Le couper/décaler à la béninoise

Comment esquisser les pas du « couper/décaler », une danse d’origine ivoirienne, quand on est Béninois ? L’informatique répond : coupez et collez et vous ferez un brillant danseur du « couper/décaler » à la sauce béninoise. Un pas en avant. Un autre à gauche, puis à droite. 

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Deux pas en arrière. Le « couper/ décaler », comme on le voit, c’est beaucoup de mouvement pour faire, finalement, du surplace. Les Béninois excellent dans cet art. Le boom de l’effet d’annonce, suivi du plouf de quelque chose qui se noie.  Quelques exemples pour le montrer et pour le démontrer.

Le 17 juin 2015, le Bénin, selon un engagement international, aura migré de l’analogique au numérique. A cette date, le paysage médiatique de notre pays, notamment sous l’angle de l’audiovisuel aura profondément changé. Non que le Bénin ne se prépare pas à affronter cette échéance. Mais qu’il s’agite beaucoup autour du sujet, en s’abstenant de poser les vrais problèmes sous-jacents. Vont être hors d’usage les anciens téléviseurs cathodiques. Ce que les Béninois, à l’imagination fertile, appellent des « télés à grosses fesses ». Ce sont des milliers de postes téléviseurs qui vont ainsi prendre le chemin de la casse. Que fera-t-on des restes de ces cadavres ? Comment gérer les déchets résultant de la casse ? Comment pense-t-on les recycler ? Quelles lignes d’encadrement prévoit-on de mettre en place pour former de jeunes techniciens béninois habilités à réparer les nouveaux téléviseurs numériques ?

Le 17 novembre 2015, nos passeports actuels n’auront plus cours. En lieu et place, des passeports biométriques de nouvelle génération seront exigés à toutes les frontières du vaste monde. Peut-on prendre le chemin d’une aussi importante mutation sans préparation, sans une organisation conséquente ? Tout un dispositif est à mettre en place. Des actions d’approche intelligentes sont à promouvoir. Au bout du compte, des bousculades inutiles seront éviter pour que le fabuliste n’ait pas eu tort : « Rien ne sert de courir, il faut partir à point ». Un Etat organisé, une administration méthodique, dans cette affaire, c’est celui ou celle qui sait faire respecter une juste adéquation entre l’offre et la demande de ces nouveaux titres de voyages. Dans la sérénité et à la satisfaction de tous. Au lieu de nous aider à avancer vers ces horizons apaisés, deux ministres, et non des moindres,  bombent le torse, bandent les muscles et se disputent la paternité de l’opération. Qui a qualité à gérer quoi ? Et au nom de quoi ? En attendant l’arbitrage de qui de droit, vidant du coup une querelle aussi absurde qu’inopportune, nous nous rapprochons à grands pas de la date fatidique.

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Décembre 2014. C’est à cette date que le Niger achèvera sa part dans la construction de la voie ferrée Cotonou-Dosso-Niamey. Au Bénin, rien n’a encore commencé, tout est à faire.   Pas le moindre centimètre de rail posé. Ce qui va si vite au Niger coince au Bénin ou avance comme un escargot. Dans la palabre la plus oiseuse. Alors que la cigale chantait tout le temps, la fourmi travaillait sans désemparer. Le Niger avance. Le Bénin bruit de la dispute de deux entrepreneurs. Les intérêts financiers auraient pu rapprocher les protagonistes de cette affaire. Mais l’ivraie de la politique politicienne, qui pourrit tout, les a éloignés l’un de l’autre. Pendant qu’ils nous font perdre du temps, les deux entrepreneurs garnissent leurs carquois de flèches pour en découdre sur le terrain du droit. Le temps passe et dure l’impasse.

2014-2016. Voilà la durer de la pénitence infligée au Bénin par la plus haute instance du football africaine, la Confédération africaine de football (CAF). Le Bénin est condamné pour fraude, tricherie, trafic sur l’âge des joueurs. Deux ans d’exclusion de notre pays de toutes compétitions, toutes catégories d’âge confondues. Deux ans de diète sévère pour notre football qui n’aura rien à se mettre sous la dent. Que ferons-nous dans ce purgatoire où l’on vient de condamner notre football ? Allons-nous continuer à pleurer sur nos malheurs, à ruminer nos turpitudes ? Que faisons-nous concrètement pour rebondir, pour renaître, pour vaincre la fatalité de ce football de toutes nos déceptions ? Les responsables de l’instance faîtière nationale, en l’occurrence le Fédération béninoise de football, s’appliquent à faire du « couper/ décaler ». Un pas en avant. Un pas à gauche. Un autre pas à droite. Mais deux pas en arrière. Nous n’avons pas cessé de le dire. Encore une fois, redisons-le : qui n’avance pas, recule !

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