Changement de l’organigramme au Port de Cotonou : le Dg Samuel Batcho sur la sellette

Nommé seulement le 05 mai dernier en Conseil des ministres en attendant la nomination d’un nouveau Dg pour remplacer Kassim Traoré remercié, Samuel Batcho est déjà la risée d’une bonne frange des travailleurs. En toile de fond, la revue de l’organigramme de la société. Une réforme majeure mais conduite avec une maladresse inouïe qui crée des frustrations  et une ambiance délétère dans la maison.

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Des nuages assombrissent l’avenir du Port de Cotonou. Sauf si elle est désamorcée, une fronde s’y prépare dans le silence. Le nouveau  patron des lieux, Samuel Batcho, néophyte de la maison portuaire ne s’en rend guère compte. Il avance toujours, le temps que l’orage vienne le surprendre en court de route. Nommé le 05 mai dernier en Conseil des ministres, il était pourtant annoncé comme qui viendra sauver la maison. Sa mission était ponctuelle : il devrait remettre de l’ordre dans les choses et repartir. C’est d’ailleurs pourquoi, il cumule ce poste avec celui de coordonnateur du Millenium Challenge account(Mca). Mais hélas, l’éléphant annoncé semble être un éléphant boiteux. Alors qu’on l’attendait plus pour la résurrection du projet Pgop, le nouveau logiciel informatique qui devrait  être installé au Port en remplacement du Perfecto et dont l’objectif et de favoriser la traçabilité de la facturation au Port, il a décidé de s’aventurer sur un terrain plus risquant. Celui d’une réforme structurelle qui consiste à corriger l’organigramme de la société. Il s’agit d’une réforme majeure mais pas si urgente, surtout que le Gouvernement  a, lui-même, commandité un audit organisationnel de la maison conduit par le cabinet international Mazars qui a fait d’ailleurs des propositions intéressantes dans ce sens.

Frustrations, grincements de dents…

Quelques jours après sa prise de service, le Dg Samuel Batcho a affiché sa volonté de revoir l’organigramme de la société. Il l’a annoncé lors des réunions aux cadres de la maison qui n’en sont pas pour autant contre. Seulement voilà, dans la mise en œuvre, le Dg a fait d’énormes pas de clerc qui créent des frustrations et amènent maints agents portuaires à en être réticents. Dans un premier temps, il a mis sur pied de façon informelle un collège de conseillers et chargés de missions à qui il a demandé de réfléchir sur la correction de l’organigramme de la société et de lui faire des propositions. Ce collège de conseillers a travaillé avec une grande célérité pour déposer son rapport qui contient des propositions. Mais le Dg fait fi de ce travail et met sur pied officiellement par  note de service N° 064/Pac/Dg/Sg du 03 juillet une commission de huit membres dont il est lui-même le président. Mais là n’est pas le problème. Cette commission pêche dans sa composition à plusieurs niveaux et crée des frustrations au sein des travailleurs. La première frustration est au niveau de la nomination du vice- président. Il a confié ce poste au Chef du département de l’audit et du contrôle de gestion alors que trois autres directeurs en sont de simples membres. Il s’agit du Directeur des ressources humaines, du Directeur commercial et du Marketing et du Directeur des opérations maritimes et de sécurité. Dans l’organigramme actuel qu’il veut revoir de fond en comble, les directeurs sont au- dessus des  chefs de département. Il s’agit d’une hérésie administrative comme celle qui, dans l’armée, consiste à nommer un lieutenant pour diriger un groupe de travail composé de capitaines. La deuxième grosse frustration vient du fait que ce comité est appuyé par trois  experts que sont Lazare Gnonlonfin, Louis Dossou et Marcaise Babadoudou. Experts ? Oui, seulement, les travailleurs ont beaucoup de griefs contre ces trois. Le premier Lazare Gnonlonfin, ancien Dga du Port a des atomes crochus avec Samuel Dossou pour qui  il travaille désormais et ne devrait pas, de ce fait, être en odeur de sainteté avec la Marina. Au deuxième Louis Dossou, on reproche une gestion peu orthodoxe du dossier de portail électronique du port avec la société Palmarès Technologies. Le troisième Marcaise Babadoudou avait géré, sans grande réussite, le pool Mca du Port de Cotonou. La présence de ces trois « experts » donne de l’eau au moulin de ceux qui pensent que le travail de cette commission ne sera pas objectif. Au total, Batcho aura réussi à réveiller les vieux démons du Port .Pourquoi c’est ces personnes qui ont été choisies par le Dg ? Comment expliquer que sur les sept directions présentes au Port, seules trois se retrouvent dans la commission ? Quid des autres ? Ne seront-ils pas des marginalisés ? Autant de questions que se posent les agents ? Ces interrogations ont amené le Syndicat des travailleurs du Port autonome de Cotonou(Syntrapac) à se désolidariser de cette commission. Son Sg Urbain Kanlinsou a adressé un courrier au président de la commission le mercredi 09 juillet pour lui notifier sa démission. Selon des sources proches de ce syndicat, la fronde ira jusqu’à une motion de grève qu’il prépare pour les jours à venir.  Décidément Samuel Batcho est dans de beaux draps.

Une vengeance sur fond de régionalisme

A voir la composition de cette commission, plusieurs personnes se demandent s’il n’y a pas une volonté de vengeance  cachée sous cette prétendue correction de l’organigramme de la société. En effet, à voir cette commission, on se demande si elle n’est pas faite jusque pour se venger des agents d’une ethnie particulière les Fons. La plupart des Directeurs évincés de cette commission sont de cette ethnie. Fort de cela, les travailleurs réclament que le Dg Batcho- non encore titulaire- soit dessaisi de cette réforme et confiée soit au ministère de tutelle ou au Chef de l’Etat lui-même. Sans cela, le port de Cotonou va basculer dans un cycle infernal de fronde préjudiciable à l’économie béninoise.

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