«La vitrine démocratique se fissure, il faut qu’on colmate les brèches dès maintenant» Jonas Noutévi

Fin observateur de l’actualité sociopolitique de son pays, Jonas Noutévi est aviateur en retraite depuis l’an 2000 après une carrière partagée entre l’Armée de l’air du Dahomey devenu Bénin, Air Afrique, l’Union des transports aériens (Uta) et Air France. Analysant chaque jour cette actualité, il a jugé important et nécessaire de mettre en musique l’un de ses messages rédigés il y a trente ans et contenu dans son recueil de poème ‘’Ombres et lumières’’ publié en 1991. 

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Dans cette interview, l’auteur explique pourquoi il revient sur ce message désormais en chanson sous l’intitulé ‘’Hymne de l’unité’’ et lance un appel au peuple béninois dans le sens de la construction d’un pays de paix et de développement.

Hymne de l’unité, c’est une chanson dont le texte date de 1984 et publié dans un recueil de poèmes que vous avez signé 1991. Pourquoi revenir là-dessus 30 ans après ?

Ce message révèle aujourd’hui une certaine importance par rapport à ce qui continue de se passer, c’est-à-dire un Bénin qui fait du surplace et si il ne fait pas attention, va reculer. Quand on jette un regard sur notre petit Bénin, l’unité ne se voit pas tant politiquement que même dans les rapports entre les individus. Les Béninois aujourd’hui me semblent ne pas fraterniser, semblent ne pas s’aimer. Et les pouvoirs au Bénin sont jaloux. Vous avez une opposition qui est bâillonnée alors qu’il faut tout ça pour faire une nation. Tout ceci pose déjà un problème de cohésion. J’ai estimé qu’il faut que des voix s’élèvent. Certains candidats potentiels aux prochaines élections évoquent déjà ce sujet. Des intellectuels, des chroniqueurs aussi, invitent tous ceux qui peuvent participer à la recherche de la paix, de la fraternité dans notre pays. Fraternité, c’est dans notre devise.

Vous avez choisi de revenir sur ce message non plus en texte mais en musique. Pourquoi ?

J’ai opté de mettre ce poème en chanson pour que l’écho résonne loin. La lecture étant en déclin constant. La musique elle, est un meilleur vecteur de diffusion ou de communication.

Dans l’hymne, vous invitez les Béninois à ce référer à la sagesse de leurs ancêtres. En quoi consiste cette sagesse ?

Le Bénin est passé par plusieurs étapes. Il y a eu des guerres intestines au temps de la colonisation, les problèmes d’esclavages, … mais ça n’a pas entamé l’unité nationale puisque quand nous, nous sommes nés, on est venu trouver un pays dans un certain ordre. Cet ordre a été dérangé quelques peu par les régimes auxquelles mais le génie est toujours sorti de la nation. Nous avons connu le renouveau. Le renouveau nous a donné un peu d’oxygène et nous avons pu commencer à nous parler. Nous nous sommes parlé à la Conférence. On est sorti de la Conférence uni comme un seul peuple. C’est pour cela que tous les Béninois sont jaloux de ce renouveau démocratique qu’on ne devrait pas écorcher de quelque manière soit. Il faut qu’on se parle de manière sincère.

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Dans cette sagesse, vous dites que le pays ne doit pas être géré sous l’effet de la colère. Pensez-vous que c’est le cas aujourd’hui ?

La colère dit-on souvent, c’est l’arme des faibles. Je ne me prends pas pour un devin, mais en comparant avec ce que nous vivons aujourd’hui avec ce que nous avons connu à la sortie de la Conférence nationale, personne ne peut nier qu’il y a des déviations qui pourraient être dommageables. Nous devons tous réagir à notre manière, que chacun entende raison, qu’on ne soit pas dans un dialogue de sourds. C’est ce qui arrive en mon sens.

Vous parlez aussi d’amour sincère.

La sincérité. C’est un préalable à tout ce qui est dialogue. Dans un peuple, dans un régime politique, il y a toujours des échanges. Nous sommes en régime démocratique donc il y a une opposition. Si l’opposition ne prend pas langue avec ce que nous appelons aujourd’hui la mouvance et vice- versa, nous ne construisons pas le même pays. L’opposition n’est pas un frein à l’action gouvernementale de même que l’Exécutif. L’opposition peut participer à l’action gouvernementale de même que l’exécutif aussi peut appeler l’opposition à des dialogues un peu comme un syndicaliste ferait avec son patron. C’est ce dialogue qui doit être sincère puisqu’un résultat doit sortir. Tout le monde doit adhérer aux résultats et faire foi.

Qu’avez-vous alors à conseiller au peuple béninois ?

L’occasion qui m’est offerte me permet, en mon humble personne, d’inviter tous les Béninois à fraterniser, à éviter les querelles inutiles. Les querelles inutiles ont des conséquences qui vont au-delà de ce que les acteurs des actes imaginaient au moment où ils les posaient. Un regard sur l’Afrique suffit. La Centrafrique, le Rwanda, le Congo-Zaïre, le Darfour, les exemples sont nombreux. Ce n’est pas l’apanage de l’Afrique. Il y a la Russie, l’Urkraine. C’est la lutte pour le pouvoir qui a entraîné tout ça. Que les Béninois regardent ces faits dramatiques pour prendre conscience du devenir de notre pays. C’est notre pays. Dans ma chanson, je dis mon pays. Que chaque Béninois dise mon pays, qu’on refasse notre pays pour qu’on puisse être un modèle comme il a été le quartier latin. Mais la vitrine démocratique se fissure, il faut qu’on colmate les brèches dès maintenant.

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