Le jeu clair-sombre de Théodore Holo

Fortement  critiqué ces derniers temps –ci pour ses décisions au sujet de la Lépi et de l’organisation des élections communales, Théodore Holo a profité de l’installation de la Cena pour tenter de se racheter. Mais bien qu’il ait proclamé sa volonté de voir les élections législatives et présidentielle se tenir à bonne date, son discours n’a pas pu dissimuler les soupçons, encore moins les inquiétudes sur ses décisions du juge constitutionnel.

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A la Cour constitutionnelle hier, Théodore Holo a joué la carte de la ruse. Se sachant très  critiqué dans l’opinion avec une côte de popularité en chute libre, il a décidé de saisir la balle au bond pour se sauver la face. Au cours d’une cérémonie officielle d’installation de la Cena un bon et beau discours ferait l’affaire, avait-il mijoté sûrement. Holo n’hésitera pas donc à s’y exécuter. Il rappelle aux membres de la Cena que tout doit être fait pour que « les opérations électorales pour les élections législatives( doivent )se conclure pour la fin du mois d’Avril 2015, la nouvelle législature devant impérativement entrer en fonction au plus tard le 15 Mai 2015 conformément aux prescriptions de l’article 80 de notre constitution ». Même rappel au sujet de la présidentielle. A ce niveau, il rappelle les articles 47 de la constitution qui dispose que « le premier tour du scrutin de l’élection du Président de la république a lieu 30 jours au moins et quarante jours au plus avant la date d’expiration des pouvoirs du Président en exercice » qui intervient le 5 Avril 2016. Et comme s’il parlait en filigrane au Chef de l’Etat et à son gouvernement, il rappelle à nouveau l’article 42 qui prescrit que « le Président de la république est élu au suffrage universel direct pour un mandat de 5 ans renouvelables une fois.  Mais là, Holo n’aurait fait rien d’extraordinaire que de rappeler quelques articles de la constitution. Et il continue : « C’est dire donc Madame et Messieurs les membres de la Cena que rien (souligné par nous) ne saurait justifier le report des élections  capitales qui constituent les moments forts de notre vie démocratique ». Si  ce « rien » ne saurait justifier cela, que faire Holo pour cela ? Suffit-il de le dire à une occasion solennelle pour que tout soit résolu ? Ce qui est paradoxal, c’est que malgré cette profession de foi, aucun effort n’est fourni pour cela. En tant que président de la Cour constitutionnelle, organe régulateur du fonctionnement des institutions et de l’activité des pouvoirs publics, il avait le devoir d’œuvrer pour que les élections se tiennent à bonne date et que les conseils communaux soient installés dans les délais normaux pour permettre aux mairies de bien fonctionner. Ce qui aggrave les soupçons, il n’a rien dit sur la Lépi. Même pas un seul mot. Pourtant tout le monde sait que cette liste n’est pas encore disponible et que son processus de correction piétine faute de moyens. Au contraire, sa cour a rendu des décisions qui semblent dire d’attendre cette Lépi avant d’organiser les élections communales. 

Théodore Holo : rien ne saurait justifier le report des élections législatives et présidentielle

Que fait Holo pour que le processus de correction de la Lépi soit  terminé  à bonne date?  On comprend alors  pourquoi Amissetou Affo Djobo qui a assisté à la prestation de serment des membres de la Cena a dit, en réponse à une question d’un journaliste,  qu’elle ne veut pas se fier au discours de Holo mais à la qualité des membres qui composent cette commission.  Autre inquiétude, l’indépendance réelle de la CENA.  Il parle d’une Cena qui est une organisation neutre et indépendante. Comment pourra-t-elle l’être avec des membres désignés par des formations politiques  et dont certains sont des hommes politiques chevronnés, connus comme tels et  dont certains sont des proches collaborateurs de celui-ci ou de celui-là. Il parle aussi du respect des échéances électorales alors que ses récentes décisions sur la Lépi bloquent l’organisation des élections communales. Enfin, Holo soignera mieux son image plus que dans les discours s’il pouvait persuader son épouse Gracia Holo née Noutaï de décliner l’offre de sa nomination à la Haac ,pour ne pas donner raison à ceux qui parlent de conflit d’intérêt . Car le Bénin dispose de personnalités de grande réputation   de la gente féminine autant dans la classe politique que dans la société civile capables de siéger à la Haac, sans éveiller de tels soupçons.L’opération de charme d’hier matin comporte encore trop de failles pour séduire des Béninois avertis.

Bossou et Tiando, deux cas qui interpellent

Deux des membres de la Cena qui ont prêté  serment  sont encore membres d’autres institutions. Il s’agit de  Moïse Bossou et d’Emmanuel Tiando. Le premier devrait retourner à la Haac après avoir prêté serment à la Cena. Idem pour Emmanuel Tiando, qui doit retourner à la présidence de la république pour reprendre ses charges de secrétaire général de la présidence de la république.  On se demande si ces deux nouveaux membres de la Cena ne devraient pas démissionner de leur ancienne institution comme l’a fait le député Adam Boni Tessi nommé fraîchement à la Haac ?  

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