Forte mobilisation syndicale et politique hier autour de la cause des magistrats

Les magistrats, soutenus par les auxiliaires de justice et les centrales syndicales, ont organisé hier une marche de protestation à travers la ville de Porto-Novo et qui a échoué à l’Assemblée nationale. Malheureusement, ils n’ont pas été reçus par les membres du bureau de l’institution parlementaire.

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Très tôt dans la matinée d’hier, les magistrats et les responsables et membres des centrales syndicales ont battu le macadam à travers les grandes artères de Porto-Novo. Ils ont pris le  départ à la Bibliothèque Nationale à Ouando dans le 5è arrondissement de la ville pour échouer à l’Assemblée nationale en passant par le marché Ouando, le carrefour Y, le carrefour Dangbéklounon, le carrefour Catchi, l’Ecole urbaine centre. Ils étaient bien encadrés par les forces de l’ordre à savoir la police, les éléments Bac, la gendarmerie nationale. Arrivés sur l’esplanade de l’Assemblée nationale, ils ont continué à lancer des slogans hostiles aux députés et particulièrement aux signataires de la proposition de loi dont les députés Djibril Débourou, André Okounlola, Rachidi Gbadamassi. Il était aisé de voir en tête des manifestants, le président de l’Unamab, le SG de la Cstb, le Sg de la Fesyntra-Finances, le Sg de la Csa-Bénin, le Sg de la Cosi-Bénin, le Sg de la Cgtb, et également certaines personnalités telles que Célestine Zanou, Jacques Ayadji, Martin Assogba de l’Ong Alcrer et bien d’autres. Après des heures d’attente et après avoir constaté qu’aucune autorité de haut rang n’a daigné se présenter pour écouter leurs diverses motions, les manifestants se sont confiés à la presse. C’est ainsi qu’à tour de rôle, certains secrétaires généraux ont lu à la presse leur motion pour fustiger le comportement des membres du bureau de l’Assemblée nationale et celui des députés signataires de cette proposition de loi.

Les autres membres du bureau présents refusent de recevoir les manifestants

Selon les sources proches de l’Assemblée Nationale, en dehors du président Nago qui est en voyage, le 1er vice-président Justin Sagui Yotto, le 2è questeur Valentin Houdé, seraient absents hier au parlement. Mais le 2è vice-président Boniface Yèhouétomè, la 1ère secrétaire parlementaire Claudine Prudencio, le 2è secrétaire parlementaire André Okounlola et le 1er questeur Djibril Débourou seraient présents au palais des gouverneurs. Mais à en croire les propos du député Sacca Fikara présent sur place, le 2è vice-président de l’Assemblée nationale et la 1ère secrétaire parlementaire auraient reçu des pressions de la part de deux autres membres du bureau signataires de la proposition de loi. Ce qui aurait fait plier ces derniers qui avaient pourtant la volonté manifeste d’aller écouter et recevoir les motions des manifestants. Une situation qu’a déploré vigoureusement le député Sacca Fikara, assisté pour la circonstance des députés Candide Azannai, Camarou Ali, Atao Hinnnouho et Lazare Sèhouéto. Le député Sacca Fikara a condamné ces responsables du bureau du parlement et a fustigé leur comportement vis-à-vis de leurs deux collègues membres du bureau.

Réactions de quelques manifestants

Sacca Fikara :« Comme vous avez vu, ils ont fait plus de deux heures de temps ici, aucun responsable aucun membre du bureau n’est venu les recevoir. Nous pensons que c’est un mépris, c’est une attitude irresponsable, parce que, en tant que responsables d’institution, le bureau se doit de recevoir les doléances des travailleurs. Le bureau de l’Assemblée nationale refuse de recevoir les travailleurs qui protestent contre une loi que nous voulons prendre. Ce faisant, je pense que l’Assemblée Nationale s’aligne de façon inacceptable derrière les points de vue du gouvernement. D’ailleurs, nous avons appris que parmi les trois membres du bureau susceptibles de recevoir le point de vue des travailleurs, des magistrats, il y a le 2è vice-président qui serait prêt à venir recueillir et écouter le point de vue des magistrats et que les deux membres du bureau de l’Assemblée Nationale signataires de cette proposition de loi l’ont menacés. Et lui-même renonçant à ses droits, le courage qu’il faut pour défendre les libertés, a refusé de venir recevoir le point de vue des magistrats. Nous sommes un certain nombre de députés qui protestent contre cette attitude des membres du bureau de l’Assemblée Nationale. Nous protestons contre cette attitude qui consiste à s’aligner bêtement, lâchement et honteusement derrière les points de vue du gouvernement. Nous protestons contre l’attitude des membres du bureau qui ne fait pas l’équilibre qu’il nous faut, que tous les responsables d’institutions doivent avoir face aux problèmes nationaux. C’est pour ça que nous protestons aujourd’hui. Je vous remercie. »

Michel Adjaka :« les libertés démocratiques mises sous mandat de dépôt par certains honorables députés de la majorité présidentielle. Malheureusement, ils n’ont pas pu se déplacer pour recevoir nos différentes motions. Mais nous allons revenir. »

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Pascal Todjinou : « C’est dommage que ceux qui vous dirigent, refusent de recevoir nos mots de protestation, c’est dommage. Deuxième chose, chers amis magistrats, reprogrammez encore la marche et nous serons disponibles pour vous accompagner. Je vous remercie. »

Me Joseph Djogbénou : « Il ne faut pas hésiter à revenir autant de fois que possible parce que, ce qui est en jeu, ce ne sont pas les magistrats, ce sont les citoyens. Ce qui est en jeu, ce ne sont pas les syndicats, c’est la justice. Et par les temps qui courent, de fin de règne, Dieu seul sait d’ici à là, certains se retrouveront devant la justice. Et il faut marcher aujourd’hui pour protéger leurs droits, l’indépendance que la justice réclame, revendique, c’est pour protéger les droits de celles et ceux qui ont signé cette proposition de loi. Il faut le faire dans l’intérêt des citoyens. »

Laurent Mètognon : « combattants, nous ne mourons pas à la fois le même jour. Alors à la Fesyntra-Finance, nous disons Non au retrait du droit de grève et de citoyenneté aux magistrats, non au braquage de la démocratie par Yayi Boni, Gbadamassi, Débourou et consorts. »

Me Cyrille Djikui, Bâtonnier de l’ordre des avocats : « la grève et le droit de grève sont des droits constitutionnels. C’est le pilier de la liberté et partant le pilier de la démocratie. Prendre une loi liberticide pour annuler aux magistrats un droit de grève, c’est tuer notre démocratie. C’est ce qui justifie la présence en ses lieux du barreau du Bénin et de son bâtonnier. Le barreau du Bénin et le bâtonnier restent solidaires de la lutte des magistrats. Nous sommes d’une même famille et lorsqu’il y a feu sur la maison du voisin que vous n’accourrez pas, demain ce sera votre tour. »

Paul Essé Iko : « Non seulement on se prépare à nous bâillonner, mais nous faisons une marche, nous arrivons ici et ils ne veulent pas nous recevoir. Je pense que, non seulement c’est une provocation mais aussi et surtout c’est un mépris. Je souhaite que les organisateurs puissent répéter et nous serons avec eux pour la énième fois cette marche. »

Le directeur de cabinet du président Nago renvoyé

Il a fallu plus d’une heure d’horloge de manifestation et de tapage devant le parlement et sous un ardent soleil avant que le directeur de cabinet du président de l’Assemblée nationale, Comlan Dadégnon, ne se présente devant les manifestants, suivi de la secrétaire générale administrative adjointe de l’Assemblée nationale. Malheureusement, pour le directeur de cabinet, il a été purement et simplement renvoyé par les magistrats et syndicalistes. « Nous ne voulons pas du directeur de cabinet, nous voulons voir le président Mathurin Nago lui-même ou un membre du bureau de l’Assemblée Nationale…le directeur de cabinet n’est pas représentatif, il n’est pas un élu, nous voulons voir un élu ». C’est en ces termes que les responsables des centrales syndicales ont fait renvoyer le directeur de cabinet, qui a rebroussé aussitôt chemin. Mais selon les informations recueillies sur place, le directeur de cabinet du président de l’Assemblée nationale aurait été mandaté pour représenter le président Mathurin Nago en voyage de travail hors du territoire national depuis environ une semaine. 

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