Boni Yayi : « Nous sommes en difficulté pour organiser nos élections » (verbatim)

Dimanche 21 septembre. En déplacement dans la commune de N’dali (nord Bénin), où il est lancé le raccordement du village de Boko au réseau électrique nationale, Boni Yayi a jeté le masque sur un sujet de grande préoccupation au Bénin : le financement de la correction du fichier électoral et des prochaines élections. 

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Dans une déclaration fleuve comme il en a l’habitude à pareilles occasions, le président béninois a exposé sa vision de la démocratie. Ses propos, dont nous vous livrons ci-dessous la transcription d’un large extrait diffusé par la télévision nationale lundi nuit, confirment implicitement l’hypothèse selon laquelle son gouvernement veut prétexter de la raréfaction des recettes publiques pour ne pas organiser les prochaines élections dans les délais. Lisez plutôt.  

« Une démocratie doit nous permet d’organiser les élections à bonne date. Mes chers compatriotes ! Vous me direz, quel est le lien entre l’électricité et la démocratie. Cela se tient. Parce que s’il n’y a pas la stabilité, il ne peut pas avoir de prospérité. Nous sommes encore en difficulté pour organiser nos élections. Les élections coûtent chères dans notre pays. Elles coûtent excessivement chères. Tenez. Depuis 2006, moi je suis venu aux affaires. Nous avons dépensé plus de 100 milliards pour organiser les élections. 100 milliards, mes chers compatriotes. Je demande à la presse de relayer cela. J’aurai l’occasion de me prononcer là-dessus. Chacun est libre de raconter ce qu’il veut. C’est triste. Je suis triste pour mon pays. Triste ! Lorsque l’Occident a fait avec le Parlement cette histoire de Lépi (Liste Electorale Permanente Informatisée), ceci nous a permis, vous le savez bien, d’organiser les présidentielles. 45 milliards Fcfa pour la Lépi. Et on m’a dit après la Lépi, vos élections ne couteront plus chères. Très bien. Nous assistons à quoi aujourd’hui ? La situation est dramatique. Aujourd’hui, il nous faut encore 22 milliards. Dans une situation où la trésorerie de la puissance publique ne se porte pas bien. Parce que, pour des raisons de conjoncture nationale, régionale et mondiale.

Appel au dialogue

 (…) Quand je dis 22 milliards, c’est-à-dire, le financement du Cos-Lépi (organe chargé de superviser la correction du fichier électoral, Ndlr) et celui de la Cena (Commission électorale nationale autonome). C’est un minimum de 20 milliards. On me dit que Cos-Lépi a déjà encaissé entre 6 et 5 milliards. La Cena demande aujourd’hui 8 milliards et quelques. Ceci demande d’autres ajustements au moment où nous sommes appelés à relever d’autres défis. Les Partenaires sociaux disent qu’il faut un relèvement de la valeur indiciaire avec une incidence financière de pas moins de 32 milliards. Si nous devrons intégrer les désirs exprimés dans nos communes en termes de sécurité humaine etc., Lorsqu’on est responsable, il faut s’asseoir et mener le dialogue. Je salue ce qui a été fait pour nous fournir un support pour qu’une élection paisible et transparente soit garantie. Cela est clair et net. Mais, il faut comprendre aussi l’Exécutif, qui dit aujourd’hui que les temps sont difficiles. Asseyons-nous. Qu’on soit Cena, qu’on soit Cos-Lépi, asseyez-vous et discutez avec le ministère des Finances et voir s’il n’y a pas de doublons. Parce qu’aujourd’hui, c’est clair. Qu’est-ce que Cos Lépi fait, qu’est-ce que la Cena fait de manière à libérer le contribuable ? Mais on dit que si vous ne donnez pas les 20 ou 22 milliards, nous irons crier sur tous les toits que Yayi Boni ne veut pas les élections. C’est trop facile. Je gagnerai quoi alors ? Parce que partout où je passe, on dit pourquoi je n’organise pas les élections. Je lance un appel au dialogue aux acteurs. J’accepte qu’on s’asseye. Qu’est-ce que nous pouvons faire, vu l’état actuel de notre trésorerie ? Qu’on nous envoie un audit international pour voir si ce qu’on nous demande là, on peut y faire face sans compromettre nos engagements internationaux. Par rapport aux partenaires sociaux, à la société civile, aux handicapés, la décentralisation etc. Les sollicitations sont nombreuses. Il faut que chacun soit conscient que nos élections coûtent chères et qu’il faut qu’on s’asseye pour prendre conscience de la gravité de la situation. Les attaques personnelles ne servent à rien. Il s’agit de l’avenir de notre pays. Il s’agit de relever le défi. Il ne s’agit pas de plonger le pays dans la boue. Voilà en fait ce que je tenais à vous dire. Je suis convaincu que tous ces défis seront relevés et je lance un appel à la nation que ce dialogue sera établi. Il faut éviter de faire les attaques personnelles, des injures vis-à-vis de nos institutions de la République. Je pense qu’on va vider de son contenu cette démocratie que nous appelons de tous nos vœux. Que Dieu bénisse notre patrie. Amen ! »

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