En attendant l’Etat

Qui attend l’Etat se cherche des raisons pour ne rien faire par lui-même et pour lui-même. Attendre l’Etat n’est qu’une façon de se dédouaner à bon compte, de se mentir à soi-même. Qui attend l’Etat, fait l’option de démissionner, de n’avoir part à rien, de tourner le dos à tout.

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On avait alors trouvé énigmatiques les propos du Président Mathieu Kérékou : »Si vous êtes prêts, je suis prêt« . (Fin de citation). Que comprendre ? Dans un régime démocratique qui se respecte, l’Etat ne se met en marche ni de lui-même ni tout seul. Mais à l’instigation et sous l’impulsion du citoyen-électeur. C’est sa mission. C’est son devoir. Voilà qui valide l’idée selon laquelle, la démocratie, c’est  » Le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple ».

Qu’est-ce qui distingue l’Etat démocratique de tous les autres ? En démocratie, le citoyen-électeur dispose de la plus large initiative. Il détient la clé de son destin. Ce qui situe l’Etat démocratique dans la responsabilité et dans le rôle de gestionnaire attentif des intérêts bien compris du citoyen-électeur. Faute d’avoir ainsi compris les choses, les régimes totalitaires de l’ère du marxisme triomphant ont tous échoué. Ils s’étaient engagés à tout planifier. Ils s’étaient déterminés à mettre en équation le destin des peuples. Donnons raison à Nelson Mandela : »Tout ce qui est fait pour un peuple, mais sans ce peuple, est fait contre ce peuple »

CAPP FM, votre radio, dès son installation, en décembre dernier, sur son nouveau site d’Abokicodji, a tenu à prendre une initiative marquante. La population de tout le quartier fut mobilisée, un samedi matin, dans une action civique de salubrité publique. Et chacun, avec enthousiasme, y était allé de son balai et de sa brouette. En moins d’une heure, la voie pavée, de l’ancien cimetière à la descente du deuxième pont, retrouva une propreté à faire pâlir de jalousie les habitants des autres quartiers de la ville. Des citoyens venaient ainsi d’administrer la preuve qu’il est vain d’attendre l’Etat, le mouvement se démontrant en marchant. Une telle action aurait gagné à être poursuivie. Jusqu’à ce que les autorités communales comprennent le message des populations, prennent l’exacte mesure de leur défaillance, fassent pénitence.

Cotonou, la vitrine du Bénin, se modernise. La cité se dote d’importantes infrastructures routières. Avec, sur certains axes, des carrefours surdimensionnés, hors normes. Des carrefours qui font oublier à plus d’un les règles actuelles du code de la route sur la priorité. Celle-ci, et les Béninois doivent le savoir, n’est plus à droite dans les sens giratoires notamment. Mais comme personne ne s’en soucie, la jungle a tôt fait de s’installer à nos carrefours.  

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Une seule et même chose caractérise ces grands carrefours de Cotonou. Ils sont à l’abandon, offerts aux caprices des « pipiteurs » indélicats. L’Etat ne voit pas, par la laideur ainsi étalée, par l’horreur ainsi célébrée, qu’une vilaine balafre défigure la cité. Du rond point de l’Unafrica, dans le sens Cotonou- Porto-Novo, jusqu’au rond point de Sème Kpodji- Kraké, pas moins de dix carrefours se suivent. Des carrefours   sales à souhait, moches autant que possible. Sauf un qui tranche. Sauf un qui sort du lot. Il s’agit du carrefour dit « Sobebra », du nom de l’une de nos plus grandes brasseries.

Comment expliquer la différence ? Pourquoi cette exception plutôt louable et enviable ? Les responsables de cette entreprise, las de voir le nom de celle-ci associé à un carrefour-dépotoir n’ont pas voulu attendre plus longtemps l’Etat. Aussi ont-ils décidé d’ériger à ce carrefour une fontaine majestueuse, trônant au milieu d’un beau jardin. Un   éclairage approprié en ajoute, le soir, à son charme. Bravo !

Quatre carrefours, s’identifiant par les noms d’au moins cinq   autres entreprises, devraient, sans délai, se calquer et se caler sur le modèle et sur l’exemple du carrefour Sobebra. Il s’agit du carrefour dit « La Roche », du carrefour dit « Sonapra/ PTT », du carrefour dit « Tunde », du carrefour dit « Le Bélier/Sèkandji ». Une initiative de chacune de ces cinq entreprises, dans le sens du changement souhaité, ferait tâche d’huile. Elle frapperait positivement les esprits. Ce serait, pour notre pays, l’amorce d’une véritable révolution mentale, avec   de nouvelles habitudes prises, de nouvelles attitudes adoptées et pour toujours plus d’altitude. Nous n’aurions plus alors à attendre l’Etat, parce que nous aurions su et compris que l’Etat, c’est nous-mêmes.

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