Charles Konan Banny sur la crise ivoirienne : «Que la victime ait la force de pardonner à son bourreau »

La réconciliation est loin d’être acquise en Côte d’Ivoire, 03 ans après la fin de la crise postélectorale qui a secoué le pays et fait des milliers de morts. Reçu sur Rfi, Charles Konan Banny, le président de la Commission dialogue vérité et réconciliation (CDVR), mise en place à la sortie de cette crise, le reconnait et s’active à cette lourde mission dans un pays où les plaies sont encore béantes. 

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«Notre mandat, c’est de réconcilier ce qui a priori peut paraître irréconciliable. Nous souhaitons que la victime ait la force de pardonner à son bourreau. Si son bourreau a le courage et a l’humilité nécessaire pour lui demander pardon » a-t-il imploré. Toutefois, en Côte d’Ivoire, il ne  s’agira pas, comme ce fût le cas en Afrique du Sud Post-apartheid, d’octroyer systématiquement le pardon contre les aveux. Le principe « aveux contre amnistie » n’est pas appliqué dans le processus de réconciliation qu’il dirige.

«Nous voulons persuader, convaincre et non contraindre que nonobstant cela, il est souhaitable qu’ils viennent participer à ce processus qui doit permettre à la Côte d’Ivoire de trouver un nouveau chemin » a-t-il expliqué. Quelques 63000 personnes ont été auditionnées.  Et même s’il ne relève pas de son ressort de procéder à l’indemnisation des victimes, il rassure : «Il y a toute sorte de choses pour que les citoyens qui ont souffert soient réintégrés dans la société. La Commission n’est pas agent d’exécution, c’est à elle de décider qui va appliquer cela et comment elle va s’organiser pour trouver les ressources nécessaires. Je crois d’ailleurs qu’elle l’a annoncé qu’elle va instituer un fonds dédié à la réparation des victimes ».

Justice des vainqueurs !

Jusqu’à présent, aucun des combattants du camp de Ouattara n’a encore été inquiété alors que le Président Laurent Gbagbo et son disciple Blé Goudé sont aux mains de la Cpi au même moment que son épouse est gardée en prison au pays. Cette justice du deux poids deux mesures qualifiée de «justice des vainqueurs» -ce n’est qu’un secret de polichinelle- plombe le processus de la réconciliation. Mais à en croire M. Charles Konan Banny,  parler de ‘’justice des vainqueurs’’ « ce sont des mots. La violence n’a pas de couleur politique. Les balles n’ont pas de camp. Les machettes n’ont pas de camp. C’est pour cela que nous faisons tout pour que si, il y a des auteurs qui appartiennent à des obédiences, que ces auteurs puissent être traités de la même manière et nous les encourageons à venir participer au « tribunal du pardon » quelque soit leur couleur politique, ethnique, religieuse ou autre ». Pour l’heure insiste-t-il, « Il y a une route de longue haleine » et  «  nous allons réapprendre, décider peut-être de revivre ensemble ». Sa commission assure-t-il, « a essayé de contribuer en pansant les plaies, en proposant réparation, en identifiant les causes, en faisant des recommandations, mais je ne peux pas moi, mettre ma main au feu, faire partie de là la réconciliation ».

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