Au Bénin, ce petit pays de l’Afrique de l’Ouest anciennement appelé Dahomey, il n’y a pas que des Béninois, dignes fils et filles de Houégbadja, de Kaaba… On y trouve aussi des «bénis dans le noir».
D’hypocrites personnages dangereux, dépourvus d’humanité et ennemis du progrès dont le rappeur béninois, unique en son genre, Radama-Z donne le profil dans son tube «Hééélou».
« Comme la nôtre, elle a son revers : un individualisme accusé, qui parfois laisse à redouter les pires divisions. D’homme à homme, de ville à ville, de pays à pays, ce petit pays heureux est prêt à se déchirer.» Voilà ce que dit Emmanuel Mounier, de l’intelligence dahoméenne qu’il compare à celle française. Il a sans doute vu juste. Puisque plus de 60 ans après lui, le jeune artiste béninois Radama-Z lui donne raison dans son tube «Hééélou -Haro!-» où il laisse couler son déchirement face à la cruauté caractérielle de ces «bénis dans le noir» qui trahissent, trompent, emprisonnent, font disparaître et tuent d’honnêtes cadres du pays dans une hypocrisie déconcertante.
Profil du «bénis dans le noir»
«Autant me fier à l’animal qu’à l’humain». C’est à cette regrettable résolution qu’est arrivé Radama-Z, qui dans ce style rageur qu’on lui connaît, donne le profil de ces vils individus, déshonneur du pays. Ce qu’a dit Mounier, Radama-Z le renchérit exemple à l’appui. Il va dans les marchés et dénonce «des commerçants, commerçantes qui s’entredéchirent sous l’impulsion de la convoitise sauvage », dans l’administration et met à nu «des collègues qui usent de charlatanisme pour s’entrenuire». La liste n’est pas exhaustive. Des frères, des époux qui trahissent. En affaire, n’en parlons plus. C’est ce qui caractérise l’élite actuelle du pays. Un Honorable à l’Assemblée nationale du pays nous apprend à cet effet qu’«il n’y a pas de vertu dans les Affaires». Ceux-là, décrit l’artiste, «ils ne vous admirent guerre, ils sont des mécréants, vous guettent. Ce sont des hypocrites dont le sourire ne dépasse point la limite des dents qu’ils affichent. Ce sont des calomniateurs capables de sordides montages pour vous voir ruiné. Quand tu les invites à ta table, ils deviennent une épingle suspendue dans ta gorge». A la lumière de ce que montre l’artiste, ceux qui ont fait ceux qui sont- là, doivent être dans un profond regret. Des arrivistes qui se croient tout permis.
Pas de confiance!
Dans cette atmosphère minée, Radama-Z refuse de faire confiance, d’accorder du crédit à des propos. Ce qui le conduit à dire «il me serait plus profitable de croire en un animal». «Comment veux-tu que nous puissions nous asseoir autour d’une même table et discuter affaire alors que chaque jour, tu médites ma perte ? Comment veux-tu que nous soyons amis, partenaires alors que tu entretiens une convoitise sauvage à l’égard de mes biens, ma richesse ?» demande Radama-Z. Autant de questions qui pourront bien être posées à quelqu’un qui s’était amusé à dire que 1% des biens d’un tiers ferait le bonheur de ceux qu’il gouverne. Malgré la forme de la table de discussion qu’on dit ronde, Radama-Z conseille tout simplement qu’il ne faut pas faire confiance. «Que personne ne s’oublie à autrui sous prétexte d’un lien ou d’une amitié quelconque» chante l’artiste car poursuit-il, «le malheur n’est jamais le fruit d’un hasard. Il a toujours sa source parmi ces gens-là». Et interpellant, il persiste et signe «le malheur n’est jamais le fruit d’un hasard. Il a toujours sa source parmi ces gens-là. M’entends-tu cher frère ? M’entends-tu chère sœur?» A bon entendeur salut dira «Zik et Sagesse!».
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