et chefs de gouvernements sociaux-démocrates du continent à soutenir l’idée. En tant que Président du PSD et député à l’Assemblée Nationale, je soutiendrai l’idée dans le cadre régional (CEDEAO, UEMOA). D’ailleurs, les résultats d’une politique intégrée au niveau sous-régional en matière de piraterie sont éloquents.
En outre, le PSD a organisé à Cotonou les 4 et 5 Avril un colloque sur la problématique de la sécurité en Afrique avec des partenaires qu’est la Fondation Jean JAURES et la Fondation Européenne d’ Etudes Progressistes. Des délégations de partis politiques de gauche sont venues de plusieurs pays Africains. Nous avons eu, au cours de ce colloque, des échanges très fructueux. Le rapport est prêt et je félicite au passage le comité d’organisation et surtout les jeunes qui en étaient membres.
L’avancée du terrorisme en Afrique vousinquiète ?
C’est plutôt préoccupant. Pour mon pays le Bénin, la proximité avec le Nigéria et la porosité de notre frontière avec le géant voisin devraient nous amener à revoir notre cadre sécuritaire et législatif en matière de terrorisme. Les évènements de Nairobi, même si c’est une situation singulière et propre à l’influence du KENYA dans la zone, sont pris au sérieux par le Comité que je dirige. Nous soutenons dans le cadre d’une politique de sécurité commune la création d’une force d’intervention rapide au sein de l’UA.
J’ai proposé la création d’un Fond Spécial pour la Sécurité en Afrique (FSSA) dont les premiers contributeurs seront les États africains et les institutions commerciales installées en Afrique ou qui ont des activités en Afrique. C’est une idée nouvelle que nous voulons soutenir et porter au niveau de la commission de l’Union Africaine. Ainsi, la création d’une taxe au niveau des États est une piste qui peut être envisagée pour renflouer le Fond. L’idée c’est d’appuyer en moyens financiers la force africaine d’intervention rapide et de financer les politiques intégrées de sécurité sur le continent. C’est l’un des moyens indispensables à la prévention des crises sur notre continent.
Comment se présente la situation en République Centrafricaine ?
J’ai reçu à Cotonou, il n’y a pas longtemps, Monseigneur NONGO de Bosangwa, évêque de Centrafrique pour discuter de la situation dans son pays. Nous avons échangé sur la situation socio-politique dans ce pays et surtout le climat délétère en matière de sécurité qui prévaut actuellement dans le pays. Je félicite et j’encourage les initiatives prises dans le cadre de la CEMAC. Nous allons aider nos camarades sociaux-démocrates centrafricains à la proposition d’une conférence nationale pour résoudre définitivement les crises d’État cycliques que connait ce pays depuis longtemps. Nous partageons la douleur de ce peuple frère et nous leur souhaitons un futur meilleur. Mais ce futur meilleur dépend de la volonté des Centrafricains, les responsables politiques surtout. Mon souhait est que tous les acteurs externes et internes de cette crise donnent une chance à la transition en cours.
Je voudrais ajouter que je conduis une mission de notre Comité la semaine prochaine à Bangui. Notre démarche est d’aider nos frères et camarades centrafricains à retrouver la paix et la quiétude.
Que font vos camarades socialistes qui sont au pouvoir en Afrique par rapport à ces crises que connait le continent ?
Je ne suis pas membre de leurs gouvernements respectifs. Donc je ne saurai être un porte-parole légitime pour parler en leur nom. Ce que je peux dire, c’est que nous sommes satisfaits et fiers du travail que nos camarades font à la tête de leurs pays respectif. Je félicite le camarade-Président IBK qui apporte un nouveau souffle pour son pays le Mali et qui travaille avec les organisations régionales et la communauté internationale pour une résolution définitive de la crise qu’a connue son pays. Notre camarade, le président Issifou de la République du Niger s’est impliqué avec succès dans la résolution de la crise malienne. Le Président Alpha Condé de la Guinée également. Enfin nos amis de l’Afrique australe, les Présidents de la Zambie et de la Tanzanie, ne ménagent pas leurs efforts quand ils sont sollicités dans la prévention et la résolution des crises sur le continent depuis qu’ils sont au pouvoir. Comme je vous l’ai dit au début de cet entretien, nous sommes engagés auprès des populations. Nous apportons notre contribution pour les mettre à l’abri des menaces.
Par ailleurs, je vous précise que le Vice-président du Comité Afrique est le camarade Ebrahim Ebrahim, Vice-ministre des Affaires Etrangères de l’Afrique du Sud. C’est ensemble avec les autres membres du comité, mais surtout en consultant nos camarades chef d’Etats, que nous prenons les décisions concernant nos positions sur les problèmes auxquels est confronté le continent. Je suis très honoré par son implication et sa disponibilité, malgré ses charges nationales liées à la fonction qu’il occupe. Enfin, je suis souvent consulté par le Président Jacob ZUMA, chez qui je prends régulièrement conseil sur les défis et les enjeux du continent, surtout par rapport aux approches de solutions.
Abordons à présent la difficile question de l’emploi des jeunes sur le continent.
Je pense qu’une nation qui refuse d’utiliser l’énergie de sa jeunesse est une nation éteinte. Les responsables politiques et les gouvernants le savent. Ils y travaillent en permanence et en tant que Président de parti politique, ancien ministre je peux rassurer la jeunesse sur ce point. En dehors de mes occupations politiques, je suis Expert-Consultant auprès d’Institutions Financières Internationales et en cette qualité j’ai beaucoup travaillé sur la problématique de l’emploi des jeunes. Je vous rassure, dans cette guerre nous sommes entrain de gagner une bataille capitale : la formation des jeunes, une formation de qualité en plus.
Que voulez-vous dire par là ?
C’est-à-dire que nous disposons aujourd’hui en Afrique des jeunes formés sur le continent, qui sont très compétents et très compétitifs. Il faut noter également que dans certains domaines où il y a quelques années nous ne disposons pas des unités de formations sérieuses, le retard vis-à-vis de l’Occident et de l’Asie sur ce plan est comblé. Le déploiement fécond de la jeunesse africaine dans la gouvernance mondiale et dans des domaines stratégiques est une constatation évidente. D’ailleurs beaucoup d’Experts dont Mo Ibrahim et Lionel Zinsou affirment que l’Afrique sera à moyen terme le « grenier et l’atelier » du monde. Le préalable d’une jeunesse compétente et compétitive est un acquis et sera un atout majeur dans cette perspective. J’ai la ferme conviction que nos jeunes sont prêts.
On retient quoi, de façon concrète et pratique ?
Nous avons les potentialités sous-exploitées et mal exploitées. La création d’un cadre d’investissement sécurisé est la seule passerelle entre un pays et les investisseurs. C’est le sens du partenariat public privé. Nos jeunes ne demandent que des opportunités. Nous avons la capacité et les moyens de les créer. Je m’y engage. J’y travaille.
Voilà qu’au Bénin le climat est délétère entre les hommes d’affaires et le chef d’Etat : quelle est votre impression ?
Il est indispensable pour tout Etat de disposer d’un fleuron solide d’hommes d’affaires nationaux qui prospèrent tout en respectant les règles du jeu. Par rapport au climat délétère dont vous parlez, mon cher ami c’est vrai que c’est déplorable, mais je reste serein et confiant pour notre pays. La tempête va passer. C’est les choses inimaginables, voir impossibles qui se passent souvent dans notre pays. Le calme va revenir. J’ai espoir. Connaissant les acteurs, n’ayons pas peur.
mais on constate que la politique politicienne s’en mêle…..
En tant que responsables politiques, nous avons l’obligation de protéger les hommes d’affaires et de les accompagner. Nous devons ensemble définir les orientations économiques stratégiques pour le pays et travailler à faire rentrer des capitaux étrangers pour améliorer notre balance commerciale. Tout cela dans le respect des principes de la bonne gouvernance et dans un partenariat transparent. Nous devons éviter, autant que faire se peut, les rapports incestueux entre le monde des affaires et la politique. Nous sommes capables de travailler ensemble pour l’intérêt général. C’est ma conviction.
La table ronde des investisseurs qu’organise le gouvernement à Paris : vous y croyez ?
Je souhaite plein succès à l’évènement et je félicite le gouvernement pour l’initiative. Toutefois, en tant qu’homme politique nous aurons, certainement dans le cadre de l’opposition parlementaire, à adresser des questions au gouvernement pour mieux comprendre la gestion des décisions et des retombées de la table ronde. Toutes les réflexions pour faire redécoller le pays de nouveau existent. Il faudra en tenir compte au lieu de perdre du temps sur d’autres réflexions.
Parlons à présent des sujets qui agitent actuellement la classe politique, notamment la correction de la LEPI et la révision de la constitution : quel est votre avis sur ces questions ?
Président Emmanuel GOLOU : Sur la question de la correction de la LEPI, je n’ai pas un avis particulier en dehors de la position de l’Union fait la Nation. J’ai une conception très généreuse de la discipline du groupe. Le PSD que je préside est membre de cette alliance politique. Je suis député et membre du groupe parlementaire que dirige mon collègue et très dynamique He Eric Houndété. Il a eu l’occasion de donner nos points de vue sur les questions essentielles et évidentes qui entourent cette correction. Je profite pour adresser mes félicitations et mes encouragements à mes collègues Députés délégués au Cos-lépi. La mission est très délicate et je crois qu’ils mettront l’intérêt général au-dessus des ambitions partisanes.
Et sur la révision de la Constitution…… ?
Je dirai la même chose que pour la Lépi. Et je vais rappeler que dans une étude très sérieuse publiée par l’IREEP en 2008, les Béninois dans une majorité écrasante (80%) sont attachés à la démocratie. Nous devons travailler pour sa consolidation et pour son rayonnement. C’est l’une des valeurs cardinales de la social-démocratie. Je voterai contre toute révision opportuniste. J’invite les responsables politiques, les élus et les acteurs publics à dépassionner le débat pour éviter le risque d’être détourné de l’essentiel : l’intérêt supérieur de la nation.
Comment se porte le PSD ?
Le PSD se porte à merveille et je suis très honoré d’être à sa tète. J’ai le soutien des militants, des sympathisants et des cadres et responsables à divers niveaux des structures du parti. C’est une mission que j’assume avec hauteur et fierté.
Certains parlent d’un grand vent de division qui souffle sur le parti, qu’en est-il ?
Je ne pense pas. Au-delà des sentiments et querelles de personnes sans fondements majeurs, le PSD se porte à merveille. Nous avons un projet commun, des convictions communes et le rêve d’un Bénin meilleur en commun. C’est le plus important à mon avis. Toutefois, je reconnais que je travaille avec une équipe très jeune et cela gène les habitudes.
Le PSD est toujours membre de l’Union fait la nation : comment se porte-t-il depuis la défaite de 2011 ?
Il se porte bien. Elle fait son chemin, il résiste à la tempête et est toujours présent. Les victoires sont faciles à gérer, mais les défaites divisent beaucoup. Je vous invite à observer la situation de l’UMP en France. Un si grand parti, bien outillé financièrement et idéologiquement, mais qui peine sous les décombres d’une défaite. Nous travaillons pour l’avenir et nous allons y arriver. C’est ce qui paraît important à mes yeux. Et non les rivalités de chapelles, les querelles de personnes et les rumeurs.
Que pensez-vous de la situation socio-politique qui prévaut dans le pays ? Votre silence est mal perçu dans l’opinion, il parait….
Mon silence ? Non, je ne pense pas. D’abord, il faut que vous le sachez je ne suis jamais indifférent à ce qui se passe dans notre pays. Je suis à la tète du Parti Social Démocrate depuis 1an et demi et comme vous le devinez, succéder à un personnage très emblématique et charismatique comme le Président Bruno Amoussou n’est pas une tâche aisée. Il a dirigé le parti pendant 23 ans et nous avons appris beaucoup de choses à ses côtés. C’est un grand honneur pour nous. Le parti doit faire face aux exigences actuelles des réalités politiques nationales dont la plus importante à notre avis demeure la formation politique et une intégration plus rapide des jeunes. C’est la mission principale du bureau que je préside. A cela s’ajoute mon agenda international un peu chargé. Dans tous les cas, nous travaillons au sein du parti à préparer les jeunes pour une relève apaisée et rassurante. On a pris l’option de le faire sans le moindre bruit.
Particulièrement par rapport à la crise sociopolitique qui prévaut, je pense que nous devons davantage travailler pour trouver des mesures préventives qui pourraient nous permettre d’éviter les conséquences actuelles : une grave entorse à l’éducation de nos enfants. Les conséquences des grèves, quelque soit le secteur sont néfastes pour nous tous. Que tu sois de la mouvance ou de l’opposition, nous devons souhaiter et contribuer à un dialogue sincère et franc. La démocratie, la liberté d’expression et le travail bien fait sont les points cardinaux qui nous feront avancés. Mais l’excès d’ego et le manque de sincérité peut engendrer une crise sociopolitique qui peut nous conduire à un chaos général.
Comment pouvons nous éviter ce chaos ?
Pour moi, toutes les questions qui concernent les affaires publiques ne sont pas des questions politiques et toutes les questions politiques ne sont point des questions partisanes. La qualité et la nature du dialogue social au Bénin nous interpellent tous. Nous pouvons, par une loi, créer un cadre formel de dialogue social sous l’égide du Conseil Economique et Social. Ce cadre, pour être effectif et efficace, doit intégrer tous les acteurs publics (mouvance, opposition, société civile, partenaires sociaux, etc.) et s’appuyer sur les expériences des crises précédentes. Ma position est claire et nette, nous pouvons éviter ces crises qui nous détournent de l’essentiel : l’amélioration des conditions de vie des Béninois et les enjeux futurs pour notre pays.
Justement, parlons du futur. Monsieur Emmanuel GOLOU, avez-vous les idées pour 2016.
(redressement et sourire) Bien sur. J’y pense tous les jours. Et comme votre question concerne les idées, c’est dans la norme des choses qu’en tant que Président du PSD, que j’ai des idées sur l’avenir de mon pays. L’idée qui m’anime et m’habite c’est qu’il y aura une surprise en 2016. Cette surprise s’appellera « Jeunesse ». Les jeunes sont prêts à assumer leur part de responsabilité. C’est dommage que nous manquions dans nos partis des cadres d’intégration à la dimension de leur compétence. C’est pourquoi depuis que je suis à la tète du PSD, j’ai initié des formations, avec des fondations partenaires du parti, au profit des jeunes et des femmes. J’ai pris l’option de travailler avec une équipe très jeune et je ne m’en plains pas.
Cela dérange les habitudes traditionnelles ?
Je comprends. J’assume pleinement les conséquences. Ils sont tous de la trentaine. Mon directeur de cabinet, mon directeur de protocole, mon conseiller spécial, etc. Je vous assure que je suis satisfait de la qualité du travail qu’ils abattent à mes côtés. Je suis très séduit par la qualité de notre jeunesse. Je veux bien être à leur rendez-vous et je le serai par la grâce de Dieu.
Vous voulez dire que vous serez candidat ?
Je vous en prie, par respect aux Béninois soyons modestes et patients. Je suis député de la 10e circonscription électorale. J’ai un mandat qui court toujours et j’espère à la fin je présenterai le bilan de mes actions parlementaires aux populations de ma circonscription. Ils apprécieront. Je suis également depuis 2ans élu Président du PSD. C’est un honneur. Et j’estime c’est une tache difficile et subtile. Il faut réorienter le parti sans bousculer ses valeurs de bases. Je suis également le premier responsable de la social-démocratie en Afrique. C’est une charge qui exige un leadership international. C’est avec un bon bilan avec ses différentes responsabilités que je vais tirer les conséquences qui s’imposent dans l’intérêt du Bénin d’abord et surtout avec l’Union fait la Nation, alliance politique dont le PSD est l’un des membres fondateurs. J’ai construit ma vie personnelle sur le mérite et la famille. Je suis contre l’opportunisme. Je veux bien incarner le mérite dans mes ambitions.
Quelles sont alors vos ambitions pour le Bénin ?
Riche de mon parcours politique et de mes expériences professionnelles, je connais le pays, ses problèmes mais aussi ses potentialités. La conviction d’un Bénin fort, rayonnant et généreux est le rêve de tous les Béninois. Oui ce rêve est possible ! Ensemble nous devons réconcilier les Béninois avec eux-mêmes, bâtir une nouvelle espérance avec la jeunesse et rendre l’Etat aux citoyens par une politique dont le socle sera le mérite. Social-démocrate, je me suis engagé aux côtés des Béninois depuis plusieurs années pour une politique qui se repose sur trois piliers.
Un Bénin pour tous ! Les Béninois, du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest en passant par le Centre doivent se sentir chez eux sur l’ensemble du territoire national. L’avenir de notre pays réside dans la consolidation de l’unité nationale et la cohésion sociale. Les femmes seront les actrices de ce grand projet. Car la femme plus que le mari se soucie chaque jour de l’avenir des enfants, donc de la nation.
La Jeunesse ! Ce que veulent les jeunes béninois c’est que nous les ainés nous assumons nos responsabilités vis-à-vis d’eux. C’est légitime et je veux nouer un pacte- sous la forme d’une nouvelle espérance, avec cette jeunesse qui me passionne par sa qualité et son leadership. Ce pacte se décline en trois mots : Confiance-Opportunité-Responsabilité.
Une démocratie du mérite ! Il n’y aura, avec moi Emmanuel Golou pour nous Béninois d’autre loi que la loi du mérite. Un pouvoir du mérite, pour le mérite et par le mérite. C’est par cette politique de la méritocratie que je me suis engagé à rendre l’Etat aux citoyens, le Bénin aux Béninois et la politique à la société. L’égalité des chances pour moi, c’est que tous les Béninois qui ont du mérite soient valorisés par la République.
Je dis à la jeunesse que l’avenir est certain, soyons sereins et n’ayons pas peur d’affronter ensemble le futur. J’exhorte nos jeunes à s’intéresser à la politique. A rester dans la politique et non à côté de la politique (Sourire). Que la jeunesse ne se trompe pas de combat et de débat. Le rêve d’un autre Bénin est possible.
Président Emmanuel GOLOU, Député à l’Assemblée Nationale,
Président du PSD, Président du Comité Afrique de l’Internationale Socialiste