Insurrection populaire au Burkina Faso : merci au peuple burkinabè pour ces moments…inoubliables

Merci au vaillant peuple burkinabè, peuple des hommes intègres. Merci pour ces moments inoubliables. Merci pour cette journée du jeudi 30 octobre 2014, où vous êtes entrés dans l’histoire par la grande porte. Comme un seul homme ce peuple digne et fier s’est levé et a brisé les fers qui le retenaient depuis des décennies et a dit « Non ! » à l’autocratie. « Non » à la gouvernance à vie ! Le Burkina Faso n’est pas un royaume pour qu’on y installe un roitelet. 

Publicité

Alors, Blaise Compaoré le doyen des présidents africains n’a eu sa survie qu’à la fuite. A travers la brousse. Comme un rat –palmiste. Vulgaire «  gbédja » ! Quelle déchéance !

Un tsunami a emporté B. Compaoré

En effet, c’est un tsunami qui l’a emporté. Un tsunami regroupant toutes les forces de la société civile – surtout la jeunesse – et de l’opposition a balayé l’autocrate. Après le Sénégal, le pays des hommes intègres a montré au monde entier que lorsqu’un peuple en a marre, il sait puiser au tréfonds de ses entrailles la volonté nécessaire pour se libérer du joug de l’oppresseur. Ce furent des moments inoubliables… Malgré le feu qui a tout consumé sur son passage. Malgré le sang des nombreux martyrs et blessés. Malgré le chaos qui a fait de Ouaga, Bobo – Dioulasso et d’autres villes de l’intérieur des villes fantômes en ce jour libérateur. Merci peuple des hommes intègres, pour ces moments… inoubliables.

Merci ! Merci, vaillant peuple ! Avez-vous conscience du rôle que vous avez joué en empêchant Blaise COMPAORE de tripatouiller la Constitution pour devenir président à vie ? En sauvant votre pays, vous nous avez sauvés. Vous avez sauvé toute l’Afrique de ces dirigeants qui ne pensent pas que la parole d’un chef est une parole sacrée. Et quand le chef jure sur la bible du pays qui l’a élu, c’est-à –dire la Constitution, qu’il doit respecter la Constitution, il doit tenir son engagement jusqu’au bout. Comme l’a si bien écrit Léonce Gamaï dans la Nouvelle Tribune N°2902 du vendredi 31 octobre 2014 : «  Désormais, de par son héroïsme, le peuple burkinabè envoie un message clair aux autres de la sous-région. C’est le début du printemps noir. Et ce vent de révolte pour la démocratie devra dorénavant souffler dans chaque pays africain si les dirigeants rechignent à quitter le pouvoir ». Sachons désormais, chers compatriotes, que la volonté est le capitaine de nos destinées, et que jamais, nous ne devrons laisser sombrer le navire Bénin.

C’est clair et pur comme l’eau de source que nous buvons en Afrique, que plus jamais, nous n’accepterons qu’on nous infantilise. Plus jamais, on ne nous imposera des régimes à vie ; des dynasties où le père meurt et le fils prend la place. Des régimes où on inféode l’armée pour qu’elle tire sur le peuple à mains nues. Regardez comment nos mamans, nos belles mamans ont marché dans les rues de Ouaga, spatule à la main. Pour dire à Blaise : « nos marmites sont vides et nous n’avons plus de farine pour tourner le tô avec nos spatules ». Et pourtant, il n’en avait cure, obsédé par le pouvoir qu’il voulait garder jusqu’à sa mort. D’où vient cette boulimie du pouvoir de nos « monarques » ? Il y a lieu de les psychanalyser, je crois bien.

Publicité

Les femmes burkinabè ont joué leur partition : qu’on ne les oublie pas

J’avais écrit dans un article précédent que lorsque les femmes sont fâchées contre leur chef, (c’est comme une femme qui est très fâchée contre son mari), l’âme du pays en souffre et ce dernier ne trouve que malheur sur son chemin. Je crois dorénavant que les hommes y réfléchiront par dix fois avant de nous promettre du miel, et nous donner du fiel en retour. La maison Bénin ne repose pas sur le sol, mais sur les femmes de ce pays. Alors, faites très attention, chers messieurs qui nous utilisez comme des marches d’escalier pour votre seule ascension. Les femmes burkinabè ont vaillamment pris leur part au combat contre l’autocrate. Nous les avons vues descendre dans l’arène ; ce combat était juste, bon, grand et magnifique. C’était le combat pour une noble cause, la marche des opposants, des jeunes et de la société civile qui s’est déroulée mardi à Ouaga. A l’image de celle de mercredi à Cotonou. Sachons le bien et intériorisons cette philosophie : «  le courage sauve parfois toute une génération ». Malgré ces avertissements, Compaoré est demeuré sourd, aveugle et muet. Il voulait réaliser son coup d’Etat constitutionnel et avait pris toutes les garanties pour y parvenir. Mal lui en a pris. Son peuple lui, avait une mission à accomplir. Réaliser cette mission ou périr, selon la célèbre formule de Frantz FANON.  Pour ne pas faire mentir l’histoire, cette fois-ci encore. Car si le printemps arabe est arrivé pour libérer nos frères Tunisiens, Egyptiens et Libyens , pourquoi pas nous noirs Africains dont les dirigeants nous refusent le droit à la démocratie, cette forme de gouvernance qui a permis aux autres peuples d’avancer et de vivre dans un environnement où c’est le peuple qui décide de ce qui est bien ou mauvais pour lui ?

A trop tirer sur la corde, elle se casse

« Tant va la cruche à l’eau qu’à la fin elle se casse ». Et Compaoré se cassa la figure et prit la clé des champs à travers brousse. Sinon après deux septennats et deux quinquennats, que veut-il encore prouver à son peuple en matière de gouvernance ? A force de trop tirer sur la corde, à force de tromper son peuple, de minimiser ses opposants et leur capacité de s’organiser en véritable forces populaires aux côtés du peuple d’en bas, le monarque a perdu son trône. Que cela serve de leçon à tous nos dirigeants. Quand le peuple dit deux mandats de cinq ans c’est bon, on s’en tient à cela. Pas une demi-minute de plus, comme dirait l’autre.

Qu’on épargne à nos peuples le chaos

B. Compaoré enfui, il faut gérer la transition. On espère vivement qu’un Dadis Camara ne sortira pas du bois pour prendre encore en otage ce vaillant peuple pendant des décennies. Il est temps que l’armée retourne dans les casernes et s’occupe de son devoir régalien qui est la sécurisation du pays et de ses hommes. Ce peuple a payé cher cette révolution pour qu’on la lui vole. Et regardez ces leçons de civisme qu’il nous donne en procédant dès le lendemain au nettoyage de sa ville que la rage contre l’autocrate a entraîné dans une folie, un chaos indescriptible. Quel plaisir peut éprouver un individu à détruire la maison où il dort chaque soir ? Néanmoins, je remercie ces forces de l’ordre qui ont écouté le message des opposants et n’ont pas retourné contre le peuple les armes acquis à la sueur de son front. Quant à nos chers Présidents, qu’ils évitent à nos pays déjà pressurés économiquement, et toujours en chantier, le chaos qu’il a fallu imposer au Burkina pour se libérer de l’autocrate. Ce serait la preuve de leur amour pour leur pays et leur peuple. Aimer son pays, c’est accepter de le servir jusqu’au sacrifice suprême. Qu’ils sachent que tous nos pays sont assis sur des bombes qui peuvent éclater dès la première étincelle. Il s’agit de notre jeunesse désœuvrée, frustrée, sans repères et sans avenir et qui va mal dans sa peau, chaque jour du lever au coucher du soleil. Ces jeunes constituent plus de 60 % de la population. On les a vus à l’œuvre dans les rues de Ouaga.   

Et pour finir, encore Merci au vaillant peuple burkinabè qui a fait sienne cette sagesse de Périclès : «  Il n’y a pas de bonheur sans liberté, il n’y a pas de liberté sans courage ». Vraiment Merci pour ces moments inoubliables, ces moments qui en vous libérant, libère tout le continent de cette épée de Damoclès que représente la modification de nos Constitution à des fins personnelles.

Adélaïde FASSINOU ALLAGBADA

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité