Fierté nationale : Martin K. TCHOBLI, Professeur et pape !

Mon voisin de siège n’était pas enthousiasmé à l’idée que je séjournerais dans l’heure qui allait suivre, dans son pays, le Gabon, et particulièrement à Libreville. Ce 2 septembre, son enthousiasme à une autre cause : Martin K. TCHOBLI, anesthésiste-réanimateur, professeur titulaire des universités. Il me révèle qu’il est un Béninois, vivant au Bénin mais formant le monde. Pour lui, c’est un pape. Et le Bénin, un pôle d’excellence. 

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Un pape. « Je veux vous dire, Maître : il y a 12 anesthésistes au Niger, le prof. en a formé 10 ; 3 en Centrafrique, deux sont emportés par la crise et le troisième ne peut pas rentrer dans son pays. Il a formé tous les anesthésistes du Tchad, une grande partie des Gabonais ainsi que des Marocains« . A mesure qu’il témoignait, j’avais le souffle coupé par une immense fierté et la joie de me reconnaître à travers celui que je ne connaissais point encore… 

M. TCHOBLI fait donc partie de ces nombreux compatriotes que l’on connait à peine, que l’on salue rarement, que l’on félicite à titre posthume. Mon voisin me peint un compatriote qui élève le Bénin avec splendeur, efficacité et magnanimité. « L’on vient au Bénin non pas parce que le pays est particulièrement important, mais parce qu’on y recherche une signature de qualité au bas de son diplôme« , poursuit-il. « Il est le plus illustre de sa spécialité en Afrique, mais encore, assurément dans tout l’espace francophone !« . Dans le fond, c’est le Bénin de l’intelligence et de l’excellence que mon voisin célèbre. 

Le Bénin, un pôle d’excellence. « A regarder de près, le Bénin demeure un pôle d’excellence« . Et, toute proportion gardée, ce n’est pas qu’un compliment de convenance. Les centres de recherche et de formation sont encore appréciés pour la qualité des enseignements, la rigueur dans la recherche. De nombreux Etats sollicitent encore nos écoles pour la formation de leurs ressources humaines, à l’instar de ceux de l’Afrique Centrale dont certains auditeurs de justice sont en fin de formation à l’Ecole nationale de magistrature de l’Université d’Abomey-Calavi. Des générations de jeunes africains et d’ailleurs ont acquis la lumière de la connaissance et de la démarche scientifiques dans nos laboratoires, facultés et écoles. 

Mais cela n’a lieu, au vrai, que grâce au militantisme scientifique de quelques acteurs engagés dans l’enseignement supérieur, à l’image du Prof. TCHOBLI. Ce sont des parcours solitaires qui maintiennent le navire de l’excellence béninoise à flot. Il faut assurer la mutation de ces parcours solitaires en un vouloir collectif, élaboré et structuré, à proposer à l’Afrique et au monde des cadres d’épanouissement de la science. 

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Notre pays n’y parviendra pas au moyen d’un saucissonnage opportuniste et d’un partage territorialiste et ethnique du patrimoine de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique. Il n’y parviendra pas sans une politique cohérente, une vision claire et des moyens subséquents. Il n’y parviendra pas sans la célébration des meilleurs, la modélisation des parcours qui élèvent et rayonnent. 

L’Afrique n’aura de mérite à la reconnaissance universelle et historique que si elle investit substantiellement et lourdement dans la recherche scientifique et l’enseignement supérieur. Le Bénin ne devra sa protection, sa survie et, sous cette vue, n’aspirera à l’éternité qu’au moyen de l’investissement dans la culture de l’intelligence, de l’excellence et de la recherche. 

En attendant d’exposer, plus amplement, quelques vues sur le sujet, je veux dire ma gratitude au Prof. TCHOBLI, d’avoir renforcé ma fierté de me réclamer de cette communauté. Mon voisin m’apprend que dans moins de deux ans, il irait à la retraite, c’est-à-dire, pour bien d’honnêtes gens, dans le cachot de l’oubli de la République. Je n’ai, pour l’heure, aucun pouvoir. Si cela était possible, je l’aurai fait, sans doute avec bien d’autres, commandeur de tous les ordres. Je n’ai, hélas, pas ce pouvoir. Lui non plus d’ailleurs n’a plus de chance : il n’est pour le moment, ni représentant étranger, résident ou de passage au Bénin, ni une personnalité à la fortune éblouissante, pas même un serviteur au sens politique du terme. Il ne commandera pas encore un ordre. Sauf celui de notre cœur, tout entier reconnaissant.

Très saint père de la médecine, je vous salue !

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