Remaniement ministériel au Bénin : un gouvernement en mission politique pour Yayi

Comme tous ses précédents gouvernements, ce dernier formé par Boni Yayi n’a suscité que déception dès sa publication. Si quelques démocrates peuvent se réjouir du départ  en  « trompe œil » du ministre  Fatouma Amadou Djibril, bon nombre  de citoyens n’en éprouvent que dépit. Ce gouvernement répond à une seule logique. Il est investi d’une mission bien politique.

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Diantre ! On peut bien comprendre pourquoi les députés membres du bureau de l’Assemblée Nationale manifestaient peu d’engouement pour donner l’avis consultatif nécessaire pour la publication de ce gouvernement. Selon des informations concordantes, la plus grosse déception est venue du rang même des Fcbe dont les faucons et les personnalités politiques n’ont pas été consultés. Yayi a pris soin de leur cacher sa nouvelle équipe. Certains nouveaux ministres ne savaient même pas qu’ils sont sur la liste. Pour le reste des citoyens, rien d’intéressant à se mettre sous la dent avec ce gouvernement sauf qu’à se réjouir passablement du départ du ministre de lAgriculture Fatouma Amadou Djibril, auteure d’un délit de sale gueule qui veut que son patron ait un 3è mandat. Et c’est là déjà que Yayi a reçu son premier coup : réussir à mettre dans la tête des Béninois que c’est parce qu’il n’est pas pour le 3è mandat qu’il a «  sauté » cette ministre. Mais en vérité, ce gouvernement est, dans son essence même, très politique et résolument tourné vers la recherche subtile de cet objectif :le 3ème mandat. C’est ce qui explique la présence des ministres Barthélémy Kassa, Komi Kouché pour lequel les populations de Bantè ont aussitôt entamé dès hier même les marches de soutien… Ce sont eux les éminences grises du chantier politique dans lequel la ministre n’avait pas grand rôle à y jouer, sauf que d’aller dire cette aberration sur le plateau de canal3. Ce qui milite en faveur de son départ c’est beaucoup plus son bilan à la tête du ministère de l’Agriculture avec deux campagnes cotonnières catastrophiques et une ardoise financière de plusieurs dizaines de milliards pour le Bénin.  

Bénin – Remaniement ministériel : liste complète des ministres du nouveau Gouvernement de Boni Yayi

La guerre à Robert Gbian

Régionalisme à outrance ? On peut tout de même constater, en analysant ce gouvernement que tous  les quatre nouveaux ministres du septentrion(Aboubakar Yaya, Issa Azizou, Théophile Yarou, Ruffin Nansounon) qui font leur entrée au gouvernement viennent du Borgou/ Alibori, la région du pays d’où le général Robert Gbian est originaire et où  il abat un travail politique immense. Plus inquiétant, selon nos enquêtes, ils sont pour la plupart des Bariba. Les ministres Yarou et Nansounon sont respectivement les fils des rois bariba de Bembèrèkè et de Banikoara. Cette « baribarisation »  du gouvernement n’est pas le fait du hasard. Elle vient en réplique au même général, lui aussi Bariba. On sait que depuis quelques années, ce groupe linguistique assez influent au nord réclame le pouvoir suprême. Tout a été alors bien fait pour contrer un peu ce général, le seul candidat du septentrion qui a le courage pour le moment de déclarer sa candidature et de lancer les hostilités pour 2016. Un autre élément qui vient corroborer cette thèsees la mse à l’écart du ministre de l’Economie et des Finances, jeune frère du général récalcitrant, dont le départ pourrait surprendre plus d’un si  l’on voit qui l’a remplacé. Là, Yayi n’a rien fait au hasard.

Fidélité à la religion

Un évangéliste s’en va,un autre s’installe. Il s’agit du nouveau ministre de l’intérieur Simplice Dossou Codjo, le même poste qu’avait occupé le ministre Martial Sounton pendant des années avait d’atterrir à la Fonction Publique. Le nouveau ministre de l’Intérieur est un pasteur très engagé dans les Fcbe. Il est conseiller communal et 2è adjoint au maire de Dangbo. Yayi trouve ici l’avantage en plus de trouver un homme qui pourra fragiliser un peu l’hégémonie du député rebelle Saka Fikara, originaire comme lui de Dangbo mais qu’il a toujours combattu. C’est d’ailleurs ce qui explique le fait qu’il est en opposition ouverte  contre le maire Gnonlonfoun, un protégé de Saka Fikara.

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Azizou, Sonon : même combat

Nommé pour remplacer poste pour poste et commune pour commune la ministre Fatouma Amadou Djibril, Issa Azizou sait bien ce qu’il  a à faire. En dehors du ministère, il doit travailler pour contenir les percées de Issa Salifou de la même circonscription électorale qui ne manquera pas d’ambitions par rapport à 2016.Quant  à Gustave Sonon, nommé au Mcri, il pourra aider le Chef de l’Etat à mieux contrôler la 24 è circonscription électorale qui  peut trembler un peu dans les mains de la majorité présidentielle depuis la sortie  de Désiré Vodonou de la prison. A aucun moment, ces nominations n’ont répondu à un problème technique mais à une volonté politique affichée pour tenter un coup politique. 

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