Déclaration de Fatouma Amadou Djibril : apathie inquiétante de l’opposition, la société civile et des présidentiables de 2016

Cinq jours après les propos graves de la ministre Fatouma Amadou Djibril concernant un éventuel troisième mandat au président Boni Yayi, aucune réaction formelle n’a été enregistrée  du côté de l’opposition politique, des fronts et mouvements de veille citoyenne et des potentiels candidats à la présidentielle de 2016. Un mutisme à déplorer.

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Mais où diable sont passés les opposants béninois et les présidentiables de 2016 !.  Déjà cinq jours que la ministre de l’Agriculture, de l’Elevage et la Pêche a commis sa bourde impardonnable sur Canal 3 quant à l’idée d’un troisième mandat à Boni Yayi. Invitée dimanche 20 juillet de l’émission Zone Franche de nos confrères de la télévision Canal 3, la ministre Fatouma Amadou Djibril a formalisé une rumeur qui faisait état de ce que des manœuvres étaient en cours pour emmener les populations à marcher pour solliciter un troisième mandat à Boni Yayi. Qui est pourtant à son dernier mandat constitutionnel.  

« Troisième mandat. (…) le chef de l’Etat est un homme de parole. Troisième mandat. Je sais que partout ailleurs les producteurs veulent manifester leur joie au Président de la république parce que les autres années, ce n’est pas à cette date que les producteurs à 100% sont payés…(…) je crois que le peuple va décider. Le peuple va décider. Le président Roosevelt en Amérique, c’était le président le plus populaire de l’Amérique (…) Si le peuple béninois le veut, pourquoi pas. Donc le peuple va décider. Si le peuple veut que le président Boni Yayi fasse un troisième mandat pourquoi pas. (…) C’est le peuple qui décide et c’est le peuple qui vote pour son chef. C’est ça la vraie démocratie. C’est ça la vraie démocratie. (…) Si le peuple est conscient du fait que le président doit continuer ses actions, le peuple peut décider. Je crois que le chef de l’Etat doit faire aussi la volonté de son peuple. » C’est ce qu’a déclaré la ministre Amadou Djibril. Pourtant, la Constitution béninoise dispose en son article 42 que « Le Président de la République est élu au suffrage universel direct pour un mandat de cinq ans, renouvelable  une seule fois. En aucun cas, nul ne peut exercer plus de deux mandats présidentiels »

Cependant, restée fidèle à sa logique après plusieurs questions de relance des journalistes, la ministre à la douce voix a lâché « que En respectant la Constitution, je crois qu’on doit tenir compte de la volonté de son peuple.» Une opinion suffisamment grave qui a d’ailleurs suscité une vive réaction des internautes béninois sur Facebook et les fora de discussions des sites web d’information sur le Bénin. Qui pour manifester son indignation, qui pour crier au complot et qui pour appeler au limogeage de la ministre Fatouma Amadou Djibril du gouvernement. Des journaux de la place en ont aussi fait leur chou gras.

Un ballon d’essai à bouter hors du Bénin

On s’attendait à une réaction énergique de l’opposition au lendemain des déclarations de la ministre Amadou Djibril. Mais rien n’y fit. Depuis le dimanche, l’on a encore enregistré aucune réaction formelle des principaux partis et alliances de partis politiques qui se réclament de l’opposition.  De l’Union fait la Nation au Prd (Parti du Renouveau Démocratique) en passant par l’Alliance Abt. Même apathie constatée au niveau des organisations de la Société civiles, fronts et mouvements politiques engagés dans la veille citoyenne, ainsi que des présidentiables de 2016. Aucun des aspirants à la magistrature suprême en 2016 n’a déploré les propos tenus par la ministre de l’Agriculture. Pourtant, ils sont nombreux et certains s’activent déjà à asseoir leur base sur le terrain.  Sous d’autres cieux, cette sortie médiatique aurait suscité systématiquement une avalanche de réactions de condamnation par les forces politiques de l’opposition et même des probables candidats à la présidentielle de 2016. Par voie de communiqué de presse, déclarations ou conférences de presse. Mais au Bénin, ces composantes de la vie publique ont visiblement fait l’option du mutisme ou de l’indifférence. C’est ce qu’on constate pour le moment, en attendant que des réactions, quoique tardives surviennent. Il le faut. Car, comme l’a avancé un internaute du forum de discussion du site web de votre quotidien (www.lanouvelletribune.info), la ministre Amadou Djibril, qui appelle le président Boni Yayi « papa » à la télévision ne peut tenir de tels propos si elle n’est en mission commandée. Un probable ballon d’essai du camp Yayi pour jauger la réactivité de l’opinion béninoise face aux velléités de ce dernier à un troisième mandat. Ce mutisme, qu’on pourrait assimiler à la résignation face à un président qui n’a pas encore dit son dernier mot, est inquiétant. Car, il fera le lit aux envies d’un troisième mandat de l’actuel locataire du Palais de la Marina. Et toute condamnation des propos de Fatouma Amadou Djibril, fut-elle symbolique ne sera pas anodine. Elle permettra à la ministre et les autres thuriféraires du régime Yayi de comprendre que les forces politiques et sociales du Bénin sont toujours prêtes à lutter pour la préservation des acquis de la Conférence nationale de février 1990.

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