Gabon : Jean Ping le «Henri Konan Bédié» gabonais ?

Dans la guerre qui oppose deux politiciens en quête de pouvoir les règles ne sont jamais claires, et les méthodes utilisées pas toujours fair-play. C’est bien connu, de la France aux USA, en passant par la Côte d’ivoire et le Gabon, il est toujours plus facile de taper sur l’étranger paresseux, ou l’étranger qui vole le travail des nationaux pour gagner un round politique.

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Mais il est à noter que dans les pays occidentaux, il y a toujours une limite qui n’est pas franchie. Ce n’est pas toujours le cas en Afrique. L’exemple de la Côte d’Ivoire est encore bien vivant dans les esprits. Comme le rappelle « Wikipédia » : Le mot ivoirité est employé d’abord par le président Henri Konan Bédié en 1993. Il met en place le concept selon lequel une personne serait ivoirienne seulement si ses quatre grands-parents sont nés en Côte d’Ivoire, ce qui permet d’écarter son opposant Alassane Ouattara.

Gabon : Accrombessi et Samuel Dossou-Aworet opposent Ali Bongo et Jean Ping

Le Gabon n’est pas encore à ce niveau, certes, mais les propos tenus par Jean Ping, ont de quoi inquiéter, dans une situation de crise nationale. En effet M. Ping n’a pas hésité à attaquer l’actuel président, Ali Bongo pour avoir nommé M. Accrombessi comme directeur de cabinet. En cause, la nationalité béninoise de ce dernier, mais aussi les rumeurs (plus ou moins avérées ?) qui entourent les pouvoirs que détiennent le puissant Dircab. M. Ping n’est pas allé du dos de la cuillère : « Nous constatons la mauvaise gouvernance politique avec à la tête du pays un président autocratique qui gouverne seul, entouré de la légion étrangère, un groupe de gens pratiquement apatrides et mafieux  qui l’entoure et gouvernement notre pays […] notamment Maixent ACCROMBESSI qui est le véritable président du Gabon qui s’en vante et qui a des liens avec le Gabon qu’une récente naturalisation et tout le monde sait qu’il a une compétence très limitée et qu’il n’est pas du tout fidèle même à son président. » rapporte le site Gabonnews

Trois faits précis sont à rapporter dans cette déclaration, si elle est avérée : 

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  • en premier lieu, Maixent Accrombessi est accusé de diriger le Gabon en lieu et place d’Ali Bongo
  • en second lieu, qu’il a la nationalité gabonaise, fut-elle récente
  • Il est également accusé de ne pas fidèle à la patrie gabonaise

Comme dans les discours les plus extrêmes en France, M. Ping aurait remis en cause la nationalité gabonaise de M. Accrombessi, fut-elle récente, un jeu dangereux qui rappelle curieusement le concept d’ivoirité mis en place par certains politiciens ivoiriens. En clair, M. Ping ferait une différence entre la nationalité gabonaise acquise de parents gabonais, et celle donnée par l’administration à un citoyen étranger remplissant les conditions imposées par la loi. Loin de vouloir défendre le sieur Accrombessi, il est à noter, que dans le discours de Jean Ping, il aurait été plus simple et moins dangereux de s’attarder sur la gestion ou les manoeuvres de ce dernier plutôt que sa nationalité et son origine étrangère. Depuis feu Omar Bongo, les béninois sont bien installés dans divers secteurs économiques, éducatifs et politiques gabonais. Stigmatiser l’étranger béninois c’est aussi mettre à mal ceux-là qui vivent dans le pays, et qui y travaillent, ceux-là qui ne sont accusés de rien, et qui gagnent leur vie sans aucune malversation.

Pour quelqu’un qui a occupé le poste de président de la commission de l’Union africaine, c’est quand même aberrant d’en arriver à banaliser les conséquences d’une telle déclaration. Mais surtout, M. Ping ne devrait pas oublier, qu’ayant un parent étranger, ce jeu pourrait lui revenir en pleine figure, si la situation se tendait encore plus. A la légion étrangère, il n’ya pas que des béninois! A bon entendeur…

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