Opposants béninois, où êtes-vous ?

Depuis 2006, un seul homme plane sur  l‘échiquier politique béninois. On le voit et l’entend partout. Il est sur tous les fronts, même ceux qui ne concernent pas forcément un Chef d’Etat. Visites de champs de coton, il est là. Lancement d’une campagne de vaccination contre la polio, le Chef de l’Etat répond présent.  

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Ne parlons pas des nombreuses visites de chantiers, de pose de premières pierres et d’inaugurations d’infrastructures. Même pour une école primaire construite en matériaux précaires, on le voit. Certes, il n’y a rien de grave à voir le Président de la République sur tous les fronts si ce hyper-présidentialisme  n’est pas souvent entaché par des pas de clerc, des déclarations maladroites et des échecs répétés. Depuis 2006, on voit un Chef d’Etat débordant d’énergie et de volonté, capable d’un altruisme politique inédit mais qui est noyé dans un étang d’erreurs, de balbutiements qu’on n’a pas l’impression qu’ils vont s’arrêter un jour malgré l’expérience que le personnage accumule dans son job de président. Cet exploit dont il fait montre chaque jour en étant partout  à la fois, en donnant l’impression d’être occupé à tout et finalement à rien, a fini par entamer totalement le moral  de la troupe en face. Opposants, ça ne court pas la rue par ici. Ceux qui osent se faire appeler ainsi n’agissent pas comme tels et ceux qui agissent comme tels se défendent toujours à dire qu’ils ne sont pas opposants. Tout le monde se méfie de se faire assimiler à cette engeance politique. Au finish, on ne voit rien qui puisse inquiéter ou affoler Yayi qui lui s’occupe à les empêcher d’agir et de se faire entendre. Les échos de leurs procès contre son gouvernement n’atteindront jamais les populations. Un embargo est décerné contre eux sur l’Ortb, la chaîne de service public qui, depuis 2006, a pris la couleur verte de l’alliance Fcbe. Acculée, cette opposition n’a pas osé résister face à la fougue du Président qui, en même temps qu’il agit, parle et s’auto-congratule. Ce show médiatique séduit les populations. L’opposition déroutée se met en hibernation politique. On ne la verra que dans quelques actions et réactions sporadiques face à un pouvoir qui prend la forme d’une autocratie naissante. Mais si Yayi a réussi si vite à anéantir cette opposition qui a connu son dernier âge d’or entre 2008 et 2011, ce n’est pas seulement à cause de l’acharnement politique. L’opposition manque de cohésion et de vision alternative. Ses barrons eux, agissent comme des pleutres qui n’osent rien par leur courage et leur esprit d’initiative. Ceci est lié à l’essence de cette opposition qui s’apparente à un conglomérat de séniles. Ce qui facilite la tâche à un président pro actif et toujours en mouvement.  Ne demandez pas à un Nicéphore Soglo, à un Bruno Amoussou ou à un Adrien Houngbédji  d’aller à son rythme. Ne leur demandez pas surtout de se mettre à attaquer de manière frontale Yayi ou à le critiquer pour chacune de ses mauvaises actions. Eux, ils ne sauraient aller à ce rythme. Cela n’est pas de leur époque. Ils n’ont même pas le temps pour ça. Ils préfèrent  demeurer toujours les sages qu’ils sont et s’occuper d’eux-mêmes en allant régulièrement suivre des soins en Europe. Certains parmi eux passent le clair de leur temps en France où ils lisent des journaux et suivent les chaînes de télévision française. Le locataire de la Marina est à l’opposée  d’eux. Lui, il affectionne les chaînes de télévision béninoise qu’il suit souvent en zappant, télécommande en main. Face à un président si endurant, cette opposition composée de gérontocrates manquent souvent de souffle.  Les Sèhouèto, Houndété, Golou, Lehady, Ahouanvoébla sont obligés de rogner leurs élans politiques en attendant que leurs aînés leur donnent plus de pouvoir pour agir. Depuis 2006, on a vu notre opposition pleurnicher pour avoir des temps d’antenne sur l’Ortb. Elle a si faim de la chaîne des grands évènements qu’elle n’a plus vu l’intérêt de s’intéresser aux autres médias. Sur les sujets qui préoccupent les populations, elle est souvent absente. Parfois par manque de moyens m’a-t-on dit. Une évidence lorsqu’on sait que la plupart des ténors de cette opposition, surtout ceux qui sont des opérateurs économiques, ont vu leurs affaires bloquer par le pouvoir. Mais pour faire de l’opposition, on n’a pas besoin que de moyens financiers. Le courage et l’abnégation sont les moteurs d’un engagement politique sincère. Entre 1991 et 1996, Tévoèdjrè n’était pas bourgeois pourtant il a mené une opposition frontale à Nicéphore Soglo. Face aux relents autocratiques de Yayi, l’opposition doit se montrer plus agressive, plus entreprenante. Opposants béninois, si vous ne pouvez pas tenir la baraque, dégagez ! Et on saura alors que le Bénin n’a pas d’opposition.

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