Bénin : Karim Rafiatou, Mathys, Affo Djobo et leurs pairs sonnent la mobilisation contre le 3ème mandat

Les 750 sièges sollicités par les organisateurs n’ont pu contenir l’immense foule de femmes qui a fait le déplacement. Venues de plusieurs départements du Bénin, des centaines de femmes se sont retrouvées hier mercredi 06 août à Azalaï Hôtel de Cotonou, sous la houlette du Groupe de femmes pour une autre gouvernance, pour envoyer dans plusieurs langues et de plusieurs manières un seul message au président Boni Yayi : pas de troisième mandat !

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Sont issues de toutes les couches socioprofessionnelles. Elles ont en commun l’amour du Bénin parce qu’elles y sont nées et y ont grandi. Elles, ce sont les femmes pour une autre gouvernance, dirigée Karim Rafiatou, ancienne ministre de l’Education nationale du président Mathieu Kérékou. En vraies amazones, elles sont venues de tous les départements du Bénin pour dire leurs vérités sur la mal gouvernance sous le régime Yayi et dissuader l’actuel locataire de la Marina de toute idée d’un troisième mandat. Car, sur la question, l’article 42 de la Constitution béninoise est suffisamment claire : «Le Président de la République est élu au suffrage universel direct pour un mandat de cinq ans, renouvelable  une seule fois. En aucun cas, nul ne peut exercer plus de deux mandats présidentiels.»

La salle Béhanzin de l’hôtel Azalai de Cotonou n’a pu les contenir. Les 750 places réservées dans le cadre de l’événement n’ont pas suffi. Massivement rassemblées dans ce prestigieux hôtel de Cotonou, ces femmes engagées pour une autre gouvernance du Bénin ont chanté, dansé, parlé pour passer leur message. Les slogans ont été scandés dans plusieurs langues nationales : Fongbé, Goungbé, Yoruba, Bariba etc. « A bas  le troisième mandat ! ».

« Il y déjà plus de deux ans, le 16 juillet 2012, nous nous posions les questions suivantes : où allons-nous, où nous conduit-on ? Que veut exactement le Gouvernement de M. Yayi Boni, s’est interrogée la Coordonnatrice du Groupe, Karim Rafiatou. Personne, jusqu’ici, ne nous a répondu valablement. Alors nous revoici devant vous, pour rappeler des vérités que vous connaissez parce que vous les vivez quotidiennement et pour nous interroger encore une fois, sur le sort que les dirigeants de notre pays nous réservent.» Ces dirigeants nous conduisent à un seul endroit : le décor. On en a pour preuve, les nombreuses tares qui caractérisent le régime Yayi depuis son avènement en 2006.

Boni Yayi : atterrissage en 2016 !

Ces tares ont pour noms le non-respect de la Constitution, la démocratie et l’Etat de droit, la privation et le bâillonnement des libertés publiques, la corruption généralisée et instituée comme méthode de gestion partagée, la dilapidation et le gaspillage à outrance des ressources financières de l’Etat, la chasse aux opérateurs économique local avec la destruction du capital privé national et l’abêtissement des hauts cadres de la fonction publique pour célébrer les caprices d’un seul homme «avide de pouvoir». Il est donc plus que jamais « impérieux et urgent de se réveiller et dire trop c’est trop», a lancé Mme Rafiatou. C’est là tout le sens de la lutte de ces « amazones de tous les combats », « symbole de l’unité nationale », qui ont décidé de se lever de « toute leur force » pour dire « non à l’imposture », « conjurer la catastrophe qui menace la patrie » et « sauvegarder les acquis de la conférence nationale ». Elles sont déterminées et « debout contre la dictature, l’arbitraire, l’imposture et le culte de la personnalité», comme écrit dans la déclaration finale du meeting lue par Mme Amissetou Affo Djobo, ancienne député à l’Assemblée nationale. Leur message fort : « Boni Yayi : atterrissage forcé en 2016 !». Karim Rafiatou, Adidjatou Mathys, Amissetou Affo Djobo, Colette Houéto, Virginie, Omichessan, Daguia Bouriana, Colette Houéto , Béatrice Lakoussan, Mathys Adidjathou et leurs pairs se sont engagées à sillonner tout le Bénin pour passer ce message. Elles envisagent installer des comités départementaux et communaux pour la grande mobilisation contre les manœuvres en cours pour un éventuel troisième mandat à Boni Yayi, dont les deux quinquennats constitutionnels viennent à terme en avril 2016. « Partout. Dans la circulation, au marché, à l’école, au lit…vous les femmes, vous devez sensibiliser les gens et les exhorter à se lever pour barrer la route au troisième mandat », a insisté Mme Adidjatou Mathys, ancienne ministre des Finances du président Boni Yayi.

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« Il n’aura pas une minute de plus »

Dans leur engagement pour la sauvegarde de la démocratie béninoise, le Groupe de femmes pour une autre gouvernance peut compter sur le soutien de la classe politique béninoise, notamment les partis de l’opposition, la Fésyntra-Finances et le Front citoyen pour la sauvegarde des acquis démocratiques (Fcsad). « J’ai été impressionné, ému par cette mobilisation gigantesque. Le pays s’est réveillé, je vous félicite cheres mamans », a témoigné Eric Houndété, député de l’Union fait la Nation. « Il faut poursuivre la bataille, a-t-il ajouté. Il (Boni Yayi, Ndlr) n’aura pas une minute de plus parce que vous êtes là, mobilisées. Soyez rassurées, vous avez à vos côtés des combattants de la liberté, du progrès.» Candide Azannaï, Sacca Fikara (députés) professeur Joseph Djogbénou (président d’honneur du parti Alternative citoyenne), Antoine Détchénou (président du Fcsad) et les représentants de la député Claudine Prudencio et de Laurent Mêtongnon, Secrétaire général de la Fesyntra-Finances sont allés dans le même sens. « Ce n’est pas au chef de l’Etat d’assurer le peuple qu’il va partir. Mais c’est au peuple de le rassurer qu’il partira », a indiqué le professeur Joseph Djogbénou. L’éminent professeur de droit recommande l’initiation d’une journée nationale contre le troisième mandat et la révision de la Constitution. « Et si après cette journée les signaux du troisième mandat subsistent, nous allons la transformer en semaine et en mois », a-t-il souligné. Et de gré ou de force, le 06 avril 2016, Boni Yayi passera la main à un nouveau Président démocratiquement élu.

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