Fcbe: le temps de la fronde

A quelques mois des prochaines élections, ce n’est pas la sérénité au sein  des Fcbe. Certains faucons de la coalition décident de prendre quelques libertés de ton. D’autres, plus avancés explorent déjà de nouveaux horizons politiques. Chose inquiétante, les frondeurs d’aujourd’hui comptent parmi les premiers bâtisseurs d’hier. Les Fcbe semblent amorcer ainsi leur descente aux enfers.

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L’édifice Fcbe se lézarde. A plusieurs endroits déjà, les fissures sont de plus en plus visibles et tout observateur politique prudent devrait commencer à s’inquiéter pour l’avenir de cette coalition. Surtout que, étant au pouvoir depuis 2006, ses militants et responsables ne manquent pas pour autant de « nominations » comme eux-mêmes aiment à les appeler si tant. Ceux qui se fâchent actuellement ne sont donc pas les mécontents du système qui, ayant couru vainement derrière les « postes » sont obligés de faire un peu la tête le temps que le patron pense à eux ou qui, ayant espéré pendant des lustres, ont fini par transhumer vers d’autres partis où ils espèrent ce qu’ils n’ont pas eu ici. En un mot, les frondeurs d’aujourd’hui, en tout cas ceux qui se sont affichés jusque là, ne sont pas les oubliés. Ce sont au contraire les premiers bâtisseurs de la nébuleuse Fcbe. Ceux qui, depuis 2006 ont défendu Yayi avec abnégation et qui, comme cela se dit au sein de la coalition, sont prêts à se livrer eux-mêmes pour défendre le locataire de la Marina. Le premier est Mathurin Coffi Nago. Président de l’Assemblée nationale depuis 2007 après un passage éphémère au Gouvernement de 2006 à 2007, il passe pour l’un des hommes clés du système et ce n’est donc pas par hasard que Yayi a fait de lui la 2è personnalité de l’Etat.  A ce poste, il l’a défendu contre tous les assauts de l’opposition : traduction devant la Haute Cour de justice, interpellation directe, blocage du budget…Nago a payé le prix  fort de cette docilité politique  à son chef. La plupart de ses rapports d’activités de la 5è mandature ont été rejetés par les députés et il a frôlé la destitution à plusieurs reprises. Le Chef de l’Etat a si bien caricaturé cela en disant : « si je dis piiii, Nago répond pannn, le train est toujours en marche ». Aujourd’hui, Nago fait partie des déçus du système et a affirmé tout récemment à Bopa sa grosse déception et ses inquiétudes sur l’avenir de notre démocratie. Pour lui, il y a un grand complot en cours contre la démocratie. Des propos d’une extrême gravité lorsqu’ils viennent de la 2è personnalité de l’Etat. Et ça a suffi pour que la machine de répression des Fcbe se lance contre lui. Maires, députés, ministres et même populations de Bopa ont été envoyés pour l’attaquer.

Débourou aussi !

De lui Yayi pourrait dire à l’image de César à son fils « Tu quoque, fili ! ». Ce qui veut dire : « Toi aussi mon fils ! ». C’était un thuriféraire du régime, un lieutenant fidèle de Yayi. Il a gagné ce titre à cause de ses prises de position assez fortes et de son soutien politique sans nul autre pareil. Il s’est d’ailleurs illustré par ses nombreux pugilats au Parlement où il s’en prend souvent à ses collègues qui osent critiquer le pouvoir  et le Chef de l’Etat.  Lui non plus n’est plus en odeur de sainteté avec le régime. C’est pourquoi, le meeting que la coordination Fcbe de Bembèrèkè, commune dont est originaire Djibril Débourou a été dispersé par les forces de l’ordre envoyés par le nouveau ministre de la défense Théophile Yarou. Bien que le député nie être  associé à ce meeting, on comprend qu’à Bembèrèkè, le temps le l’affranchissement politique a sonné. C’ est d’ailleurs pour la première fois qu’une activité des Fcbe est empêchée. Selon des sources concordantes, la rencontre du samedi dernier à Bembèrèkè devrait permettre, entre autres, de faire une analyse critique de la situation politique du Bénin depuis 2006. Dans les arcanes du pouvoir, on accuse le député va-t-en guerre de Bembèrèkè de flirter avec le Général-candidat Robert Gbian, originaire de la même commune que lui. D’ailleurs, son parti l’Uds a fait ces derniers jours un début de rapprochement avec l’Un, une coalition de l’opposition. L’histoire de ces deux personnalités du régime, aujourd’hui en disgrâce est symptomatique du niveau de pourrissement atteint au sein des Fcbe. Après huit ans de larbinisme politique, bon nombre des caciques sont fatigués de continuer à jouer aux enfants de chœur. Toujours dociles et d’accord avec tout ce que le Chef de l’Etat dit, toujours là à le soutenir, même dans ses erreurs les plus graves. Huit ans après, les uns et les autres se lassent d’un système aussi étouffant où la vérité est proscrite. Ils ont bien envie d’aller découvrir d’autres horizons politiques pour plus de liberté et d’indépendance d’esprit. Les situations de Bopa et de Bembèrèkè ne sont que les premiers. D’autres aussi attendent de s’affranchir du joug des Fcbe et de Yayi. Et comme l’Ubf en 2004, 2005, il ne restera pas grand-chose des Fcbe à la veille de la présidentielle de 2016.

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