Nécessité d’ouvrir une enquête judiciaire sur le député Chabi Sika

Le député Karim Chabi Sika prend-t-il la peine de s’écouter un peu ? Dans une interview accordée à un journal de la place, le député de Tchaourou, un des signataires de la fameuse proposition de loi supprimant le droit de grève aux magistrats, tente de justifier le coup. Le discours est confus, l’argumentaire léger et des déclarations graves qui nécessitent, dans un pays sérieux, qu’une enquête judicaire soit ouverte contre lui.

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Le député Karimou Chabi Sika est l’un des plus grands zélateurs et défenseurs du pouvoir à l’Assemblée  nationale. Sans aucune gêne, il porte souvent les projets les plus abjects du Gouvernement. De la suppression du droit de grève aux douaniers au prolongement sans fin du mandat des maires, il était toujours là. C’est sans grande surprise qu’il se retrouve encore dans le noyau dur qui défend cette proposition de loi liberticide. Répondant à une question à lui posée sur les retraits de signature de certains députés, il affirme : « J’avoue ne pas comprendre grand-chose. Il paraît que pour signer on prend deux millions et qu’il y a un autre circuit ou pour retirer sa signature, c’est vingt millions. (…). Ceux qui s’offrent pour payer les retraits de signature ont encore du pain sur la planche pour invalider la proposition de loi. Nous sommes en train de les pister pour les confier aux magistrats ». Une telle déclaration devrait être prise au sérieux. Non seulement l’auteur affirme qu’il piste ceux qui s’offrent pour payer les retraits de signature. Ce qui veut dire qu’il les connaît. Mieux, il dit que les députés qui retirent leurs signatures prennent 20 millions. Qui donne les sous ? Les magistrats ? Où trouveront-ils autant d’argent ? Ou bien des hommes politiques qui les soutiennent ? L’honorable Chabi Sika doit avoir des réponses à toutes ces questions et doit pouvoir éclairer la justice.

Le droit absolu

Ensuite, il parle de droit absolu et dit que le droit de grève des magistrats n’est pas un droit absolu. Il l’oppose au droit à la justice et à la liberté qui, selon lui, est un droit absolu. Selon le raisonnement du député, la grève des magistrats est un déni du droit à la justice. Le député n’a pas malheureusement donné un seul cas où les magistrats ont refusé de juger ou de rendre justice.  Certes, les grèves freinent la prise des décisions de justice mais elles n’empêchent pas  que les décisions soient rendues. Le député a manqué là d’honnêteté en disant cela puisqu’il semble feint d’oublier tous les problèmes que posent les magistrats et qui les amènent à aller en grève. Enfin, la conception du droit absolu du député surprend. Il dit que le droit à la justice et  à la liberté est un droit absolu. En privant les magistrats du droit de grève, du droit d’association (syndicat), du droit  d’avoir des opinions politiques, sont-ils libres encore ? N’est-ce pas une violation du droit à la liberté ? Le député a certainement perdu de vue les contours de la notion de liberté.

Le juge et le législateur

Pour Chabi Sika, le juge vient après Dieu et c’est la raison pour laquelle il faut les empêcher de faire la grève. « En matière de justice, après Dieu, c’est le juge », affirme-t-il. Curieuse réflexion. Alors, comment veut-on ôter le droit de grève à des gens proches de Dieu. Le député semble affirmer que c’est la loi qui donne aux magistrats le droit de grève. « C’est parce que la Constitution donne au législateur le droit de confirmer, de restreindre ou de supprimer ce droit. Le législateur qui l’a donné le reprend », déclare-t-il.  Le droit de grève est un droit constitutionnel. Je voudrais inviter le député à une lecture attentive de la Constitution. Ce n’est pas le législateur qui l’a donné mais la Constitution. Et que cesse le confusionnisme parlementaire dont ce député s’est fait le chantre invétéré.

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