5è mandature de la Haac : ce que les journalistes veulent

Nouvelle mandature, nouveau départ et nouvelles espérances. A cœur ouvert, les professionnels  des médias livrent leurs attentes.

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Franck Kpotchémè, Président de l’Upmb 

«Un code sans les peines privatives des libertés » : «  Nous souhaitons que cette mandature se mette très rapidement  au travail. Les défis là, très urgents. Par exemple, que la Haac puisse nous aider à rencontrer le chef de l’Etat. Bien évidemment, si les associations de professionnels veulent rencontrer le chef de l’Etat, nous avons nos moyens. Mais puisque c’est par la Haac que les états généraux de la presse ont été organisés, c’est le gouvernement qui a financé les états généraux, nous avons estimé qu’il est de bon ton qu’on passe également par la Haac pour aller remettre les actes des états généraux au président de la République. Sans avoir remis ces actes, nous ne pouvons pas rentrer dans la phase opérationnelle. Le comité de suivi qui a été désigné est là et attend que les actes soient remis officiellement au chef de l’Etat pour commencer par travailler. Donc nous sommes bloqués à ce niveau-là, alors que le chef de l’Etat à l’ouverture, avait émis le vœu d’accompagner la presse pour que  les décisions qui seront prises au cours de  ces assises puissent connaître une application. Mais dommage nous sommes bloqués à ce niveau. Nous  aurions souhaité que cette Haac travaille dans ce sens. Nous allons également souhaiter que cette Haac puisse relever le défis du numérique. Evidemment le travail n’est pas seulement au niveau de la Haac, mais aussi des associations des professionnels des Médias, l’Etat, tout le monde. Mais que la Haac puisse effectivement jouer sa partition  pour que le rendez-vous du 16 juin 2015 ne  soit pas raté. Et évidemment les défis de formation sont là pour cette mandature. Surtout que la Haac puisse nous aider à faire le lobbying nécessaire pour que la représentation nationale puisse doter le Bénin d’un code de l’information et de la communication sans les peines privatives des libertés. »

Herbert Hounyibo, Journaliste à ‘’La Presse du Jour’’

«La régulation apaisée» : «On peut théoriquement dire qu’il y a une majorité relative pour poser les vrais problèmes de la profession, les vrais problèmes de la régulation avec des regards de ceux qui ont pratiqué réellement le métier. Parce que pendant longtemps, cette régulation a été fortement influencée par le politique qui ne connaît pas toujours l’essence et la quintessence de la régulation à l’ère de la modernité de l’information et des technologies de communication.  

Il est possible d’espérer. D’abord nous avons trois qui ont été élus sur la base des promesses. Des promesses qui nous ont été faites, des promesses qui doivent être encadrées par une loi organique, par la Constitution, par le règlement intérieur de l’institution. Donc on peut espérer que cette Haac fera ce que nous appelons la régulation apaisée. Il faut souhaiter que cette institution aille au cœur de la régulation à l’ère du numérique, au cœur de la régulation à l’ère de la flambée des autres médias d’informations comme les réseaux sociaux. Il faut espérer qu’elle puisse avoir l’imagination fertile pour nous trouver des mécanismes utiles pour réguler. Car sans régulation c’est que nous tombons dans l’anarchie et dans l’irresponsabilité. Il faut nécessairement que la Haac puisse nous engager à aller sur la voie du professionnalisme. C’est la mission essentielle.»   

Laurence Ngandu, Journaliste télévision Canal3.

« On attend du concret » : « On attend du concret. C’est vrai que les précédentes mandatures  ont travaillé mais on n’est pas vraiment arrivé à ce qu’on attendait. Nous -mêmes en tant que professionnel des médias, nous sommes confiants qu’il y a beaucoup de problèmes dans la profession. On manque parfois de qualification, de formation. Et c’est tout ce qu’on attend de la cinquième mandature. Mais aussi, qu’on puisse aider les journalistes à pouvoir bien faire leur travail parce qu’il ne suffit pas d’être dans un organe de presse, de savoir parler ou s’exprimer pour dire qu’on est un bon journaliste. On est tous conscient qu’il y a beaucoup de lacunes et on attend des formations, de l’encadrement et du soutien. Ils nous ont présenté beaucoup de choses pendant qu’ils battaient la campagne, aujourd’hui on attend que le travail  puisse être bien fait et que la profession puisse donner le meilleur d’elle-même. Des femmes qui sont parmi eux, on attend qu’elles fassent bien leur travail. Il ne suffit pas d’avoir, 3, 4, 5 femmes dans une mandature  pour dire qu’on est en  train de militer pour la parité, l’égalité. Non ! L’essentiel est qu’elles fassent bien leur travail.»

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Dieudonné Katakoula, Directeur de publication du Journal ‘’Le Matin’’

«Non pour martyriser les journalistes, fermer les radios, les journaux » : «Nous allons avoir successivement trois à quatre élections  en moins de deux ans. Donc cette Haac travaillera à réorganiser la presse à pour réguler la campagne médiatique. Mais aussi, il y a de nouveaux défis. Le passage de l’analogique au numérique, les questions de liberté de presse parce que la précédente Hacc nous a habitués au marteau, à la chicotte et tout. Mais la Haac est d’abord un instrument de protection de la liberté de la presse. Et donc, je souhaiterais que cette mandature puisse savoir qu’elle est là pour protéger d’abord la liberté de la presse et non pour martyriser les journalistes, fermer les radios, fermer les journaux. Cette Haac devrait aussi travailler à définir une échelle de sanction par rapport aux sanctions qu’elle prend au terme des auditions publiques. Pour sanctionner tel ou tel responsable d’organe de presse, on a toujours eu l’impression que c’est de l’arbitraire. Parce que lorsqu’un journaliste commet une faute et qu’il est devant la Haac, au terme de l’audition il ne sait même pas à quelle sanction il doit s’attendre. Les sanctions tombent à la tête du client et il y a une échelle de différence de traitement entre journaliste. Il faut que la loi soit la même pour tous»

Victorin Fassinou, journaliste, Chef Desk Société-Culture,  ‘’La Presse Jour’’

«Des actions nobles» : « Avec cette  Haac, 5ème mandature, j’ai peur qu’en matière de liberté de presse le Bénin régresse jusqu’à tomber très bas. Quand on interroge l’histoire et on se rappelle que l’actuel président est un homme politique très au service de Yayi, on pourrait s’attendre à une pire mandature. Mais, on a des raisons d’espérer quand on se rappelle que les conseillers élus par les professionnels des médias  et certains désignés par le parlement  sont des gens de conviction. J’attends de cette Haac, des actions nobles pouvant rendre la presse béninoise plus respectée.»

 

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