Bénin : le Cos-Lépi met le Gouvernement à l’épreuve

20 septembre. C’est la date butoir dont dispose le Gouvernement pour mettre à la disposition du Cos-Lépi les ressources nécessaires s’il tient, comme le ressasse son chef Boni Yayi, que les élections locales, communales et municipales aient lieu la fin 2014 au plus tard. C’est ce qu’a indiqué le président du Cos-Lépi, le député Sacca Lafia, hier dimanche sur le plateau de l’émission « Le Grand Rendez-Vous » de nos confrères de Soleil Fm.

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Le Chef d’Etat béninois Boni Yayi est-il sincère quand il affirme urbi et orbi son vœu de voir les élections locales, communales et municipales, reportées sine die depuis février 2013, organisées au plus tard la fin 2014 ? On aura la réponse à cette question au plus tard le 20 septembre 2014, samedi prochain donc. Selon le Président du Conseil d’Orientation et de Supervision de la Lépi, organe chargé de conduire le processus de correction de la liste électorale, le 20 septembre 2014 est la date butoir dont dispose le gouvernement pour débloquer les ressources s’il tient à ce que les Municipales aient lieu au plus tard en fin d’année. Si les ressources, environ 4 milliards de Fcfa, sont débloquées dans ce délai, elles permettront au Cos-Lépi d’achever l’opération d’actualisation-correction au plus tard fin novembre, comme prévu.  Ce qui rendra possible l’organisation des élections municipales en fin d’année. Le président du Cos-Lépi, Sacca Lafia, était l’invité de l’émission « Le Grand rendez-vous » de Soleil Fm de ce dimanche 14 septembre 2014.

Cercle vicieux

Il y était pour visiblement  indiquer la voie à suivre pour mettre fin au jeu de ping-pong auquel l’on assiste entre le Gouvernement, la Cour Constitutionnelle et le Cos-Lépi quant à l’achèvement à bonne date de la correction de la Lépi en vue de l’organisation des Municipales, des Législatives et la Présidentielle de 2016. En effet, depuis quelques mois, l’on est dans une situation d’impasse. Le processus de correction du fichier électoral bat de l’aile avec comme conséquence une incertitude sur le respect de ces échéances électorales. Aucune des trois institutions impliquées n’a jusque-là reconnu sa responsabilité. Le Gouvernement, responsable du financement de l’opération dit avoir débloqué les ressources. Le Cos-Lépi indique qu’il attend davantage de fonds pour finaliser le processus. La Cour Constitutionnelle met la pression sur le Cos-Lépi sans toutefois donner d’injonction au Gouvernement. De plus, elle reste coller à sa jurisprudence qui dit qu’aucune élection ne peut être organisée au Bénin sans la Lépi (Liste électorale permanente informatisée). De la mouvance présidentielle comme de l’opposition, des voix s’élèvent de plus en plus pour appeler à la rupture de ce cercle vicieux. 

Au moins 2 milliards Fcfa d’ici vendredi

« La date butoir pour avoir les ressources, c’est le 20 septembre. Pour nous, c’est la date pour pouvoir tenir dans le délai de fin novembre », a déclaré le Sacca Lafia. Il explique que le Cos-Lépi a dans ses bases de données une liste de 6,5 millions de personnes. Il dispose de toutes les informations sur elles. Seulement, 3,5 millions de ces personnes n’ont pas encore leurs empreintes digitales, photos, tailles, teint, couleurs des yeux dans les bases de données, comme le dispose la loi sur la Lépi. Donc, le Cos-Lépi demande au gouvernement de mettre à sa disposition les ressources pour lui permettre de retourner sur le terrain afin de prélever les données complémentaires de ces 3,5 millions de potentiels électeurs. 6,5 milliards Fcfa ont déjà été débloqués. Et le Cos-Lépi demande environ 4 milliards Fcfa pour mener à terme le processus. Toutefois pour tenir dans le délai promis, l’institution que dirige Sacca Lafia dit avoir besoin d’au moins 2 milliards Fcfa d’ici le 20 septembre. « Si les ressources sont débloquées à temps (20 septembre), selon le calendrier que j’ai sous mes yeux, début octobre on retourne sur le terrain pour l’enregistrement complémentaire. Cela durera deux semaines. Nous prendrons une semaine pour intégrer les données et une semaine pour le dédoublonnage, a précisé Sacca Lafia. Donc théoriquement, si les ressources sont disponibles à bonne date, début novembre on aura une liste imprimée, propre.» Il a ajouté que si le Gouvernement manque la date du 20 septembre, il faudra  alors espérer la Lépi pour février 2014. Avant de donner sa position sur l’option de la liste ad ’hoc préconisée par certaines voix politiques : «Ceux qui parlent de liste ad ‘hoc doivent comprendre que la confection d’une liste ad ‘hoc va nécessiter des ressources pour imprimer les cartes, les listes électorales. Mieux vaut utiliser cet argent pour finaliser la Lépi.»

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L’audit ne devrait pas être un obstacle

 Sacca Lafia a confirmé qu’une mission de trois inspecteurs de l’Inspection générale des Finances (Igf) est dans les locaux du Cos-Lépi. Arrivée depuis le 08 septembre, cette mission va y séjourner pendant trois semaines pour contrôler la gestion faite des 6,5 milliards déjà décaissés. « Moi je n’y trouve aucun inconvénient, a apprécié Sacca Lafia. L’audit peut nous ralentir, mais ne doit pas affecter le processus. Les trois inspecteurs de l’Igf nous ont assurés que leur présence n’empêchait pas le Cos-Lépi de vaquer à ses occupations. Maintenant, les décaissements vont-ils continuer bien que l’audit soit en cours ? C’est au Gouvernement d’en décider.»

Le ministre des Finances, Komi Koutché qui a initié cet audit dès sa nomination, a assuré qu’il n’empêcherait pas la poursuite du déblocage des fonds. Donc, comme l’a souhaité Sacca Lafia, d’ici la fin de la semaine, Boni Yayi, Komi Koutché et tous les autres devraient mettre à la disposition du Cos-Lépi au moins 2 milliards Fcfa.

Boni Yayi, Komi Koutché et tout le Gouvernement face à l’histoire !

Dans l’opinion, il  se susurre que le Gouvernement fait traîner les choses à dessein. Son objectif est soit, commente-t-on, de prétendre de l’indisponibilité de la liste électorale pour coupler les élections Municipales et Législatives au premier trimestre 2015. Certains vont même plus loin en estimant que cela fait partie des stratégies pour permettre à Boni Yayi de rester au pouvoir au-delà du 06 avril 2016. Pourtant, à Womey, commune d’Abomey-Calavi, vendredi dernier où il a procédé au lancement des travaux de construction d’un pont, Boni Yayi a encore martelé sa volonté de voir se tenir fin 2015 ou début 2015 les Municipales. Hier, Sacca Lafia a mis une fois pour de bon la balle dans le camp du Gouvernement, notamment dans celui son chef et du ministre des Finances, Komi Koutché. Il revient donc au Gouvernement de renvoyer cette balle au Cos-Lépi en décaissant au moins 2 milliards au plus tard le 20 septembre. Ainsi, en temps opportun pourra-t-on situer les responsabilités. Si le Gouvernement ne le fait pas, on pourrait donner davantage de crédit aux informations qui circulent dans l’opinion sur ses manœuvres du camp Yayi contre la démocratie béninoise.

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