Interdiction faite à la presse de traiter la polémique sur le Lépi : Adam Boni reconnait la «maladresse» de son acte

Un mea-culpa. C’est ce qu’a fait la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (Haac) à l’endroit de la presse béninoise ce lundi 03 novembre 2014. C’était à l’issue d’une séance de clarification entre les associations professionnelles de la presse béninoise et les membres de la Haac. 

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Cette séance fait suite à un communiqué attentatoire à la liberté d’expression adressée aux medias béninois par Adam Boni Tessi en fin de semaine écoulée. Dans ce communiqué liberticide rédigé et diffusé sans l’avis de ses pairs, le président Boni Tessi interdisait aux medias de traiter de la polémique relative à l’impasse dans la correction de la Liste électorale permanente informatisée (Lépi). Le document a suscité une ire dans les différents cercles des professionnels des medias. Les réactions de dénonciations de réseaux de journalistes et des partis politiques se sont multipliées.

Le Conseil national de la presse et de l’audiovisuelle du Bénin (Cnpa) et l’Union des professionnels des medias du Bénin (Upmb) ont donc entrepris de rencontrer la Haac pour plus de clarifications sur la teneur du communiqué d’Adam Boni Tessi. L’initiative a montré toute son utilité. Puisque le président de la Haac en a profité pour reconnaitre son erreur et présenter ses excuses au monde des medias (lire réactions ci-dessous). « Il n’y avait aucune intention derrière (le communiqué, Ndlr). Comme c’est une mission que j’ai exécuté au nom de la Haac, après la conférence des présidents (des institutions de la république : rencontre illégale, Ndlr), je ne voyais pas les conséquences. Après, j’en ai parlé avec les conseillers et ils m’ont dit que j’ai banalisé la portée de la situation », a expliqué le président Boni Tessi. Avant de compléter : «je peux dire que je suis désolé que les gens aient eu cette compréhension de ce communiqué.»

Bénin : le président de la Haac déclare la guerre aux médias

Dans d’autres contextes, on aurait pu commenter qu’Adam Boni Tessi «ravale ses vomissures», ou «verse le visage de la Haac par terre». Mais au contraire, l’ancien député à l’Assemblée nationale vient de poser un acte édifiant et de grande portée. Adam Boni Tessi a agi en homme d’Etat qui après avoir reconnu la maladresse de son acte, le regrette, s’en excuse et s’engage à ne pas récidiver. Au nom de la sauvegarde de la démocratie béninoise et de la préservation de la liberté de presse.

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Franck Kpochémè, président/UPMB : « vous violez la constitution »

«Après lecture de votre communiqué, on a eu impression que ce n’est pas la Haac de notre pays qui l’a. La constitution n’a pas créé la Haac pour cette mission mais pour protéger les professionnels des médias. Les médias font leur métier. Celui d’informer les populations. En dehors de l’actualité au Burkina, l’actualité au Bénin est le Cos-Lepi. En interdisant aux médias de publier, vous violez la constitution (…) Nous avons deux propositions à vous faire. (1) Faire un autre communiqué qui aille dans le sens de ce que vous avez dit maintenant. (2) Appeler les amis du Cos-Lépi si tant est qu’il vous dérange et qu’ils s’entendent entre eux. Parce que s’ils nous donnent de l’info, nous allons publier. C’est notre devoir »q

Gérard Agognon, Sg/CNPA : « conscientisez vos amis politiciens»

 « Les associations avaient pris l’engagement de réagir immédiatement. Mais nous ne l’avons pas fait à cause des échos que nous avons reçus à savoir que ce n’est pas le collège des conseillers qui a rédigé cela. C’est pourquoi, nous avons jugé utile de venir écouter votre version. Nous avons pris bonne note de ce qui vous êtes désolé. Si c’est réellement un communiqué malencontreux, nous vous demandons de le retirer de la circulation. (…)Nous voulons plus vous voir sur le terrain. Au niveau des médias, nous travaillons à ce que nos membres respectent l’équilibre de l’info. Si vous à votre niveau, vous pouvez conscientiser vos amis politiciens vous aurez moins de travail en tant que Haac»

Adam Boni Tessi, président/Haac : « (…) mes excuses à tous ceux que ça a gêné »

« Les gens parlent trop, ça tergiverse. Le gouvernement parle, le COS réplique. Ça ne présente aucun intérêt pour le peuple. Je n’ai pas réfléchi. Il n’y avait aucune intention derrière. Comme c’est une mission que j’ai exécuté au nom de la Haac, après la conférence des présidents,  je ne voyais pas les conséquences. Après j’en ai parlé avec les conseiller et ils m’ont dit que j’ai banalisé la portée de la situation. Je peux dire que je suis désolé que les gens aient eu cette compréhension de ce communiqué On s’était donné 48h pour régler le problème. Les gens s’entrechoquent et ça distrait le peuple et j’avais reçu des instructions d’arrêter ça. (Il relit le communiqué incriminé, Ndlr). Voilà le communiqué. Il n’y avait rien de malencontreux. Je vais présenter mes excuses à tous ceux que ça à gêner. La solution qui était recherché était qu’on arrête de se tirer entre les pattes et ce n’était pas les médias qui étaient visés mais les acteurs eux-mêmes. On va en tenir compte pour la suite. C’est celui qui ne va pas au marigot qui ne casse pas la jarre (…) Je suis heureux de la maturité de nos associations professionnelles. Je félicite du fond du cœur tous les patrons des organes de presse parce qu’il est vrai que le communiqué porte atteinte à la liberté mais on a eu des résultats. Toutes les diffusions ont cessé. Nous qui sommes là, je vous rassure, personne n’est là qu’on peut influencer. Si je ne trahi pas les secrets d’ici 17 décembre, on a la Lépi et en février on a les élections. Je vous promet de rédiger un communiqué pour m’excuser…»

Source des extraits: BOULEVARD DES INFOS/D.O.T.

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