Comme au Bénin, Bolloré au cœur d’une polémique en Côte d’Ivoire

Présent dans plusieurs ports africains, le groupe Français Bolloré, notamment sa filiale Bolloré Africa Logistics (Bal), est dans le viseur de l’Union monétaire ouest-africaine (Uemoa). Ce qui fait débat, c’est la surprenante attribution du marché d’exploitation du deuxième terminal à conteneur du port d’Abidjan à un consortium dont Bal est membre. C’est une affaire dont a parlé Radio France Internationale (Rfi) et le journal « Le Monde ». Les deux medias français ont, en effet, eu copie du document de l’Uemoa qui met en cause le groupe français.

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En zone de turbulence, l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo a accordé le monopole du port d’Abidjan à Bolloré. En lui cédant notamment l’exploitation du premier terminal à conteneurs dudit port, mais aussi le chemin de fer qui relie le port à d’autres régions du pays et des pays de l’hinterland. Arrivé au pouvoir en 2011 à l’issue d’une crise électorale qui a durement éprouvé l’économie ivoirienne, Alassane Ouattara décide de la relancer. L’une des stratégies de cette relance économique est l’ouverture de la concurrence au port d’Abidjan. Le gouvernement lance alors un appel d’offres international pour l’ouverture dans ce port d’un second terminal à conteneur. «L’exploitation du terminal se fera dans un cadre concurrentiel, notamment avec le terminal à conteneurs actuellement exploité au port d’Abidjan» Tel était l’objectif de l’appel d’offres comme l’a rappelé Le Monde. Mais curieusement, le marché a été attribué à un consortium dans lequel se trouve Bolloré Africa Logistics (Bal), filiale africaine de Groupe français Bolloré. Et voilà qui révolte les soumissionnaires malheureux. L’un deux décide de prendre par les voies de recours pour faire valoir ses droits. Il s’agit du groupement mené par le Philippin ICTSI. Il ne comprend pas comment Bolloré et son partenaire Apmt, déjà opérateurs du premier terminal à conteneurs du port d’Abidjan, ont pu obtenir la concession du deuxième, alors que l’appel d’offres visait justement à faire rentrer la concurrence dans un port considéré comme l’un des plus chers d’Afrique de l’Ouest.

Dans le viseur de l’Uemoa

Mécontent donc, ce groupement a saisi en mars 2013, l’Autorité (ivoirienne, Ndlr) de régulation des marchés publics. En mai de la même année, il porte plainte devant la Commission de la concurrence de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa). Sa plainte a été jugé recevable pour « violation des règles de concurrence en vigueur au sein de l’Uemoa ». La commission de la concurrence a mandaté des experts pour se pencher sur la question. Les conclusions de leur rapport d’analyse préliminaire présenté en juin 2014 sont sans appel. Selon ce comité consultatif, cette concertation ayant conduit à l’attribution du second terminal du port d’Abidjan à un consortium comprenant Bal est « assimilable à un abus de position dominante ». Les experts estiment que le « comportement fautif »  « d’Apm-t et de Bolloré Africa Logistics » devrait, « à posteriori, amener l’Etat de Côte d’Ivoire à remettre en cause l’attribution de la concession.» Leur rapport suggère, cité par Le Monde, des « sanctions pécuniaires » et l’imposition de la « cession  d’une partie des parts (…) détenues par Apm-t et Bolloré sur le capital de l’entreprise attributaire de la concession pour éviter le monopole de l’exploitation des deux terminaux.»

L’enquête continue. Le rapport des experts n’est qu’un avis. Mais il vient confirmer les objections exprimées en 2013 par Jean-Louis Billon, ministre du Commerce ivoirien qui s’inquiétait aussi d’éventuels problèmes de gouvernance et de respect des normes. « J’ai envoyé des courriers à mes collègues impliqués dans ce dossier pour les prévenir du risque d’abus de position dominante si ce terminal était attribué au même opérateur que le premier, ce qui est interdit», a relevé le ministre Billon dans les colonnes de notre confrère français. Ajoutant que le port d’Abidjan est 40% plus cher que celui de Théma, au Ghana, il postule que ce monopole du privé ne permet pas au port d’Abidjan d’être compétitif.

Au cœur d’une autre polémique

Là-bas, sur les rives de la lagune Ebrié, le puissant groupe français, remarquablement présent dans le transport maritime en Afrique depuis de longues années, est au cœur de la polémique. Comme il l’est également au Bénin dans le cadre du projet Epine Dorsale, dont le volet rail est devenu un segment du projet sous-région boucle ferroviaire. Entré dans la danse comme partenaire stratégique, le groupe Bolloré, se comporte aujourd’hui comme le propriétaire du projet. Ravissant, avec la complicité des chefs d’Etat béninois et nigérien, la vedette au groupe Petrolin de l’homme d’affaires béninois Samuel Dossou. Petrolin a ainsi été relégué au second plan. Pourtant, aussi bien historiquement que juridiquement, Petrolin est censé avoir l’exclusivité du projet dont le volet rail consiste en la réhabilitation-construction et exploitation de la ligne ferroviaire Cotonou-Parakou-Dosso-Niger. Si les cas ivoirien et béninois ne sont pas forcément identiques, on note tout de même que dans les deux pays, il y a une polémique sur l’attribution d’un gros marché. Et au cœur de cette polémique se trouve le groupe français ; notamment sa filiale Bolloré Africa Logistics.

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