«Traces à venir» : Bible ouverte sur les misères et les rêves de l’existence humaine

De ses gonds d’universitaire et de critique littéraire à verve, le Professeur Guy Ossito Midiohouan sort et commet un recueil de nouvelles et de récits, sous un titre à connotation prémonitoire « Traces à venir » qui se révèle une bible ouverte sur  ce qui fait nos tristesses, peines, chagrins, joies et espérances.

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Le professeur Guy Ossito Midiohouan nouvelliste ! Cela n’était pas connu du grand public qui de lui dirait simplement, «un Professeur au département des Lettres Modernes à l’Université d’Abomey-Calavi et critique littéraire ». Et pourtant, nouvelliste, le professeur Guy Ossito Midiohouan l’est. Il s’est révélé au public béninois sous cette facette cachée à travers son dernier ouvrage  « Traces à venir ». Un recueil de nouvelles et de récits, paru cette année aux éditions Plumes soleil et préfacé par un de ses anciens étudiants, une des actuelles figures de proue de la littérature béninoise, Florent Couao-Zotti. « Traces à venir ». Quel titre divinatoire !, peut-on s’exclamer, curieux de savoir de quelles traces, il parle.

Ce qui est à venir

Connaissez-vous la loi de cause à effet ? A la recherche des traces à venir dans les quelques 213 pages de cette œuvre, on découvre, redécouvre pas à pas, la loi de Lavoisier. Ce qui a conduit de telle situation à telle autre. Les vraies raisons de la décadence existentielle depuis le cercle familial à la société et au monde. «Les ‘’Traces’’ qu’il vient de semer ne sont plus à venir, mais elles sont là tout simplement» dira le préfacier à la page 15. Ce qui était, qui est et qui sera, c’est une société déchirée à partir du cocon familial. L’auteur attire l’attention sur le gouffre dans lequel une éducation rigide conduit les familles dans lesquelles le père se comporte comme l’omnipotent, l’omniscient, terrorisant femmes et enfants. Ces familles comme on peut le constater dans la première Nouvelle « Barouf à L.» PP 19-56, ou dans la première Lettre « Une lettre inachevée » PP. 87-115, sont des théâtres de chaos, de frustrations, de révoltes où une petite fille de 12 ans peut se permettre d’hurler à ses parents « qu’on nous foute la paix ». P.56

Ce qui était et qui pourrait encore venir, c’est que le bon esprit, sous  la magie des manipulations politiques, se métamorphose en « Un crétin citoyen, complice conscient ou inconscient d’une dictature sauvage, vainqueur abusé d’une lutte fratricide (…), membre d’une société sclérosée, ignoble bétail conduit à l’abattoir des mots… » P.102. Dans une autre lettre coincée entre les pages 187 et 192, destinée à Joseph Nsengimana, universitaire et écrivain rwandais, on retrouve également les traces du génocide rwandais dont on vient de commémorer le 20ème anniversaire. L’auteur y exprime son émoi, provoqué par les images horribles qui défilent sur petit écran et son inquiétude sur ce qui advient de son ami. « Depuis deux mois, je gémis devant l’immense carnage»  consigne-t-il dans cette Lettre.

Toutes ces traces et bien d’autres plaies qui avilissent l’existence humaine, nécessitent qu’on implore une certaine pitié. Et c’est à dessein, que l’auteur subdivise son ouvrage en trois parties dont « miserere mei » -«Pitié pour moi»- la première, «miserere nobis » -pitié pour nous- la deuxième et « Evasion » la dernière où il partage ses notes de voyages au Venezuela en Amérique latine, en Chine dans l’Asie.

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De l’écriture

Autres traces qu’on retrouve dans cette œuvre, ce sont celles d’une écriture empreinte de descriptions minutieuses, de poésie dans un langage châtié. Loin d’être aussi une œuvre exclusivement académicienne, le professeur Midiohouan amuse son lecteur avec des expressions stéréotypées usitées en langues locales, le fongbé et le gengbé notamment. Ceux allant des surnoms familiaux tels que «Fofo », « Fogan », aux substantifs qualifiants « Cheffou », au nom de mets « founfouin », « gali » surnommé « sulfate gonflante de garium » et aux interjections « Aooooh ! », « Eyooooh ! », il y en a à foison. L’auteur a aussi opté pour des textes très courts mais assez captivants. Ceci est constatable avec la nouvelle « L’ami Goder » de six pages, qui est d’une charge émotionnelle intense. Et puisque les « Bonnes nouvelles ne viennent pas du hasard » comme le dit le préfacier, ces nouvelles et lettres pourront aussi servir de modèles à ceux qui veulent s’aventurer sur le chemin de l’écriture.

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