A moins de 15 mois de la présidentielle de 2016, nous entrons progressivement dans une longue saison de pré-campagne. Chaque potentiel candidat y va de son ingéniosité pour capter l’attention et séduire les futurs votants. Dans ce registre, le général Robert Gbian ne fait pas dans la dentelle. Mais ce candidat a quelque chose de bien particulier. Ses actes et son agenda politique l’assimilent bien à un candidat de zone.
On ne citerait probablement pas les potentiels candidats de 2016 sans donner son nom. Depuis près d’un an, le nom de Robert Gbian, cet affable intendant militaire fait curieusement Général par Boni Yayi est dans le starting block. Il a eu, lui, le culot de se lancer très tôt dans la bataille à une époque où bon nombre de ceux qui ont cette ambition n’ont pas eu le courage de lever le petit doigt. Tous avaient peur de subir la foudre de Boni Yayi dont la volonté de laisser le pouvoir en 2016 paraissait de moins en moins évidente. Depuis, Gbian bouge beaucoup. Il n’y a pas de semaine où un canard de la place n’annonce ses déplacements sur le terrain. C’est cette presse qui annonce son prétendu raz-de- marée dans le Septentrion. Dans les communes des départements de l’Alibori et du Borgou, il serait devenu la nouvelle coqueluche. Un bourgeois, pas du tout pingre, qui reçoit allègrement dans ses manoirs de Cotonou, Calavi et d’Ina – son fief situé dans la commune de Bembèrèkè – où il fait pleuvoir sur ses hôtes espèces sonnantes et trébuchantes. Là bas, au Nord, ses sorties ameutent de grandes foules. Il passe et repasse dans les communes. Des sondages ont fait la une des journaux annonçant qu’il caracolait en tête des intentions de vote pour 2016, loin devant Bio Tchané(son concurrent dans les fiefs du Septentrion), Pascal Irénée Koupaki et bien d’autres. C’est encore et toujours cette même presse qui fait de lui, l’homme à abattre par Boni Yayi qui ne trouve pas en son ancien collaborateur un homme digne de confiance pour le remplacer. En un mot, l’homme est présent dans les médias et sûrement sur le terrain. Seulement voilà, ses sorties politiques semblent se limiter aux seules communes du Septentrion. Jamais on n’a vu Gbian dans ses pérégrinations politiques au Sud. Jamais à Cotonou, ni à Allada, à Bohicon, à Avrankou et autres. On se rappelle vaguement de sa descente à Adjohoun pour rencontrer le roi de la vallée Signon. Depuis, plus rien. Le reste du travail semble être confié à la presse et aux réseaux sociaux chargés d’entretenir la flamme « GGR », les initiaux de son nom. De petits groupes travailleraient aussi en sous -marin pour la même propagande.
L’approche Ggr
Guidé par son ambition présidentielle, le Général Robert Gbian(Ggr) s’y est pris tôt. Dans sa stratégie, il mise gros sur le Septentrion sa région d’origine. Une fois cette zone acquise à sa cause, il pourra descendre progressivement au Sud où il peut compter sur sa fortune pour avoir certains soutiens. L’intendant militaire a commencé par le plus difficile : être le candidat adopté dans tout le Nord. Cela n’est pas si évident dans une zone où il y a des candidats sérieux comme Abdoulaye Bio Tchané qui travaille sur le terrain depuis 2010, Issa Salifou et les autres. Après cela, il doit affronter la restriction linguistique. Bien qu’étant Bariba, une des ethnies majoritaires du Septentrion, il est bien conscient qu’il ne sera pas accepté partout. Cette approche est à l’antipode de celle adoptée par Boni Yayi entre 2005 et 2006 et qui consistait à beaucoup travailler pour contrôler le Sud avant de s’attaquer au Nord. Mais sait-on jamais, peut être qu’il était conscient lui, que le Nord lui était acquis depuis. Dans la même période, Houngbédji a fait dix jours de campagne sur les quatorze au Nord, et pourtant, ça n’a pas pris. A force de s’afficher comme le candidat d’une région du pays, Robert Gbian joue un peu sur la corde régionaliste. Une corde déjà trop raidie par le concept de la « baribarisation » en vogue actuellement dans le Nord. Est-ce là le meilleur sentier pour arriver à la Marina ?
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