Humeur du temps : Yayi, un président trop cher pour les Béninois

Kérékou devrait bien s’en mordre les doigts. Lui si modeste avait passé près de dix ans de pouvoir dans sa Peugeot 406 et dans sa vieille bâtisse des filaos. Pour ses voyages à l’extérieur, assez rares d’ailleurs, il sollicitait les services de son ami de l’Ouest, Eyadema dont l’avion présidentiel venait souvent à Cotonou le chercher. 

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Il avait la sobriété dans les actes et passait pour un des présidents les moins dépensiers de son temps. Son successeur, est lui à ses antipodes. Il adore le confort, le grand luxe qu’on connaît aux Chefs d’Etat d’Afrique qui aiment à gaspiller les maigres ressources de leur peuple. A la limite, on pourrait dire un mégalomane. Son parc automobile est composé de 4 X 4 haut de gamme, de Chrysler et deux voitures blindées achetées à prix d’or lors du premier quinquennat. Les villas, il en amasse lui. A Cotonou, Parakou et Tchaourou. Friand des voyages, il a englouti près de 6 milliards pour la réfection de l’avion présidentiel, un Boeing 737 récupéré chez Khadaffi et que Kérékou s’est toujours méfié d’utiliser. Et c’est avec cet avion qu’il effectue ses nombreux voyages à l’extérieur, bien qu’il lui arrive aussi d’utiliser d’autres avions pour ses voyages, surtout ceux sur l’Europe et l’Asie. Mais Yayi ne s’arrête pas là dans ses ambitions. Pour ses voyages fréquents à l‘intérieur du pays, il s’est tapé en février dernier un hélicoptère acquis auprès d’une compagnie pétrolière. Depuis, Yayi vole dans les airs. Pas question pour le Chef de l’Etat de souffrir le martyr en faisant en voiture d’interminables voyages sur des routes cabossées dont les états se sont plus dégradés avec les travaux lancés par son propre gouvernement de façon brouillonne. Avec cet engin, Yayi est plus opérationnel. Il peut aller à Malanville, y retourner, assister à un meeting à Lokossa, faire une escale à Bopa pour glisser des peaux de banane à Nago et repartir tranquillement sur Cotonou le même jour. C’est seulement en se rendant à Porto Novo qu’il n’ose emprunter la voix aérienne à cause de la proximité de cette ville avec Cotonou mais ici les chars sont sollicités par la Garde républicaine pour sécuriser le convoi sur les 30 km à peine qui séparent les deux villes.

Tous ces nombreux béninois qui font chaque jour le trajet Porto -Novo – Cotonou à moto ou en voiture savent que la circulation des chars annoncent le déplacement du Chef de l’Etat sur Porto Novo. Des millions partent en kérosène pour les nombreux voyages. Le Chef de l’Etat ne s’arrête pas là. En plus de l’avion présidentiel, de l’hélicoptère pour ses voyages internes, il soigne sa communication à l’international à des milliards. Les médias internationaux se frottent les mains à niveau. En 2013, le Groupe Jeune Afrique a, à lui tout seul, englouti 320 millions pour accompagner Yayi dans sa volonté de toujours plaire. Ne parlons pas d’Africa 24 qui en a amassé plus. Ne parlons pas des agences de communication et des autres médias.

Yayi – Nago : la fin d’une histoire!

Le Chef de l’Etat veut paraître le plus démocrate, le plus bon et le plus soucieux de son peuple à l’extérieur. Hélas les câblogrammes diplomatiques trahissent souvent ses ambitions. Comme d’ailleurs l’Ortb qui, à force de le servir aveuglement finit par le desservir en montrant de lui l’image d’un président allergique à la moindre contradiction. Pendant ce temps, à Kabo dans sa commune natale de Tchaourou, les populations meurent dans les eaux à cause d’un petit pont qui s’est effondré. A Sô Ava et dans plusieurs villages, l’eau potable est une denrée recherchée. Dans un tel pays où les gens manquent du peu, les choix et les ambitions du Chef de l’Etat paraissent de moins en moins comme des choix judicieux mais comme la folie dépensière d’un chef obnubilé par son seul égo.

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