Ce que le Président ni ne voit ni ne sait

Le Président ne peut tout voir. Le Président ne peut tout savoir. Hommage à ceux de ses concitoyens qui l’aident à voir et à savoir ce qu’il ne peut toujours voir et savoir. Si, comme on le dit, un homme informé en vaut deux, on peut estimer qu’un Président informé en vaut quatre. Bravo à tous ces « grogneurs » qui se chargent, sans frais, sur nos radios, de mener à bien cette mission d’information du chef.

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Commençons par ce divan présidentiel de tous nos soucis. Celui-là qui reçoit, pour les besoins d’interview de la presse, diverses personnalités au sortir de leur audience avec le Chef de l’Etat. Ce divan n’a rien de béninois. Cela se voit avec les effets croisés des différentes caméras de télévision. Un peu trop pour que ce divan continue de mériter d’être là où il est. On est où là ? Nous sommes à la Présidence de la République.  Ici, tout prend sens. Ici, tout se pare de signification. Rien ne peut et ne doit être laissé au hasard. Et le diable, comme on le sait, est dans le détail. Ce divan n’est plus à sa place. Il détonne. Déroulons le tapis rouge au génie créateur béninois. Il ne demande qu’à briller de mille feux et qu’à épouser un espace aussi symboliquement chargé.

Poursuivons par le Centre Songhaï de Porto-Novo, sis au quartier Ouendo. L’expérience qui s’y poursuit, sous la direction de son promoteur, le Père Mjamjo, est originale à plus d’un titre. Cité en exemple par les Nations Unies, présenté comme un modèle unique en son genre, le Centre est un espace d’excellence. Comme peuvent en attester ses performances en agronomie, en pisciculture, en énergies non renouvelables… On comprend l’intérêt et la fierté du Chef de l’Etat à montrer ce joyau à ses hôtes, notamment des Chefs d’Etat en visite au Bénin. Mais toutes les voies et routes qui conduisent au Centre sont semées de nids de poules. De vrais cratères lunaires. Apparemment, cela n’émeut ni ne dérange personne. Un souci d’honnêteté et de bonne gouvernance voudrait que nous n’acceptions plus de fermer les yeux sur une telle négligence et insouciance. C’est un mauvais point pour la   Mairie de Porto-Novo. On dirait qu’on n’appréhende pas assez l’avantage, pour la ville, d’être, grâce au Centre Songhaï, l’étape obligée pour tous les illustres hôtes du Bénin. C’est également un mauvais point pour l’Etat dont l’image se confond avec celle du Chef de l’Etat. Ainsi, dans les conditions actuelles, le Centre Songhaï est à l’image d’une grosse et belle pépite d’or. Mais elle ne peut encore briller de tout son éclat. On tarde, en effet, à la débarrasser des déchets qui en amoindrissent l’éclat.

Notre troisième escale, c’est le quartier dit de la Marina à Cotonou. C’est le cœur vivant du pouvoir d’Etat. C’est le siège de la Présidence de la République. On devrait s’attendre à voir   ce périmètre présidentiel respirer beauté, majesté et ordre. Mais c’est compter sans l’exception béninoise. Nous aurions dû baptiser la double voie de la Marina, boulevard Hubert Maga, du nom de son architecte-concepteur et constructeur. Peut-être qu’une telle initiative aurait épargné à cette voie, par égard, les offenses et les outrages qu’elle ne cesse de subir.   Des flaques d’eau par-ci, par-là, surtout en saison de pluies. Le terre-plein est à l’abandon, sans soin ni entretien. L’éclairage public est défaillant. Les trottoirs sont mal entretenus. Un monument inachevé est piteusement livré aux assauts des embruns marins et à l’action corrosive du temps. Il fait penser à cet édifice de la honte, juste à l’entrée de notre capitale politique et administrative et baptisé depuis par les Béninois « Le monument de la corruption ». Ajoutons que cette voie de la Marina est empruntée par la plupart de ceux qui entrent dans notre pays par l’aéroport de Cotonou. Bienvenue au pays du désordre et de la pagaye !

Terminons par ces gros camions bourrés de billes de bois. C’est le triste symbole de nos forêts pillées, de notre environnement saccagé. Il nous revient que ces camions, en partance pour le port et en manière de défiance, empruntent la voie qui passe devant le domicile du Chef de l’Etat. Le fait est grave. Il a été porté à notre attention par l’un de nos « grogneurs ». A féliciter pour cet acte patriotique de contrôle citoyen.

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