Il a suffi que Nago parle de l’abandon du chantier de la construction de la bretelle de Bopa par le Gouvernement pour susciter une avalanche de réactions de la part des membres du Gouvernement. Et ce n’est pas tout, d’autres activités politiques sont prévues pour dénoncer « l’ingrat » Mathurin Nago qui, après huit ans de fidélité politique semble opter pour l’affranchissement.
Le conflit Yayi-Nago est désormais sur la place publique. Hier, en réplique aux déclarations du président de l’Assemblée nationale, trois personnes commises par les soins du Chef de l’Etat sont passées sur l’Ortb pour démentir les propos de Nago. On a suivi le directeur du budget Francis Hossou, le directeur des travaux publics et son ministre de tutelle Aké Natondé. Chacun d’eux a réagi à un pan de la déclaration du Président de l’Assemblée nationale qui faisait croire que la bretelle Bopa- est abandonnée par le Gouvernement faute de financement. Trois réactions contre une seule déclaration. Et c’est encore l’Ortb qui donne les moyens de cette réplique disproportionnée au Gouvernement alors qu’elle n’a même pas diffusé sur ses antennes une minute de la fameuse déclaration du président Nago en litige actuellement. Cette série de réactions de gens envoyés manu militari sous les feux de la rampe nous fait rappeler ces vieux temps où les déclarations de Houngbédji donnaient l’insomnie au Chef de l’Etat et faisaient courir le Gouvernement. Nago est-il devenu Houngbédji des années 2006, 2007 et 2008 ? On peut bien y croire. En effet, le fait d’envoyer des gens pour réagir à cette déclaration est la preuve même que le conflit est ouvert entre les deux grandes personnalités au sommet de l’Etat. Sinon, Yayi pouvait convoquer Nago au Palais comme il sait si bien faire ou lui envoyer un coup de fil. Chose curieuse aussi, les déclarations graves de Nago sur un prétendu complot contre la démocratie et contre sa personne n’ont pas objet de réplique. Le Gouvernement s’est tu sur les choses les plus graves. Ce qui fait dire à certains qu’on lui en veut beaucoup plus pour avoir dénoncé un plan contre la démocratie que pour avoir parlé de bretelle de Bopa. En tout cas, on semble atteindre le point de non retour dans un conflit qui a commencé plus tôt. Depuis des mois, Yayi débauchait des cadres du parti UPD-Gamèsu. Et il y a quelques jours, il a donné un coup de grâce à sa campagne de répression en se rendant dans son fief où il a tenu des réunions pour le désavouer. Nago est ainsi considéré comme l’homme du dehors à qui on ne voue que méfiance. D’ailleurs, des sources proches de la Marina, on annonce que des déclarations politiques seront faites dans les jours à venir pour dénoncer cet « ingrat » pour qui Yayi s’est investi personnellement pour qu’il ait un second mandat à la tête de l’Assemblée nationale. La guerre est ouverte et de chaque côté, l’un tentera de tout faire pour affaiblir l’autre.
