Droit de grève des magistrats : ce qu’en pense Valentin Houdé

Au nombre des députés qui ont apporté leur soutien et défendu les magistrats à travers leur opposition au vote de la proposition de loi portant modification de l’article 18 du statut de la magistrature, à l’hémicycle, figure l’honorable Valentin Aditi Houdé, deuxième questeur à l’Assemblée Nationale.

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A travers la déclaration qu’il a faite à l’hémicycle, ce dernier a t montré que cette proposition de loi pose le problème de l’étendue des compétences législatives par rapport au statut des droits et libertés reconnus et consacrés par la constitution et les traités. Lire ses propos. « La proposition de loi en étude pose le problème de l’étendue des compétences législatives par rapport au statut des droits et libertés reconnus et consacrés par la constitution et les traités. Il s’agit d’un texte qui interdit aux magistrats le droit d’être électeur qui est corolaire au droit d’être éligible, la liberté d’expression et d’opinion, la liberté d’association, la liberté syndicale, le droit de grève, en somme le droit d’être citoyen… La proposition de loi en étude pose le problème de l’étendue des compétences législatives par rapport au statut des droits et libertés reconnus et consacrés par la constitution et les traités. Universellement reconnu comme troisième pouvoir au sein de la société après l’Exécutif et le Législatif, la Justice ne peut être juste que si elle jouit de la plénitude de ses prorogatives au nombre desquelles la liberté comme un des constituants fondamentaux des attributs de l’Homme. Longtemps au service de l’arbitraire dans les monarchies, la Justice est devenue indépendante vis-à-vis des deux premiers pouvoirs avec l’avènement des Etats républicains nés du combat des intellectuels humanistes et des luttes populaires…Plus que d’ordre juridique et social, la proposition de loi présentement en débat pose une problématique d’ordre sociétal en ce sens qu’elle vise à frapper et atteindre en plein cœur la société béninoise. A l’allure où vont les choses, il est à craindre, par la faute de la Représentation Nationale, faisant marche arrière par rapport au progrès humain que connait continuellement le monde et par rapport aux acquis réalisés par le peuple béninois, il est donc à craindre que la République se laisse tenter par les sirènes de l’arbitraire. Une aventure douloureuse dans laquelle la République pourrait aller jusqu’à se donner le droit de vie ou de mort sur les citoyennes et les citoyens parce qu’elle aurait confondu citoyens et sujets. La Justice, parce qu’elle est une potion difficile à avaler, interpelle chacun de nous, membres de l’Assemblée Nationale du Bénin, 6ème Législature. Elle lui demande, en son âme et conscience de se montrer juste en ne votant pas pour une loi assassine pour la Justice de son pays et au-delà de celle-ci, une loi assassine pour la démocratie et les libertés chèrement conquises par le peuple…Si la présente loi venait à être votée, déclarée conforme à la constitution et promulguée, elle n’aurait pas résolu les problèmes pour lesquels les magistrats vont en grève. Elle aurait seulement tenté de supprimer les symptômes d’une maladie et au lieu de guérir la maladie elle-même. Cette loi court fortement le risque de ne pas être respectée par les magistrats qui ne cesseront pas d’aller en grève »

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