Lors des échanges qui ont marqué l’étude du projet de lois sur le retrait du droit de grève aux magistrats, le député Rachidi Gbadamassi a fait des déclarations qui sonnent comme une incitation à la barbarie et à la délinquance politique au Bénin.
«La prison, je suis déjà vacciné contre, j’ai déjà fait la prison, j’ai eu ce baptême là… Un vrai homme politique n’a pas peur d’aller en prison ». Ce sont des extraits de la déclaration hasardeuse de l’«honorable » Rachidi Gbadamassi rapporté dans les médias ce mercredi. Propos tenus à l’Assemblée nationale au cours des houleux échanges entre les députés à propos du projet de loi sur le retrait du droit de grève aux magistrats béninois. Loin d’être des propos à prendre à la légère, c’est une forme d’incitation à la barbarie et à la délinquance politique.
Le député Gbadamassi devrait être obligé de s’expliquer sur ces propos qui mettent en cause le titre d’«honorable» dont on affuble, lui et ses pairs de l’hémicycle. Le contexte actuel du Bénin n’est pas favorable à de telles déclarations incendiaires de hautes portées sémantiques. Dans ce pays où des cadres de l’administration disparaissent comme une aiguille dans une botte de foin, où l’on mitraille des défenseurs des causes justes et sans oublier le brûlant dossier de l’assassinat du juge Coovi dans lequel lui-même est présumé impliqué, sans qu’on soit à même de retrouver les auteurs de tels actes criminels, le député Rachidi Gbadamassi apporte, par ces déclarations, de l’eau au moulin des sans foi ni lois.
Et puisque la prison est un lieu où des divorcés sociaux et autres personnes à qui l’on reproche des choses se retrouvent à priori, il devient normal de se demander, ce à quoi il faut s’attendre de quelqu’un qui n’a pas peur de se retrouver en ce lieu ? Au Bénin où la peine de mort n’est plus applicable, où la prison reste l’arme contre les hors-la-loi, le barbare qui, se retrouve dans ses déclarations du député Gbadamassi, n’a-t-il pas des raisons suffisantes pour persévérer dans ses actes inhumains ?
Des secrets
Par ailleurs, le député dit avoir des choses à dire qui pourraient susciter des tensions dans le pays. Mais qu’il s’abstient de les dire. Toutefois menace-t-il, « si on me force à parler, je vais parler ». L’on se demande de quoi s’agit-il ? Quels sont ces secrets que détient le député Gbadamassi ? Qui sont les personnalités qui pourraient être impliquées dans ces affaires apparemment louches qu’il ne serait pas bien de divulguer ? on en finirait pas avec les interrogations à ce sujet.
Visa à la violation de la constitution
Si «un vrai homme politique ne doit pas avoir peur de la prison » comme le dit Rachidi Gbadamassi, la constitution peut être allègrement bafouée, la privation des libertés peut s’installer et les actes d’instauration d’un régime dictatorial peuvent avoir libre cours. Cette déclaration du député quelques jours après celle de la ministre Fatouma Amadou Djibril ne peut manquer de faire craindre qu’un complot se prépare contre la démocratie béninoise. Surtout que le bruit court sur des manèges du gouvernement du président Yayi Boni et ses sbires soupçonnés de mobiliser les populations dans le «Bénin profond » pour l’obtention forcée d’un troisième mandat après son deuxième et constitutionnellement, dernier mandat qui arrive à son terme le 06 avril 2016. Et au regard de la gravité de cette déclaration hasardeuse du député qui donne ainsi le visa à la violation de la constitution du Bénin, la cour constitutionnelle devrait s’auto saisir pour lui réclamer des explications.
Les prisonniers VIP
Par cette déclaration le député Gbadamassi ramène sur le tapis l’épineuse question de l’équité des conditions de détention dans les prisons béninoises. Il n’est qu’un secret de polichinelle que dans les prisons, il y a les «prisonniers V.I.P» qui bénéficient de conditions particulièrement aisées de détention susceptibles de pousser les politiciens béninois, souvent multimillionnaires, à ne pas avoir peur de la prison. La corruption aidant, l’argent pourrait devenir ce vaccin qui protège les politiciens de la trempe du député Gbadamassi contre la prison.
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