Humeur du temps : Chantal Yayi, les casques et le 3è mandat

Un dernier flic a trouvé la mort ce samedi à Godomey, en banlieue cotonoise. L’image lugubre du jeune policier gisant dans un petit lac de sang dégoulinant de sa tête a fait le buzz encore ce weekend sur les réseaux sociaux et sur une certaine chaîne de télévision. Mais contrairement à son collègue Roland Kpadonou abattu par des malfrats revenant d’un braquage le 07 juin dernier, la victime de ce samedi avait une part de responsabilité dans ce qui lui est arrivé.

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Il s’était fracassé le crâne contre la chaussée après une chute solitaire de sa moto. Un accident donc, mais assez mystérieux pour ce policier normalement en faction que dame rumeur annonce être en train de poursuivre un autre motocycliste qui roulait sans son casque. Et tout le monde sait que c’est la nouvelle filière à la police. Les verbalisations coûtant chères, le flic trépassé ne voulait pas rater cette aubaine du weekend et s’est lancé dans une folle poursuite, oubliant lui aussi de porter le fameux casque. Et la mort s’en suivie. Imprévisible et brutale. L’opération « port de casque obligatoire » faisait ainsi sa première victime, dans le rang hélas de ceux qui doivent la mettre en application. A l’indiscipline, nul n’est tenu. Et voilà l’occasion propice pour la première dame d’enlever son épingle du jeu pour que demain il ne soit pas dit qu’elle est le bourreau du peuple. Elle que la rumeur a fait importatrice et vendeuse des casques vendus à Cotonou ces temps-ci comme de petits pains à Cotonou saisit la balle au rond, surmonte sa taciturnité habituelle et dément. « Ce n’est pas la première dame que je suis qui importe des casques (…).Je ne m’enrichis pas sur le dos des Béninois en vendant des casques à 10.000F, 15.000F… ». A-t-elle rectifié laconiquement à la sortie d’une messe à Attogon dans la commune d’Allada. La première dame croit avoir réussi sa communication mais elle a oublié l’effet boumerang. Sa déclaration ne fait que réveiller la polémique, les supputations. Pourquoi devrait-elle être obligée de répondre à la rumeur ? Jusqu’à ce jour, aucun canard, aucune source officielle d’informations ne l’a accusée d’être importatrice de casques. Pourquoi donc a-t-elle choisi de réagir à cette rumeur qui, comme des milliers d’autres, essaiment Cotonou ? Surtout que quelques jours plus tôt, le préfet Placide Azandé, membre du même parti Frap que la première dame avait fait le même rectificatif. Et que, jadis un communiqué du cabinet de la première dame avait fait un travail similaire. Qu’y a-t-il si tant à réagir autant de fois à une rumeur ? L’inquiétude ici est dans les réactions fréquentes à la rumeur que la rumeur elle-même. N’a-t-on pas entendu son mari de président déclarer partout, à Washington, à Paris, au Pape Bénoît XVI- alors en visite au Bénin – qu’il quittera le pouvoir sans gène en 2016 ? Cela ne l’empêche guère de tramer, de chercher des moyens subreptices pour rester au pouvoir. Qu’un ministre dise urbi et orbi qu’un 3è mandat est possible, qu’un sénile sorti à peine d’une audience avec le Chef de l’Etat le renchérit cela à Porto Novo ne peuvent qu’être anodins. On peut bien croire que la première dame a été bien inspirée par son mari. Et que sa stratégie consiste à démentir juste ce qu’elle fait ou qu’elle a l’intention de faire. Comme le 3è mandat, l’importation de casques pourrait bien tombée dans la stratégie du couple présidentiel : on lance le clignotant à droite et on tourne à gauche. Si ce n’est pas cela, ça y ressemble bien car le démenti d’une rumeur est un début de confirmation.

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